Apparition d’un nouvel ovni dans le ciel politique marocain

Faut-il en rire ou en pleurer?

Mais un nouveau parti politique  a été créé au Maroc! Il viendra s’ajouter aux 33 autres existants! Le chiffre de 33 était prémonitoire : n’est-ce pas le chiffre que le médecin nous demande de prononcer plusieurs fois quand il pose son stéthoscope sur notre poitrine?

“33″ un vrai chiffre de malades!

33 partis pour 33 millions d’habitants pour aboutir à une participation d’environ 33% lors des dernières élections!

Pas besoin de lancer dans des comparaisons avec d’autres pays, il est impossible de trouver des critères de base communs pour étayer cet exercice. Mais il faut avouer que 33 partis politiques, en ces temps de disette idéologique mondiale, c’est “un peu beaucoup”!

N’empêche! !

Il fallait donc changer ce chiffre maléfique et pour ce faire l’un de nos grands politicologues Mohamed DARIF décide en toute simplicité de créer un nouveau parti!

L’idée semble-t-il trottait dans la tête de notre intellectuel depuis l’avènement de Mohamed VI?

Pourquoi avoir attendu?

Pourquoi surtout maintenant, alors que le dernier né des partis politiques nationaux, le Parti de l’Authenticité et de la Modernité, le fameux P.A.M.,  est l’objet des critiques de la classe politique : parti de l’ami du Roi, parti cocotte-minute comme au bon vieux temps de feu Basri et compagnie, parti ceci parti cela!

Alors qu’en est-il de ce Parti ou de cette Union des Néo-Démocrates, les deux termes figurant dans les médias, ce qui fait quand même un peu désordre!  Mais finalement ce serait le vocable “Parti” qui a été retenu.  Dont acte! Allons-y pour le P.D.N.

Pour moi, une première question se pose et s’impose : que sont les néo-démocrates?

Sont-ce des personnes qui sont devenues, soudain, démocrates? Je ne leur ferai pas cette injure! Mais alors pourquoi “Néo”!

Ce préfixe est porteur de relents pas très ragoutants : on parle de Néo-colonialisme, on a subi les affres de la politique U.S des Néo-conservateurs, en Europe on craint comme la peste la résurrection des Néo-nazis!

Même en Tunisie, le Néo-Destour n’a pas laissé de souvenirs très agréables puisqu’il a mené ce pays à la présidence à vie de Bourghiba et la suite que l’on connait.

Les seuls NEO-quelque chose que j’ai trouvé en cherchant bien sont les néo-démocrates (tien,s comme par hasard) canadiens : mais je crois avouer que leur idéologie m’a parue bien floue. Ils seraient, dans leur situation de parti de gauche,  opposés aux libéraux, au conservateurs et aux “bloquistes” (indépendantistes du Québec).

Pour revenir à nos néo-démocrates, nous ne savons pas grand chose d’eux!

«Peu d’idéologie, Plus d’efficience et d’efficacité» : le thème retenu pour le congrès constitutif de ce parti tenu au complexe international Moulay Rachid à Bouznika les 12 et 13 septembre 2014 prête pour le moins à sourire!

En effet, mes souvenirs de cours de sciences politiques me disent que pour qu’il y ait parti politique, il faut la réunion de citoyen(ne)s autour de d’une IDEOLOGIE commune!

Monsieur Darif et ses amis ne sont pas sans connaitre cette évidence : s’ils nous invitent  – personnellement je ne suis pas invité – à les rejoindre qu’ils nous proposent donc une idéologie! Or non, d’emblée ils tracent le fil directeur de leur projet : “PEU D’IDEOLOGIE”, euphémisme malheureux pour avouer la carence d’idéologie!

Et peut-être la carence de programme! Car “plus d’efficience et d’efficacité“ n’a jamais constitué un programme politique, économique et social!

Par ailleurs, l’objectif d’un parti est la conquête et l’exercice du POUVOIR : ambition légitime et respectable en soi!

Que Monsieur Darif et ses amis nous le disent franchement!

Que les cadres, les intellectuels, les acteurs associatifs, les personnes étrangères à la sphère politique mais attirées par ce monde mystérieux, les cadres des partis déjà existants relégués au rôle de figurants, les membres des professions libérales voulant explorer d’autres horizons, soient tentés par le pouvoir politique, ce ‘est que justice et légitimité citoyenne.

Mais qu’ils ne cachent pas derrière des slogans creux!

Nous voilà donc avec une nouvelle offre politique, aussi creuse, aussi vide et aussi vaine que les précédentes!

A moins que ce parti – ouvert à tous selon déclarations de son fondateur qui affirme  : “nous n’avons pas de lignes rouges. Nous sommes contre le fait de faire des distinctions entre les partis” – ne devienne le réceptacle de certaines mouvances qui existent déjà dans la société marocaine mais qui n’ont pas trouvé la ” voie ” idoine pour s’intégrer dans la vie politique nationale!

Nous avons déjà vécu ce genre d’expérience dont le Maroc n’a pas fini de payer le prix!