D’un côté, on a Emanuel (Kaya Scodelario – Effie de Skins), 17 ans, qui a perdu sa mère. De l’autre, Linda (Jessica Biel), une jeune mère qui vient de perdre son bébé. La première pense être à l’origine de la perte de sa mère et utilise le sarcasme comme mode de communication. A l’opposé, la seconde, un brin hippie, comble le vide laissé par son enfant avec une poupée qu’elle considère comme vivante. Rien d’étonnant à voir une connexion s’établir entre les deux femmes après leur rencontre, même si en partageant une peine infinie, un manque, elles demeurent très différentes.
Partant, à l’image de The Face of Love (vu aussi dans le cadre du Champs Elysées Film Festival) du thème du deuil, The Truth about Emanuel, se plonge en plus du côté de la maternité. La première partie du film est des plus intriguantse, sans trop en dévoiler sur le passé des personnages ou le dénouement, le drame se distille petit à petit sous nos yeux. Le spectateur se laisse prendre au jeu et demeure captivé par l’évolution de ces deux femmes. Le mysticisme et le symbolisme s’immisçant dans le récit apportent une note irréelle à celui-ci qui vient en fait renforcer l’aspect psychologique du film. Francesca Gregorini (la réalisatrice et scénariste) cherche à questionner, à surprendre, voire à déranger en nous entraînant sur les chemins tortueux de ces esprits égarés. Le tout est renforcé à grand coup d’effets sonores et visuels.
Si tous les choix de mise en scène présents dans The Truth about Emanuel fonctionnent, c’est avant tout parce qu’ils se reposent sur un casting impressionnant. Kaya Scodelario avait déjà prouvé avec sa prestation dans Skins qu’elle était une actrice talentueuse. Jessica Biel est bluffante dans le rôle de cette jeune femme schizophrène. Elles portent magnifiquement ce drame sur leurs frêles épaules. Elles sont prises dans le tourbillon de leur « folie », de leur mal-être, tout en vivant cela différemment : l’une étant égoïste sans s’en rendre compte, l’autre sacrifiant sa vie pour protéger la première.
Malheureusement pour ce film, progressivement, le récit tombe dans une certaine monotonie. Et même la prestation des actrices ou les quelques révélations venant le ponctuer ne suffisent à lui redonner du souffle. Le début promettait un récit avec plus de rebondissements et surtout à la conclusion moins convenue, bien qu’on y trouve une touche de poésie. Malgré ce petit défaut, on reste pris par le destin de ces deux femmes.
A noter aussi la très bonne B.O. aux consonances so frenchy (faisant écho à l’apprentissage du français par le personnage d’Emanuel) qui donne une pointe de fraîcheur au récit.