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Mommy - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

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J'ai vengé ma mère !

A seulement 25 ans, Xavier Dolan (J'ai tué ma mère, Laurence anyways, les amours imaginaires, Tom à la ferme) réalise son cinquième film, Mommy, prix du jury de Cannes 2014. Tourné à Montréal, Mommy met en scène un trio (Anne Dorval / Antoine-Olivier Pilon / Suzanne Clément) et leurs relations.
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Le(s) plus

Steve (Antoine-Olivier Pilon) est un adolescent TDAH (Trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité). Il est colérique, impulsif, violent, ne reste pas en place et a des problèmes de concentration et d'apprentissage (en quoi cela le rend différent d'un adolescent ordinaire, me direz-vous ? Ceci est un tout autre débat...).

Sorti d'un centre de rééducation, il retourne vivre avec sa mère, Diane (Anne Dorval) une femme au tempérament bien trempé, au look d'adolescente qui refuse de vieillir. Ils vont alors faire la connaissance de Kyla (Suzanne Clément), leur voisine, femme réservée et secrète, souffrant de bégaiement, qui deviendra leur amie.

Le casting est tout simplement époustouflant !
Antoine-Olivier Pilon capte la lumière, il est brillant, faisant apparaitre tantôt une fragilité d'adolescent qui se cherche et se confronte à « sa maladie » et ses conséquences, tantôt un côté plus sombre, effrayant d'imprévisibilité. Quant aux deux femmes, Anne Dorval et Suzanne Clément, elles sont impressionnantes et dégagent à la fois une force (celle de la mère, de la femme) et une émotion touchante, sans jamais tomber dans le larmoyant ! Si Dolan ressentait le besoin de tuer sa mère dans son premier film, avec Mommy, elle prend sa revanche.

Malgré la gravité des thèmes abordés (les relations mère-fils, la maladie mentale, le placement en institution...), c'est de l'espoir que délivre ce film. Les valeurs dépeintes sont l'amour, l'amitié, la liberté et l'espoir. Et plus qu'une simple intrigue, Xavier Dolan nous questionne sur la responsabilité des parents face à un enfant difficilement gérable, sur la société et sa manie d'étiqueter les individus (surtout lorsqu'ils sont « socialement inadaptés »), sur la liberté de nos choix en tant qu'être humain (avec le placement d'office en institution par exemple)... Et il nous transmet un véritable message humain, sans jugement de valeur.

Mommy-Photo-Anne-Dorval-Antoine-Olivier-Pilon-02La musique, personnage à part entière, sublime l'histoire avec ses airs so 90ies (Céline Dion, Oasis...).
Tout comme la photographie, aux couleurs de l'automne, saison de prédilection de Xavier Dolan. Saison qui évoque le deuil (soulignons d'ailleurs que le surnom de la mère est « Die » qui signifie mourir en anglais), celui du changement, les feuilles tombent des arbres pour mieux repousser au printemps. Le deuil d'un bonheur qui aura duré si peu, à peine le temps de savourer une balade à vélo, une danse qui vous met dans un état second, un repas copieux...
Enfin, la réalisation de Dolan ! Tourné au format 1 :1, qui forme un carré parfait, celui-là même utilisé pour les portraits en photographie, les effets introduits par le génie Dolan (utilisation de filtres, gros plans sur les visages, format de réalisation, ralentis, ou encore agrandissement du format comme pour sublimer ce moment magique de liberté et d'insouciance pendant une balade en vélo...) apportent un réel cachet.

Le(s) moins

Les quoi ?

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Conclusion

Emporté par un trio d'acteurs époustouflant, Mommy est un film subjuguant, bouleversant, profondément humain, qui touche viscéralement !
Il y a de la magie dans le cinéma de Dolan, de la beauté et de la magie !

Ma note: 10/10


Mommy

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Synopsis : "Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent TDAH impulsif et violent. Au coeur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de l’énigmatique voisine d’en face, Kyla. Tous les trois, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir."
Réalisé par: Xavier Dolan / Avec: Anne Dorval, Suzanne Clément, Antoine-Olivier Pilon / Genre: Drame / Nationalité: Canadien / Distributeur: MK2 / Diaphana Distribution
Durée: 2h18min / Date de sortie: 8 octobre 2014

Plus d'informations !

  • Les Anecdotes !

    Sélectionné en compétition pour le 67ème Festival de Cannes, du 14 au 25 mai 2014, Mommy est le premier film de Xavier Dolan a concourrir dans cette section. Le film a remporté, avec Adieu au langage de Jean-Luc Godard, le prix du jury.

    Après avoir testé le format 1:1 sur le clip "College Boy" d'Indochine en 2013, le réalisateur Xavier Dolan a voulu réitérer l'expérience de cette image verticale sous forme de quadrilatère à l'instar des pochettes d'albums : "Le quadrilatère qu'il constitue encadre les visages à la perfection, et représente à mes yeux l'idéal en terme de portrait ; aucune distraction ni affectations possibles : le sujet est indéniablement le personnage, au centre de l'image, toujours. Les yeux ne peuvent l'éviter."

    Au casting de Mommy, on retrouve notamment les actrices québécoises Anne Dorval et Suzanne Clément, devenues les véritables muses du jeune prodige. Les deux comédiennes débutent chez Dolan en 2009 dans J'ai tué ma mère et tandis que la première collabore à son deuxième long-métrage, Les Amours imaginaires, la seconde à la chevelure flamboyante ne retrouve le réalisateur que trois ans plus tard dans Laurence Anyways, film fleuve pour lequel elle remporte le Prix d'interprétation féminine dans la catégorie Un Certain Regard du Festival de Cannes 2012.

    Mommy marque la troisième collaboration entre Xavier Dolan et le jeune acteur Antoine-Olivier Pilon. Il fait d'abord une apparition dans Laurence Anyways en 2011 et devient surtout deux ans plus tard le "College Boy" du clip polémique d'Indochine que le cinéaste filme en format 1:1, en noir et blanc et dans lequel l'acteur joue une tête de turc mise à mal par le reste de sa classe dans l'indifférence générale. A seulement 16 ans, il est l'un des premiers rôles de Mommy, dans lequel il interprète Steve Després, un adolescent difficile qui vit seul avec sa mère.

    Si les films de Xavier Dolan sont toujours des expériences visuelles à part entière, les plages de musique utilisées par le cinéaste le sont tout autant. A chacune de ses réalisations, le réalisateur québécois se pose en véritable jukebox ambulant, mixant à son gré des tubes appartenant à la musique classique comme à la variété française. Dans Mommy, sa playlist se compose entre autres de Céline Dion, Oasis, Dido, Sarah McLachlan ou encore Andrea Bocelli : "Je pense que la musique fait avec chaque individu un invisible commerce visant à mettre sa propre histoire à contribution du film. Dido, Sarah McLachlan, Andrea Bocelli, Céline Dion ou Oasis ont tous un passé avec chaque cinéphile."

    S'il y a bien une figure qui obsède Xavier Dolan, c'est celle de la mère. Et au-delà de sa propre mère, c'est la figure maternelle dans son universalité qu'il aime analyser, décortiquer et explorer à l'infini : "C'est elle que je veux voir gagner la bataille, elle à qui je veux écrire des problèmes pour qu'elle ait toute la gloire de les régler, elle à travers qui je me pose des questions, elle qui criera quand nous nous taisons, qui aura raison quand nous avons tort, c'est elle, quoi qu'on fasse, qui aura le dernier mot, dans ma vie." Le cinéaste rapproche d'ailleurs Mommy de son premier film, J'ai tué ma mère : "À l'époque de "J'ai tué ma mère", j'avais voulu, je pense, punir ma mère. Seulement cinq ans ont passé depuis, mais je crois bien qu'aujourd'hui, à travers "Mommy", j'essaie maintenant de la venger. Allez comprendre."

    Pour son sixième long-métrage, Xavier Dolan confie avoir voulu retourner à la simplicité des sentiments ressentis par ses personnages et amener ses acteurs dans une toute autre voix que lors de ses précédents films : "Cette fois-ci, j'espérais diriger l'ensemble de la distribution vers une direction moins "latine", moins exacerbée que dans Laurence Anyways, moins cérébrale que dans Les Amours imaginaires. (...) Ils ne sont pas théâtraux, ni ne se donnent en spectacle. Mais ils sont des êtres hauts en couleurs qui s'expriment de manière cohérente avec leur milieu et leur histoire."

Et vous qu'avez-vous pensé du film Mommy ?

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