Le billet de JPROCK :
Un concert Live Nation
L’annonce a ravi les fans, The Libertines reprennent du service après quasi dix ans d’absence.
Londres, 1997, Peter Doherty et Carl Barât forment the Libertines.
Le succès est rapidement au rendez-vous avec deux albums jouissifs « Up the Bracket » et « The Libertines » et ce malgré les problèmes de drogue de Peter évincé du groupe pour une tournée, puis
réintégré après réconciliation avec son pote Carl Barât.
Le combo se sépare en 2004 et chacun continue son parcours avant de se reformer en 2014 avec tournée à la clef et nouvel album en vue.
Et on ne peut que s’en réjouir…
Il est 19h15 lorsque le Forest Club accueille Deers un combo de gamines qui évoque
parfois les Slits genre je joue mal, je chante (aussi mal) mais je m’éclate dans un mode rock basique et sulfureux.
Ces gamines ne changeront rien à l’histoire du rock mais au moins elles s’amusent et nous on se marre.
C’est l’essentiel.
Place ensuite à Cuckoolander , sa bassiste sexy , ses riffs de guitare et
son pop-rock londonien sympathique et sulfureux.
Et un bon single annonciateur « Dumb Dee Diddy Dumb ».
Sympa !
Mais c’est The Libertines qu’attendent avec impatience les 3.500 spectateurs présents, ce soir, dans la salle forestoise.
Et les héros savent se faire désirer .
Sur le coup de 21h les lumières s’éteignent et un long film de dix minutes projeté sur l’écran géant nous évoque le parcours des quatre sbires.
Et dix minutes c’est long lorsqu’on attend avec impatience.
On se met à rêver, et on les imagine un instant avec jubilation un peu perdus et se faufilant dans les coulisses cherchant en vain l’accès à la scène tels les héros étourdis de Spinal Tap.
Pete Doherty, Carl Barât, John Hassell et Gary Powell balancent « The Delaney » en ouverture et tant pis si de temps à autre ça coince et qu’une guitare semble désaccordée, l’instant d’après le band retombe sur ses pattes avec brio.
Tantôt punk, tantôt pop, le groupe est dans l’urgence et la férocité et surfe entre nonchalance et énergie se posant comme une sorte de révélateur ultime qui nous fait voir leurs concurrents comme de gentils enfants de choeur inoffensifs.
« Campaign of Hate » « Vertigo « , « Time for Heroes » , » Horrorshow « « Begging » , « The Ha Ha Wall »,» Music When the Lights Go Out » et « What Katie Did » sont jetés en pâture à un public survitaminé.
The Libertines savent y faire, et avec eux parfum de scandale et gros bordel ne sont jamais loin. Le rock quoi, le vrai qui nous fait bander, pas ces ersatz aseptisés qu’on nous sert à la pelle sur les radios pseudo-branchées !
Avec son look de dandy déguingandé chapeauté et décadent Pete Doherty partage le chant avec Carl " rockstar " Barât et lorsque ces deux là se trouvent réunis autour du même pied de micro à éructer comme deux beaux diables on se prend une grosse baffe dans la tronche. Car malgré des imperfections (on n’attend d’ailleurs pas d’eux qu’ils soient parfaits ) le band atteint des moments de grâce comme ce « The Ballad of Grimaldi » chanté en solo par un Barât en grande forme.
Et les titres s‘enchaînent : » The Boy Looked at Johnny » , « Boys in the Band » , « Can't Stand Me Now » , « Last Post on the Bugle », puis c’est au tour de Pete de piocher dans le répertoire des Babyshambles avec « Fuck Forever « livré en solo .
Le public jubile et lorsque « Tell the King » et « The Good Ald Days » annoncent la fin du set il en veut plus.
Les quatre hommes se repointent sur scène pour le rappel et c’est le calme et classieux John Hassel qui s’empare d’une guitare acoustique et nous propose un très beau » Never lose your sense of wonder » bourré d’émotion.
Puis c'est la cavalcade finale avec « What Became of the Likely Lads » et lorsque le groupe reprend les riffs du Psycho Killer de Talking Heads pendant « Up The Bracket « le public chante en choeur fa fa fa fa fa, fa fa fa fa fa comme si la machine à remonter le temps nous avait retransporté soudain en 1977.
Pete se lâche et balance plusieurs fois son pied de micro à terre au grand dam d’un roadie qui ne sait plus trop ce qu’il doit faire.
Carl, lui aussi est déchané et« What a Waster » et « I Get Along « clôturent définitivement le show.
Remerciements, sourires et petits saluts à une foule conquise, les Libertines prennent congé et regagnent les coulisses.
Rien à foutre que ces quatre là se soient réunis pour le fric ou pour tout autre motivation obscure, on tient là sans doute un des derniers groupes cultes à avoir tout compris, de l’attitude à la musique, et qui nous balance un rock AOC pur jus simplement génial.
Et le reste on s’en tape !!!
Texte et photos : Jean-Pierre Vanderlinden aka JPROCK.
Setlist :
The Delaney
Campaign of Hate
Vertigo
Time for Heroes
Horrorshow
Begging
The Ha Ha Wall
Music When the Lights Go Out
What Katie Did
The Ballad Of Grimaldi
(Carl solo)
The Boy Looked at Johnny
Boys in the Band
Can't Stand Me Now
Last Post on the Bugle
Fuck Forever
(Babyshambles cover)
The Saga
Death on the Stairs
Don't Look Back Into the Sun
Tell the King
The Good Old Days
Encore:
Never Lose Your Sense Of Wonder
(Yeti cover)
What Became of the Likely Lads
Up the Bracket
(Talking Heads 'Psycho Killer' outro)
What a Waster
I Get Along