Nouvelle Revue de DVD en ce début d'octobre en nous interessant de plus près sur le cinéma français d'auteur qui peut parfois proposer des projets plus originaux et formellement plus aboutis que la moyenne des sorties.
1. Deux automnes, trois hivers
" Deux automnes 3 hivers "est un film français précédé d'une flateuse réputation, mais qui est sorti en salles en toute fin d 'année et que je n'ai donc pu voir avant sa sortie DVD début septembre chez UFO édition.Je subordorais que le film allait me séduire, vu les thèmes évoqués, masi en même temps je craignais un peu qu'il soit trop proche de deux autres films français avec lequel on l'a rapproché, car émanant d'une jeune nouvelle vague française faisant des films sur trentenaires parisiens névrosés en mal d'amour, en mal de vie, en mal d'avenir....
avec deux bouts de chandelle et le même acteur, Vincent Macaigne en acteur principal, et ces deux films en question, la fille du 14 juillet et la bataille de Solférino m'avaient laissé ( surtout pour le premier) assez dubitatif.
Heureusement il n'en est rien pour ce troisième film de Sébastien Betbeder dont la vision a été pour moi un véritable enchantement. Voilà une oeuvre singulière, très inventive, avec pas mal d'audaces formelles comme le chapitrage ou des monologues face caméra qui pourraient virer au ridicule, mais qui au contraire, rendent cette histoire de trentenaires parisiens vaguement bobos en mal d'amour et de futur particulièrement jubilatoire. On aime notamment énormément cette idée de faire commenter aux protagonistes principaux les situations que l'on voit sur l'écran, avec un peu de recul et de nous livrer leurs impressions, leurs appréciations, leurs réflexions sur les événements passés ou les événements en cours.
On se croirait assez souvent dans des chansons ( ou des pièces) de Vincent Delerm, dont l'univers est très proche, entre un name dropping qui tend à l'universalité ( Une chanson de Michel Delpech de Georges Moustaki , les clins d'oeil au cinéma de Jacques Demy, de Judd Apatow, d'Eric Rohmer, la visite de l'exposition "Munch" au Centre Pompidou,entre ces petits moments de la vie qui semblent rien sur le papier mais qui en fait peuvent totalement faire basculer une vie ou une relation et une évocation des thèmes graves (la maladie, la mort, l'avortement) mais traités avec une vraie délicatesse et une vraie tendresse.
Bref, voilà un film qui mêle finement la drôlerie, l'émotion et la poésie pour un film irrésistiblement séduisant qui à coup sur faisait partie des meilleurs films français de l'an passé.
2 AUTOMNES 3 HIVERS - Bande Annonce
2. Une histoire banale
Sortie le 7 octobre en DVD ET VOD chez Damned editions d'Une histoire banale, le troisième long métrage d'Audrey Estrougo qui a notamment tourné « Toi, moi, les autres », une jolie comédie musicale avec Leïla Bekhti et Benjamin Siskou, et qui a eu toutes les peines du monde à financer son troisième long, dont le sujet a visiblement fait peur à tous les financeurs éventuels.Il faut dire que le sujet a effectivement de quoi faire peur aux producteurs qui cherchent tous avant tout la nouvelle poule aux oeufs d'or du cinéma français, bref un sujet qui fait fonctionner les zygomatiques en premier lieu. Et force est de constater que tenter de réaliser un film autour des conséquences psychologiques d'une victime de viol a de quoi effrayer n'importe lequel de ces producteurs et investisseurs potentiels.L'important pour la cinéaste était plutot de s'attarder sur les conséquences morales d'un tel crime, comment une jeune femme qui avait confiance en elle, bien dans sa peau et sa sexualité peut, du jour au lendemain, basculer dans le mutisme et l'automutilation tant elle a été brisée par cette terrible tragédie.
La seconde partie du film, pratiquement un huis clos à un seul personnage, nous montre parfaitement à quel point son rapport aux hommes et à la vie s'est désagrégé du jour au lendemain, suite à cette tragédie. Cette seconde partie permet de nous montrer l'exceptionnelle prestation de Marie Denarnaud (que j'avais adoré dans Les Corps impatients » ou les adoptés de Mélanie Laurent), plus que convaincante en fille en pleine descente affective et sociale, qui tentera de se raccrocher à une illusoire mais nécessaire bouée de survie.
Une histoire banale est un portrait intime captivant et original largement réhaussé par la performance de son interprète principale et qui surtout échappe au côté simpliste et didactique, très "Dossiers de L'écran "dans lequel le film aurait pu tomber, vu le sujet en question. La preuve que même avec un budget dérisoire et plein de batons dans les roues, Audrey Estrougo avait tout à fait raison de s'accrocher autant à son projet.
Et les bonus du DVD, qui comportent des itws passionantes de tous les protagonistes de l'histoire ne cessent de revenir sur l'importance de l'existence de ce film.
Bande-annonce : Une Histoire Banale - VF
3. Eastern Boys
Voici un des rares films qu'on avait chroniqué ici non pas par moi mais pas Michel ( généralement plus à l'ise avec les chroniques livres) car je n'avais pas réussi à le voir en salles. Il faut dire que sur Lyon, notamment, il avait été fort mal distrbué.Sa prochaine sortie DVD, le 21 octobre prochain chez Luminor, est donc une très belle occasion de faire comme j'ai pu le faire la semaine passée: rattraper ce qui constitue sans doute un des plus beaux films français de 2014.
Si avec Michel on n'est pas toujours d'accord sur nos gouts cinématographiques, là je cautionne à 100% son avis de l'époque. Il y a en effet plusieurs films dans ce formidable « Eastern Boys » : un documentaire sur les bandes de jeunes qui errent dans la gare du Nord jouant au chat et à la souris avec la police ferroviaire et les agents de sécurité, un cauchemar éveillé digne d’Orange mécanique lorsque la horde de ces garçons de l’Est envahissent et pillent l’appartement de Daniel, un film d’amour où l’homme mur revenu de tout va prendre conscience de la vacuité de son existence, et un thriller, où l'on verra Daniel, en pleine rédemption, rentrer dans la fosse au lion pour sauver Marek.
Il y a surtout un vrai grand film politique ambitieux, sur les rapports entre ceux qui possèdent et ceux qui rêvent de posséder, sur les dominants et les dominés et les rôles qui parfois s’inversent. Peut- on vivre sans avoir conscience de ces actes?
Pour le mâle occidental autocentré, le sexe tarifé n’est pas un problème. Marek devient pour Daniel un révélateur, en le regardant comme un être humain qui souffre Daniel va pouvoir se regarder enfin lui-même, comme un être humain.
Acteurs épatants, notamment cet Olivier Rabourdin- vu dans des Hommes et des dieux, dont le jeu atone s’accorde magnifiquement avec la partition qu’il joue en virtuose, Kirill Emelyanov bel ange qui rappelle Terence Stamp dans « Théorème » de Pasolini et surtout le Boss de ces enfants perdus :Danil Vorobyev qui fait presque oublier tous les « très » méchants que l’on a vu à l’écran".
Bref, cet « Eastern Boys » est un opéra envoutant, lyrique, politique et philosophique.
Bref un très bel exemple qui montre que le cinéma Français peut avoir du souffle et de l'audace et une très belle édition DVD avec des bonus interessants notamment un commentaire par le cinéaste d'une des scènes clés du film, celle de l'intrusion dans l'appartement, ainsi que des essais filmés des deux comédiens russes.
EASTERN BOYS