1/ ABK : votre carrière est étonnante : comment saute-t-on le pas du journalisme "Culture/Luxe/Mode" à la Création artistique proprement dite ?
J’ai beaucoup aimé couvrir la culture et la mode pendant plus d’une décennie. Cela s’inscrivait dans une certaine logique car j’ai fait mon premier stage à 15 ans au cœur de la maison Hermès qui allie les trois notions que vous évoquez. J’aimais aussi énormément « l’enfant terrible » de la mode, a.k.a Jean-Paul Gaultier, et je m’initiais à l’art contemporain par plaisir. Finalement, que j’écrive sur l’art et la mode et que je finisse par créer peut être perçu comme la continuité d’un goût cultivé depuis que je suis en âge d’en avoir. En outre, déjà à l’époque où je travaillais dans le médias, j’avais bousculé les limites du métier en sautant le pas de l’écriture à la photo. J’illustrais mes propres reportages et parfois même celui d’autres journalistes. Ma première exposition était sur Tokyo en 2005. C’était de la photo argentique…
2/ Vous êtes une artiste profondément engagée : pourriez-vous nous apporter un éclairage sur la nature de l’engagement véhiculé dans vos œuvres ?
Je conçois l’art comme un prolongement de ce que l’on est. Je suis d’un naturel qu’on pourrait qualifier d’humaniste, il me semble donc logique et spontané de percevoir cela dans ce que je produis, même si ce n’est pas systématique. Cela dit, j’aime aussi la dimension ludique et décalée de mon travail. J’ai besoin de me surprendre moi-même à travers ma recherche plastique. Les toiles que je produis n’ont pas nécessairement un message politique mais elles portent souvent, je l’espère, quelque chose d’authentique et de joyeux. Par le prisme de l’art on peut vraiment exprimer librement les différentes facettes de l’âme humaine.
3/ Quelle est votre définition de la création artistique contemporaine ? Dans ce contexte, où vous inscrivez-vous dans ce foisonnement artistique contemporain ?
Définir cela m’est impossible en quelques lignes… je peux juste proposer des pistes me concernant. Je pense que je vois l’art comme la plupart des gens perçoivent la musique. Peut-être parce que les formes et les couleurs peuvent produire des sons, peut-être aussi parce que peindre et exposer est pour moi comme composer et entrer en scène. Et je veux être Mick Jagger ! (rires) Côté formel, je suis très « pop » et « street art ». Et encore une fois, je me sens proche de la musique puisque j’ai créé une série où je remixe l’art. Mes influences sont asiatiques et américaines. Quant à mes lettrages, je vais vraiment chercher des choses que je n’ai pas encore vues, même si parfois les classiques ressurgissent, ce que je veux c’est me surprendre à inventer quelque chose que je n’ai pas encore vu. Ayant été parmi les premiers journalistes à couvrir le graffiti en France pour des supports généralistes bien avant la vague Tag au Grand Palais, j’en ai vus passer un paquet. Pour moi c’est l’un des courants majeurs de l’art contemporain même s’il n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur. Mais l’histoire ne ment pas, les peintures et empreintes sur les murs de la grotte de Lascaux remontent à des milliers d’années…
Zebrasquare
http://www.zebrasquare.com/
Exposition ABK à la galerie d’art de l’hôtel Square Paris *****/ Zebra Square, place Clément Ader, 75016 Paris a lieu jusqu’au 30/10.
Welcome tous les jours de 9h à 22h !