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Réforme des rythmes scolaires à Lyon : parlons-en

Publié le 06 octobre 2014 par Etsinonrien
Réforme des rythmes scolaires à Lyon : parlons-enVoilà un mois que la rentrée a eu lieu et que la réforme des rythmes scolaires a été mise en place, tant bien que mal, dans une grande majorité des communes.A Lyon, la mairie, qui a opté pour l'école le mercredi matin, n'a pas souhaité raccourcir les journées mais a préféré libérer les enfants le vendredi après-midi, en proposant à ceux qui ne peuvent pas rester à la maison des temps d'activités périscolaires.Fondamentalement, je n'ai rien contre cette réforme, je suis d'accord sur le principe de concentrer les cours sur les matinées et de privilégier les activités sportives et culturelles l'après-midi.Mais en pratique, je dois avouer que cette réforme me retourne littéralement le bide.Pour rappel, je suis l'heureuse maman de Chacha, mon p'tit gars, 8 ans et scolarisé en CE2. J'ai également une grande fille, Lolotte, 12 ans, scolarisée en 5ème. Précision qui me semble importante car, il y a 7 ou 8 ans, lorsque Lolotte était en maternelle, on nous avait déjà bassiné avec la réforme des rythmes scolaires, en nous serinant qu'il fallait IMPERATIVEMENT que les enfants ne soient scolarisés que 4 JOURS, obligeant ainsi les écoles publiques à abandonner leur matinée du mercredi ou du samedi.8 ans après, machine arrière, on nous sort tout et son contraire. Globalement, j'ai un peu l'impression que mes enfants servent de cobayes à non pas un mais des gouvernements à la dérive, à des politiciens véreux qui ne savent plus quoi inventer pour se disputer un centimètre carré de pouvoir.Pour en revenir à la réforme 2014, je voulais partager avec vous mon expérience personnelle. Autre petit rappel : je vis dans un quartier plutôt tranquille, classe sociale moyenne basse, comprendre par là que je raque pour tout et que je n'ai droit à rien (mais je ne m'en plains pas spécialement). En somme, une bobo mais sans le porte-monnaie qui va avec (oui, parce qu'en plus, je suis ce que l'on appelle communément une "intellectuelle de gauche", je cumule les tares).Donc, Chacha a désormais école le mercredi matin et a son vendredi après-midi de libre. Comme je ne travaille que 4 jours par semaine, j'ai tenté de négocier avec mon chef mes mercredis et vendredis après-midi pour pouvoir être avec Chacha, mais il a refusé de fractionner mon temps partiel : c'était soit le mercredi, soit le vendredi. Wokay. J'ai donc pris mon mercredi et Chacha va aux TAP le vendredi aprem. A côté de cela, il a toujours eu 2 activités extra-scolaires, l'une artistique, l'autre sportive. Il aime les pratiquer, je considère qu'elles sont importantes pour son développement et je ne souhaite pas l'en priver. Eh oui, mais voilà : avant il avait toute la journée du mercredi pour se reposer et s'adonner à ses loisirs. Là, ça devient un peu plus compliqué. La musique, c'est maintenant deux soirs par semaine, dont le jeudi où il arrive à la maison à... 20h !Et pour le sport ? Eh bien on a laissé tomber. Je lui ai proposé d'en faire le vendredi aprem, pendant les TAP à l'école. Sauf que lui, il veut faire de la danse. Et qu'on nous a bien vendu du rêve à la ville de Lyon, en nous promettant des super activités les vendredis aprem. Mais où sont les intervenants qualifiés ? Les associations de quartier qui n'ont pas été sollicitées, contrairement à ce que l'on nous fait croire ? Au lieu de cela, nos enfants ont droit à des animateurs qui ont à peine le BAFA en poche (on a recruté en masse cet été, à la Ville de Lyon, 1500 animateurs, autant vous dire qu'il y a de tout et pas forcément le haut du panier). Résultat des courses : Chacha fait des poule-renard-vipère pendant 3 heures pendant les TAP. Ah ça, pour courir, il court, vive le sport, il ne fait d'ailleurs que ça pendant 3 heures entières, après une semaine d'école. Et en plus, je paye pour ça. Je le récupère épuisé, en sueur et je peux vous dire que les vendredis soirs sont hauts en couleur avec mon fils transformé en boule de nerfs. Pour la danse, on repassera. En fait, ce n'est pas compliqué, nous les parents, avec les TAP mis en place par la ville de Lyon, nous ne sommes au courant de rien, nous ne pouvons pas participer au choix des activités, nous ne savons pas comment cela fonctionne. Nous subissons un système qui nous prend en otage, qui ne nous rend pas de comptes et que nous finançons allègrement.J'ai bien tenté de rencontrer le directeur du centre de loisirs, histoire d'échanger un peu avec lui sur cette organisation et surtout parce que dans la vie, le dialogue permet quand même de faire avancer les choses, mais il refuse de communiquer autrement que par mail.J'ai bien tenté d'en parler avec les parents élus, mais si tout le monde semble d'accord pour dire que ça ne va pas, personne ne semble prêt à bouger.Mon ressenti global est que la dialogue est rompu, que plus personne n'accepte de discuter des choses, que plus personne n'a envie de trouver des compromis qui puissent satisfaire tout le monde. Les bobos de l'école qui "ont le porte-monnaie qui va avec" ont inscrit leurs enfants aux TAP, mais ont d'autres solutions de garde le vendredi. Et ils payent, plein pot, malgré tout. C'est forcément donner raison aux décideurs qui ne voient que l'aspect financier des choses, mais ce sont les plus modestes qui en patissent. Comble du comble qui, je pense, finit de m'achever et me donne parfois une furieuse envie de ne plus accomplir mon devoir de citoyenne : si la réforme des rythmes scolaires a été pensée pour le bien des enfants, de tous les enfants, s'entend, qui peut m'expliquer POURQUOI LES ENFANTS SCOLARISES DANS LE PRIVE NE TRAVAILLENT QUE 4 JOURS PAR SEMAINE ? Pourquoi ne peuvent-ils pas bénéficier de cette magnifique loi ? Où sont scolarisés les enfants de Mme Najet Vallaud-Belkacem ? Ceux de Gérard Collomb ?Mesdames et messieurs les énarques, vous auriez envie de nous prendre pour des cons que vous ne vous y prendriez pas autrement. Mais je commence à croire que vous avez finalement raison de nous enfler, quand je vois la mollesse et l'individualisme des compatriotes qui m'entourent, j'ai peur pour l'avenir, pour celui de mes enfants, mais je ne peux m'empêcher de penser que nous n'avons que ce que nous méritons. 

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