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Mommy de Xavier Dolan

Publié le 07 octobre 2014 par Emidreamsup @Emidreamsup

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Tabernacle, il aura fallu patienter jusqu’au 8ème jour de la compétition pour enfin clamer haut et fort qu’on a vu notre Palme d’Or. Celle-ci s’incarne avec le dernier bijou du québécois, Xavier Dolan, Mommy. Ayant fait ses débuts Cannois, il y a 4 ans avec l’excellent J’ai tué ma mère, il est depuis un fidèle du Festival. Cependant, avec Mommy, il fait ses débuts en sélection officielle. Et quels débuts !

Contrairement à J’ai tué ma mère où il faisait vivre l’enfer à sa génitrice, dans Mommy, Dolan décide de lui rendre hommage. La maman de ce film est incarnée par la merveilleuse et pétillante Anne Dorval. La femme qu’elle incarne a construit sa vie autour de son fils Steve (Antoine Olivier Pilon – incroyable nouveau talent), un ado atteint de troubles émotionnels graves le poussant à être très violent en moment de crise. Malgré ce handicap, les deux ont une relation fusionnelle et parfois dangereuse, surtout depuis que le père est décédé. Ils vivent l’un pour l’autre, à l’exception de leur voisine, qui intègre leur petite bulle pour former un drôle de trio. Cette voisine, c’est l’incroyable Suzanne Clément, institutrice en congé sabbatique, qui n’arrive plus à parler depuis ce qu’on devine être la perte de son propre fils. Dans leur mal-être, leur handicap, leur isolement, ils se reconnaissent, se comprennent et s’acceptent. Le film va alors déborder de moments plus émouvants les uns que les autres mettant cette interaction en lumière. Que ce soit la scène où ils réhabilitent Céline Dion en dansant et chantant sur ses chansons, ou les montages de tous les moments de vie qu’ils décident de partager, on est happé et notre cœur bat à l’unisson de ce trio.

Outre la magie de son casting, Xavier Dolan prouve encore une fois, du haut de ses 25 ans, qu’il est le cinéaste le plus prometteur et brillant de sa génération. Il enveloppe ses personnages dans un cadre carré pendant une bonne partie du film. Soulignant ainsi leur enfermement, le fait qu’ils sont prisonniers de leur vie plutôt que de la vivre réellement. Jusqu’à ce plan magnifique et plein de poésie : Die (Dorval) et Kyla (Clément) suivent sur leurs vélos Steve qui est sur son longboard. Le sourire aux lèvres et riant en cœur. Et là, on ne vous en dit pas plus. Seulement, qu’ils sont libres et heureux, du moins pendant quelques instants. C’est beau et intelligemment mené. Si ce n’est pas déjà le cas, c’est le moment précis où l’on tombe définitivement en amour de ce film et où l’on retient son souffle et ses premières larmes.

Xavier Dolan montre plan par plan et dialogue par dialogue sa maîtrise du cinéma comme art intégral. Comment ne pas saluer un tel talent quand celui qui le possède n’a pas encore 30 ans et continue ses études en parallèle de sa carrière. Tout n’est que beauté et sentiment. On s’envole avec ses personnages, on veut danser, courir, rire et pleurer avec eux, même si à la fin la réalité nous revient comme un boomerang en pleine face au risque de blesser.

Mommy est bouleversant tant par le génie qui en émane, que par la beauté sans commune mesure qui s’en échappe. Avant, on aimait Xavier Dolan. A présent, cet amour se transforme en passion. Chapeau bas !

PUBLIE PREALABLMENT SUR ENVRAK.FR

Ce film a obtenu le Prix du Jury lors du 67ème Festival de Cannes


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