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Mommy, de Xavier Dolan

Par Bullesdeculture @bullesdeculture

Habitué des sélections parallèles, notamment avec Les amours imaginaires (2010) ou encore Laurence Anyway (2012), le jeune réalisateur Xavier Dolan a bouleversé le Festival de Cannes et son Jury (Prix du Jury ex-aequo) avec son film Mommy.


Dans un futur très proche, le gouvernement canadien a décidé de réformer la politique de santé. Pour ce faire, il fait passer une loi qui permet aux parents d’enfants déments d’interner librement leurs progénitures dans un hôpital. Diane (Anne Dorval) est une mère pleine d’espoir qui refuse de laisser dans un de ses centres son fils Steve (Antoine-Olivier Pilon), atteint de troubles de la personnalité. Pour ce faire, elle doit sacrifier une partie de sa vie, autant professionnelle qu’intime, en le gardant chez elle. Sa voisine, Kyla (Suzanne Clément), jeune femme fragile et bègue, va venir aider Diane dans l’éducation de Steve. Tous les trois vont former un duo soudé.


Rarement un film n’aura autant ému depuis ces dernières années cannoises. Xavier Dolan est devenu un maestro qui sait aussi bien élaborer un scénario parfait que l’adapter à l’écran et le monter. Beaucoup de scènes sont spectaculaires tant elles réussissent à faire passer une empathie sidérante. On retient notamment le flash-sideway dans lequel Steve grandit comme une personne saine, sans aucune pathologie psychiatrique. On le voit diplômé, marié, avec des enfants… Cette scène démente de pur bonheur ressemble à un contrepied marqué au final tragique de Requiem for a dream de Darren Aronofsky (2000).


De plus, l’œuvre de Dolan est truffée de référence musicale, parfois kitch, dont il se sert pour construire son récit. Céline Dion deviendra sans aucun doute le hit de la semaine grâce à cette puissante scène montrant une soirée d’euphorie du trio, témoin des liens solides entre eux. À l’opposé, les silences sont sources de stress et d’inquiétudes. Ils sont autant de remise en cause de ces périodes de joies.


S’affranchissant des contraintes, l’image à l’écran est réduite de moitié pendant la majeure partie du visionnage. Le réalisateur utilise cette astuce pour amener une surprise bien préparée. Les dialogues sont percutants. Anne Dorval ne cesse de jouer avec nos zygomatiques et nos larmes. Elle est à la fois touchante et désopilante. Antoine-Olivier Pilon est également une très belle découverte. Garçon au visage sobre et tranquille, il sait sortir de ses gonds pour rappeler ses souffrances intérieures.


J’avais prévu de faire court mais l’emballement de l’écriture a été trop fort sur ce film. Le Prix du Jury cannois (ex-aequo avec Adieu au langage de Jean-Luc Godard), présidé par Jane Campion cette année, n'en est que plus mérité.


Antoine Corte

En savoir plus :
- la bulle cannoise d'Antoine Corte sur le film : #CANNES2014, #BullesIN/#BullesOFF #07 - Y a de la joie !
- site officiel du distributeur : http://diaphana.fr/film/mommy  


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