Comme vous l’avez compris depuis quelques semaines, Wednes’date c’est un "bric à brac" de choses que j’ai envie de partager. Mais aujourd’hui c’est un Wednes’date un peu spécial que je vous propose. Je me suis d’ailleurs demandée jusqu’au dernier moment si j’allais oser publier cet article ou si j’allais le modifier pour proposer quelque chose de moins personnel.
Mais il y a des fois dans la vie où il faut se jeter à l’eau. Cet article en fait partie. Et même si je tremble à l’idée de vous dévoiler ce texte que j’ai écrit, je crois que l’envie de le partager est la plus forte.
Bonne lecture.
JULIETTE
Juliette a 22 ans. Brune. De grands yeux verts. Elle a toujours le sourire aux lèvres malgré les épreuves. Mais elle sait que la vie est pleine d’obstacles. Alors elle préfère sourire.
Il est 7h. Le réveil vient de sonner. Juliette a ouvert les yeux dès la première sonnerie. Ce matin elle n’a pas envie de trainer sous la couette, de se rendormir. Un sentiment qu’elle n’avait pas eu depuis longtemps.
Un sourire sur les lèvres, elle prend le temps de se remémorer la soirée de la veille. Un verre partagé en terrasse entourée de ses amis. Les histoires. Les rires. Le regard de Ludovic. Elle a aimé cette soirée.
7h12. Elle se lève. Elle prend un petit déjeuner, en écoutant la radio, ce qui ne lui est pas arrivé depuis des mois. Un mug. De l’eau chaude. Un thé. Quelques gâteaux au chocolat. Une pomme. Un verre de jus d’orange. Juliette est prête à affronter cette journée.
7h38. De retour dans sa chambre, Juliette choisit avec soin les vêtements qu’elle portera aujourd’hui. Son jean fétiche. Le tee-shirt offert par sa meilleure amie l’an dernier. Le pull rose qu’elle porte comme un talisman. Quelques bijoux bien assortis. Elle a besoin de couleur aujourd’hui. Et tant pis si ses collègues la taquinent sur le trop plein de rose qu’elle porte.
25 minutes plus tard, Juliette est prête. Habillée, maquillée, coiffée. Elle a également opté pour le sac à main rose aujourd’hui. On la regardera bizarrement dans le métro mais elle s’en fiche. Elle sourit. Elle prend son manteau et sort de l’appartement.
Alors qu’elle descend les 6 étages de son immeuble, son portable sonne. C’est un message d’Émilie, sa meilleure amie. « Je pense à toi. Bonne journée ». Elle lui répond, la remercie et lui promet de l’appeler ce soir.
8h16. Elle sort de l’immeuble. Elle est en avance. C’est utile de ne pas trainer au lit finalement !
Elle s’aperçoit que le temps s’est rafraichi par rapport à la veille. Et c’est avec un sourire bienveillant et un « bon courage » qu’elle tend une pièce à l’homme qu’elle n’avait jusqu’alors jamais remarqué. D’un regard elle voit ses couvertures, de multiples sacs. Elle s’en veut de ne pas pouvoir l’aider d’avantage.
Quelques mètres plus loin, elle va pour s’engouffrer dans le métro. Un jeune lui tend un journal gratuit. Elle l’attrape, lui sourit et lui souhaite une bonne journée.
Oui, elle en est sûre. La journée sera belle.
Elle arrive sur le quai en même temps que le métro. Elle monte et trouve une place assise. Elle sourit. Lors de sa correspondance, le métro est à quai comme s’il l’avait attendu pour partir. Tout s’enchaine. Elle le sait, elle le sent, ce sont des signes. Tout va bien. Tout ira bien.
8h39. Elle n’est jamais arrivée au travail si tôt. Alors sans perdre une minute, elle allume son ordinateur, consulte ses emails, les messages sur le répondeur et jette un coup d’œil sur des documents qu’on a déposé sur son bureau. Malgré les évènements, elle se concentre, enchaine les réunions, avance sur ses projets, s’octroie une pause café, répond sereinement aux mails et appels qu’elle reçoit. Elle déjeune rapidement, puis reprend son rythme, elle propose son aide à un de ses collègues en galère, gère des urgences. Mais rien ne lui enlève son sourire. La journée passe vite. Bien plus qu’elle n’aurait imaginé. Encore un signe !
16h35. Elle éteint son ordinateur avec 10 minutes de retard et va saluer son boss, sans oublier de lui déposer un courrier qu’il doit signer. Il est dans son bureau. Lorsqu’il l’aperçoit, il se souvient. Il récupère le document, lui souhaite une bonne fin de journée et d’un regard plein de courage lui assure que tout ira bien. Un sourire aux lèvres elle quitte son bureau et rejoint le métro.
Quand elle en descend à la station Chevaleret, il est 16h50. Elle ne sera pas en retard.
Elle se dirige vers La Pitié Salpêtrière. Elle sait parfaitement où aller pourtant elle prend le temps de se souvenir de sa première visite. Perdue au milieux de ces allées, de ces couloirs. Aujourd’hui c’est confiante qu’elle se dirige.
Mais soudain elle s’arrête.
Elle les aperçoit. Ils sont tous là. Détendus. Confiants. Heureux. Elle prend le temps de les regarder un par un. Son regard s’arrête alors sur Elle. Toujours aussi belle. Aussi forte. Ses yeux brillent. Elle sourit aussi.
Alors Juliette s’approche.
Lorsqu’il la voit, un grand sourire se dessine sur le visage de son frère. Il lui dit que le rose lui va bien avant de la serrer dans ses bras. C’est à ce moment qu’ils sont tous invités à entrer dans le bureau qui l’a tant fait cauchemarder par le passé.
30 minutes plus tard, lorsqu’ils ressortent, ils ont tous les yeux embués de bonheur.
Elle serre son père et ses deux frères avant de se retourner vers sa maman. Elle ne pleurera pas plus aujourd’hui. Alors elle sourit aussi fort qu’elle peut et dans le creux de l’oreille, Juliette confie à sa mère qu’elle n’a jamais douté de son courage et qu’elle a toujours su qu’elle vaincrait ce foutu cancer du sein !