Le numéro 1 de la revue Zone sensible, publiée par la Biennale Internationale des Poètes en Val-de-Marne, interroge le lien entre la poésie et l’évènement. Comme dans l’ouvrage dont il était question ici, Hölderlin y occupe une place particulière. Mais aussi ceux qui ont participé à « L’honneur des poètes » (Eluard, Aragon, Tardieu, Ponge et d’autres), en juillet 1943, et Benjamin Péret qui leur envoie en 1945 un « déshonneur des poètes » leur reprochant, notamment, de céder à « l’obscurantisme religieux ». Et des auteurs contemporains, des Etats-Unis, de la Caraïbe, d’Afrique du Sud, du Japon, du monde… Certains explorent la question de savoir si la poésie se perd dans l’évènement ou si elle s’en nourrit, voire si elle le nourrit. Les textes montrent le plus souvent des poètes dans les circonstances où ils vivent, un fait politique, un tremblement de terre, la « Grande Guerre » (comme les haïkus publiés récemment par les éditions Bruno Doucey). Et Nelly Georges-Picot souligne avec justesse que le poème est lui-même un évènement, un « évènement de la langue » : « C’est l’impossibilité de dire qui nous amène à dire autrement ».