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Nuit Américaine à la Filature de Mulhouse

Publié le 09 octobre 2014 par Elisabeth1

Laure Vasconi « Villes de Cinéma »
Julien Magre « Magic Land »
+ une création sonore de Valéry Faidherbe
exposition coproduite par La Filature, Scène nationale – Mulhouse
jusqu'au dimanche 26 octobre 2014

LAURE VASCONI, JULIEN MAGRE, Serge Kaganski

Serge Kaganski
« D’un côté la nuit, ses ombres, sa pénombre. Dans les interstices de ces ténèbres, un rai de lumière révélant de fugaces apparitions : pan de mur, ligne de palmiers, porte, corridor, costumes, chaussures, accessoires, effigie, masques, mannequins, tréteaux, cintres, machineries… Laure Vasconi a baladé ses objectifs dans les grands studios de cinéma à travers le monde, mais en dehors de l’action, des heures de travail, du bourdonnement humain, flashant ces ruches en période de sommeil, ces usines à rêves en pleine léthargie. Saisissant ainsi des fantômes et des spectres, du vide, de la béance apte à être emplie par les fantasmes du spectateur, elle a capté par la photo une dimension essentielle du cinéma, art spectral, jeux d’ombres et de lumières projetées. Ses images immobiles mais tremblées, comme prêtes à se mettre en mouvement, déclenchent d’emblée des films imaginaires dans l’esprit de celui ou celle qui regarde.

Laure Vasconi

oeuvres présentées à La Filature
35 tirages Fresson au format 30 x 40 cm
5 tirages Fresson au format 60 x 80 cm
4 tirages dos bleu

De l’autre côté le jour, sa lumière solaire, d’une clarté presque aveuglante, qui découpe les ombres avec netteté. Sous cette chaleur brûlée, des terrasses vides, du linge qui sèche, un chapiteau endormi, une piscine déserte, un toboggan aquatique, des flamands roses en stuc, un manège à l’arrêt, des tables et sièges qui attendent leurs occupants comme s’ils attendaient Godot…
Julien Magre a promené ses appareils dans un parc d’attraction de Dakar, un jour de fermeture. À quoi ça ressemble, un Disneyland africain en dehors des jours ouvrables ? Précisément à ça… une ville à l’abandon, un studio de cinéma en « vacance », un lieu vidé par la guerre, un décor de film après tournage, une scène de blockbuster-catastrophe après passage des aliens, une ghost town américaine, Miami un jour de Superbowl, une case muette de Loustal… Cet « ici et maintenant » de Dakar, Sénégal, suscite dans le cerveau de celui ou celle qui regarde tous les films vus ou rêvés, toutes les images de « là-bas, hier, demain ». L’Afrique diurne de Julien Magre et la planète studio nocturne de Laure Vasconi se parlent, se répondent, se télescopent, s’alternent comme la lumière et l’obscurité 24 fois par seconde dans le processus désormais ancien du cinéma. Les deux séries parlent la même langue d’un film virtuel, prêt à jaillir entre les images, creusent l’imaginaire par les mêmes moyens : la désertification humaine, l’absence de vie, mais aussi la trace, le vestige, la ruine de ce que l’on devine avoir été, hier ou il y a cinquante ans. S’il y a du cinéma dans ces photos, c’est parce que le cinéma hollywoodien fut et reste le plus puissant et universel pourvoyeur d’inconscient collectif. La nuit hollywoodienne diffuse partout, infuse toutes les images, aussi bien à Hollywood qu’à Dakar, Le Caire, Rome ou Babelsberg.

Julien Magre

La nuit américaine, c’est aussi ce procédé du cinéma qui crée l’illusion de la nuit en plein jour. La nuit de Laure Vasconi appelle en creux le jour qui finira bien par se lever alors que le plein soleil de Julien Magre invite au « day for night » (« nuit américaine » en vo). La nuit de Laure aurait-elle pu être créée en plein jour de Julien ? Cette exposition suggère cette fiction, révélant les liens qui unissent ces deux travaux par-delà leurs irréductibles singularités… La photo, comme le cinéma, c’est toujours du temps suspendu, du passé, le beau et poignant linceul de ce qui a été, mais qui n’attend que de revivre sous le regard du spectateur. À charge pour le visiteur de redonner du mouvement à ces images, de les monter comme un film, de combler leurs points de suspension, de les habiter avec son propre présent ou ses propres souvenirs. »

oeuvres présentées à La Filature
7 tirages couleur au format 60 x 90 cm
14 tirages couleur au format 24 x 30 cm
1 tirage dos bleu

On peut aussi les relier avec le travail de Sylvain Couzinet-Jacques,
Zero Rankine,
paysages désertés, sans personnages, images aux contours flous.

VISITE GUIDÉE
jeudi 2 octobre de 12h30 à 13h40 sur inscription au T 03 89 36 28 34
Club Sandwich : visite gratuite de l’exposition le temps d’un pique-nique tiré du sac

LA GALERIE DE LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE
20 allée Nathan Katz – 68090 Mulhouse cedex T
+33 (0)3 89 36 28 28
– www.lafilature.org
en entrée libre
du mardi au samedi de 11h à 18h30,
dimanche de 14h à 18h et les soirs de spectacles
La Filature est membre de Versant Est,
Réseau art contemporain Alsace.


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