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Horns d'Alexandre Aja avec Daniel Radcliffe, Max Minghella, Joe Anderson, Juno Temple

Par Kojimaemi

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L'histoire: Ignatus Perrish, Ig pour les intimes, est soupçonné du meurtre de sa petite amie. Pour échapper au malaise qu'il entoure, il boit beaucoup. Le lendemain d'une soirée très arrosée, il se réveille avec une paire de cornes sur le front et découvre que sa présence désinhibe les gens qu'il côtoie. Après un temps d'adaptation, il voit là l'occasion de découvrir l'identité du véritable assassin de sa fiancée.

Honnêtement, je ne m'attendais pas à ce que j'ai vu. Je ne connaissais qu'un vague pitch et je n'avais pas regardé les bandes annonces, qui en montrent toujours beaucoup trop ; du coup, je m'étais inventé toute une histoire qui n'avait rien à voir avec le film. Pour autant, je n'ai pas été déçue.

Si on met de côté tout l'aspect fantastique des cornes, l'histoire de Horns n'est pas plus originale qu'un épisode d'Hercule Poirot, en un poil moins maniéré. Un jeune homme est le coupable idéal du meurtre de sa petite amie et décide de mener l'enquête avec ses propres moyens. Il est vite évident qu'il connaît le meurtrier, ce que nous confirme une série de flashbacks de son enfance présentant les différents protagonistes, et il vogue de personnage en personnage pour leur faire avouer ce qu'ils ont à cacher. A ce niveau là, on ne peut faire plus classique. C'est "l'emballage" qui diffère des enquêtes habituelles dont nous sommes inondés par les séries télévisées. Tout d'abord, Ig se voit doté de cornes diaboliques qui font avouer les plus vils secrets. Outre leur pouvoir de persuasion, elles sont à l'origine de scènes tantôt comiques tantôt dérangeantes. Ensuite, le véritable fil conducteur du film est l'histoire d'amour qui lie Merrin et Ig. Les différents retours en arrière montrent qu'il ne s'agissait pas d'une amourette récente et futile. Merrin est le premier amour d'Ig, il l'aime profondément et passionnément, même s'il n'a connu qu'elle. Leur histoire pourrait vite tomber dans la tarte à la crème lourde et écoeurante mais les scènes sont justement dosées pour ne pas être envahissantes et plombantes. En cumulant ces différents genres (polar, fantastique, romance), Horns devient un film dense et plutôt intéressant.

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Ensuite, il y a l'habillage, que j'ai adoré. L'action se déroule dans une ville à la fois très concrète par la présence d'une activité industrielle liée au découpage et à l'acheminement du bois et onirique par la forêt qui n'est pas sans rappeler des légendes comme Brocéliande. Les entrepôts se mêlent donc à un paysage plus sauvage, plus étrange, plus... magique. L'époque n'est pas clairement définie non plus. Il y a bien quelques voitures récentes et Ig utilise une ou deux fois son téléphone portable, mais il circule dans une vieille bagnole aux portières grinçante qui nous renvoie trente ans en arrière. Le lieu et le temps de l'action ne sont que vaguement identifiables parce qu'ils ne sont pas importants. Ce sont plutôt leurs qualités esthétiques qui priment. L'image est accompagnée d'une bande son plutôt réussie où Marilyn Manson côtoie Fever Ray ("If I had a heart", aussi musique du générique de la série Vikings).

Je sens que vous m'attendez au tournant pour Daniel Radcliffe... Pas de surprise, son jeu est impeccable. Je ne m'attendris pas facilement donc les passages émouvants où il verse quelques larmes en compagnie de Juno Temple ne m'ont pas touchée. En revanche, il excelle à se montrer froid et machiavélique quand Ig met sa vengeance en branle. Malgré tout, l'acteur le plus notable de ce film est à mon avis Joe Anderson. Au premier abord, Terry Parrish est un musicien accompli qui a tout pour être heureux. Du moins en apparence. Il s'avère qu'il a un problème de drogue et lors d'une scène liée à cette addiction, Anderson livre une superbe performance. Juno Temple incarne quant à elle Merrin, une jeune femme éthérée, poétique et gracieuse qui ne vit qu'à travers des souvenirs. Ce personnage m'a paru un peu trop parfait et lisse. Si elle n'était pas aimée par Ig, Merrin n'aurait pas beaucoup d'intérêt et l'interprétation de Juno Temple ne lui apporte rien.

Horns

La religion, avec la symbolique des cornes, la lutte entre le Bien et le Mal, l'évocation de la chute des anges, est survolée car elle n'est qu'un prétexte (l'origine des cornes) mais pas l'élément central du film. Alexandre Aja n'a pas hésité à faire gicler un peu de sang pour incorporer un peu de brutalité, ce qui peut expliquer la classification moins de 12 ans. C'est parfois grossier, mais comment faire dire tout haut ce que certaines personnes pensent tout bas sans vulgarité ?

Au final, Horns est plutôt réussi malgré un scenario assez convenu et sans surprise.


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