L'Espace culturel Louis Vuitton poursuit son engagement en faveur des artistes contemporains et donne la parole aux femmes en invitant une artiste internationale durant quatre mois.
Le projet s'intitule In Situ - 1 autour de l’artiste américaine Andrea Bowers qui a pu créer dans une totale liberté et en public depuis le 4 juin dernier.
La présentation de l'exposition finale avait lieu ce soir.
Andrea Bowers est née en 1965 à Wilmington - Ohio, Etats-Unis. Elle vit et travaille à Los Angeles. Elle s’est fait connaître par une oeuvre emprunte de militantisme civique : féminisme, droit des minorités et des travailleurs, lutte contre le réchauffement climatique ou contre le SIDA. Actions, dessins, photographies et installations, son oeuvre tisse un réseau complexe de formes comme autant de questionnements.
Cette artiste ne revendique pourtant pas son militantisme, contrairement à nombre d’artistes pour qui cette attitude constitue une posture médiatique. Néanmoins, invitée à définir ce qu'est la création, l'artiste répond que c'est avant tout un engagement. Elle prélève des images parmi les flyers ou les affiches de manifestations et les coupures de presse, puis elle retravaille des détails ou des personnages au feutre, au fusain, avec des crayons.
Les œuvres finales peuvent être de petits dessins sur fond blanc ou des fresques sur de grands cartons d’emballage.Une équipe d'assistants ont aidé l'artiste à réaliser les oeuvres, comme celle-ci, "La voix des femmes" pour assembler, coller, dessiner aux marqueurs par petites touches de feutre noir, d'abord avec des Posca, puis des marqueurs dont certains ont une encre à reflets rouges, d'autres bleutés, d'autres enfin d'un noir profond, et qui apparait lorsqu'on s'approche. Elle reprend et amplifie des oeuvres qui ont existé préalablement.
Une série de papillons a été réalisée, représentant le monarque, un papillon qui est devenu l'emblème de la défense de la liberté dans la cause politique, sociale et civique de l'immigration mexicaine aux USA.Ces cartons, destinés à emballer des chaussures et des sacs de luxe, ont d’ailleurs été récupérés quelques étages plus bas auprès du magasin Vuitton, car Andrea Bowers souhaitait que le studio graphique de Louis Vuitton s'implique dans le projet.
Le plus grand offrait un recto (ci-dessus) et un verso (ci-dessous) avec la mention No one is illegal qui est le slogan des défenseurs des mexicains.Sur un autre mur un troisième papillon reflétait dans une vitre une pseudo symétrie puisque le texte reproduit se lisait aussi parfaitement sur la partie gauche que sur la partie droite. Il est entoilé sur l'arrière pour pouvoir être accroché de manière invisible.Le choix des cartons relève totalement de la démarche artistique. Certains sont plus épis que d'autres et leurs tailles diffèrent.Chaque visiteur pouvait repartir avec la reproduction d'une oeuvre sur carton noir.La salle dédiée aux animations jeune public relatait elle aussi du type de travail fait sur ce sujet. Le programme de rendez-vous (gratuits) est vaste : conférences, conversations, performances, activités familiales et jeunes publics.
Dans le Salon de Médiation chaque visiteur était invité à ajouter un morceau de tissu pour composer un immense collage et je me suis volontiers prêtée au jeu.
En coursive on peut chercher dans les multiples croquis de l'artiste les prémices des installations qui sont aujourd'hui dévoilées au public.L'artiste s’attache depuis longtemps à faire ressortir la notion de justice sociale dans son travail, qu’il s’agisse des droits des migrants clandestins ou de ceux des femmes.
C'est ainsi qu'on peut voir Fantani Touré dont une vidéo est projetée en continu. Cette princesse malienne raconte sa lutte pour l’abolition de l’excision et des mariages forcés au Mali. Elle parle face caméra, assise sur un canapé et sa robe flamboyante se détache sur le mur blanc qui sert de fond. On la découvre aussi chanter sur la terrasse en plein ciel ou marcher fièrement dans les couloirs déserts de l’Espace culturel.
Andrea Bowers reprend la parole de cette femme dans sa propre langue (sur fond bleu), en anglais (sur fond rouge) et en français (sur fond jaune) avec cette simple supplique : Ne me diminuez pas !A signaler un très beau texte de Christine Angot sur le processus créatif, remis à chaque visiteur.
Ce programme inédit d’ateliers ouverts s’étendra de Paris à Tokyo en passant par Munich de septembre 2014 à janvier 2015. Rendre hommage aux femmes d’exception dans diverses disciplines créatives s’inscrit dans la continuité de l’engagement de la Maison. C’est pourquoi trois femmes ont été choisies pour cette première édition.
Si à Paris, c’est l’Américaine Andrea Bowers qui ouvre les portes de son "atelier" aux visiteurs pour partager son expérience de travail in situ, ce sera Min-Jeong Seo à Tokyo et Simryn Gill à Munich.
Espace culturel Louis Vuitton, 60 rue de Bassano, 75008 Paris, 01 53 57 52 03Site internet: http://www.louisvuitton-espaceculturel.com/Ouvert du lundi au samedi, de 12h à 19h Le dimanche, de 11h à 19hAccès libre