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Rixes compagnonniques en Eure-et-Loir (XIXe s).

Par Jean-Michel Mathonière

Compagnons & Compagnonnages est particulièrement heureux de publier cette étude de Brix Pivard. Celle-ci, représentant 13 pages A4 avec des notes, est également téléchargeable au format PDF en cliquant sur ce lien : Téléchargement.
Jean-Michel Mathonière

Rixes compagnonniques en Eure-et-Loir (XIXe s).

La rixe - L’Illustration, journal universel, numéro du 29 novembre 1845.

La première moitié du XIXe siècle est synonyme pour les compagnonnages[1] d’interdictions, de concurrences, d’évolutions, d’adaptations, de remises en question, de surveillances policières, de grèves[2], de violences[3].

Jusqu’à l’autorisation de l’existence des syndicats, par la Loi Waldeck-Rousseau en 1884, les compagnonnages demeurent le premier organe de défense des ouvriers. De nombreux corps de métiers qui n’appartiennent pas aux compagnonnages vont emprunter et adopter les formes et les modèles compagnonniques. Cela entraîne des scissions, des divisions et des conflits.

Chartres, qui est une ville de compagnonnage[4] et de Devoir[5] bien qu’il s’agisse d’une ville d’importance secondaire[6] sur le Tour de France[7], va connaître ces événements. La cote 10 M 3[8] consultable aux Archives départementales de l’Eure-et-Loir, comporte des rapports, des correspondances, des interrogatoires. Ces archives publiques et administratives qui émanent des autorités (préfet, sous-préfets, maires, commissaires de polices, etc.) sont des pièces de circonstance. Elles permettent de supposer ce qu’a pu en penser la société au moment des faits.

Dans cet article, je chercherai à présenter comment s’est manifestée cette période de trouble pour les compagnonnages à Chartres et en Eure-et-Loir.

...


Gavots contre Dévorants

Les rixes compagnonniques ont des motifs divers et variés. En fait, à la lecture des sources archivistiques, tous les motifs semblent être prétexte à l’éclatement de conflits sanglants. Il y en a pourtant certains auxquels les compagnons accordent une importance plus soutenue que d’autres.

Un des motifs de rixes récurrents consigné dans les archives de la cote 10 M 3 est l’appartenance à deux compagnonnages différents : celui des Gavots (compagnonnage du Devoir de Liberté) et celui des Dévo(i)rants (compagnonnage du Devoir). Les Gavots sont les serruriers et menuisiers se revendiquant du rite de Salomon[9], à l’instar d’Agricol Perdiguier[10]. Les Devo(i)rants sont sous le patronage, soit du Père Soubise, soit de Maître Jacques. Selon les légendes compagnonniques les plus crédibles, les uns et les autres auraient été fondés à l’époque médiévale.

L’appartenance à ces deux groupes de compagnonnage antagonistes suffit à motiver les affrontements. Nonobstant, les uns et les autres cherchent à s’assurer le monopole des embauches dans la ville où ils coexistent et cherchent donc à chasser le groupe rival. Il était vital pour eux de placer leurs aspirants et leurs compagnons chez les maîtres de chaque ville du Tour, mais il n’y en avait pas assez pour embaucher tous ces ouvriers. À ces motifs économiques se rajoutent des motifs légendaires et un fanatisme dû à un très fort sentiment d’identité, qui pousse chaque groupe à rejeter l’autre comme indigne d’appartenir au « vrai » compagnonnage, ipso facto le leur, évidemment.

Une note[11] de 1807 précise :

« La rixe sanglante, Monsieur, qui a eu lieu à Chartres, le 8 de ce mois de la part de compagnons serruriers et menuisiers me porte à désirer de savoir si vous avez interdit par un règlement public, les associations d’ouvriers connues autrefois sous la dénomination de compagnons du devoir et autres. Je vous invite à me tenir au courant de la procédure qui s’instruit à ce sujet. Des scènes semblables ont encore lieu de temps à autre dans quelques villes principales.

Il est nécessaire que vous me fassiez connaître le nom des coupables, et que vous donniez aux jugements qui interviendront, de la publicité par la voie des journaux… »

Confirmation est faite par le procureur-général Impérial[12] d’une rixe dont les compagnons Gavots seraient les instigateurs :

« Je puis vous assurer qu’aucune affaire n’a été suivie avec plus d’activité que celle relative à la rixe suscitée le 8 de ce mois par des compagnons ouvriers se disant Gavots […] le gouvernement n’est pas parvenu à extirper ces sectes bizarres d’où l’intolérance et l’espèce de fanatisme ont causé et causent encore tant de déplorables excès. »

Le 21 novembre 1807 six compagnons sont jugés devant le tribunal de police correctionnelle, pour « voies de fait ». Deux rixes se sont déroulées le même jour dans la ville à la vue de tous les citoyens. Un extrait du registre des minutes du greffe de l’arrondissement de Chartres nous en apprend plus sur l’identité des prévenus : il s’agit de Marc Nicolas dit Dauphiné, natif de Terre-Basse, département de l’Isère, 22 ans, compagnon serrurier chez le Sieur Fritel à Chartres ; Charles Vincent dit Bourguignon, natif de Villeneuve-sur-Yonne, département de l’Yonne, 25 ans, aussi compagnon serrurier chez le sieur Fritel à Chartres ; François Cellerot dit Bourguignon, natif de Mirebeaux[13] (Côte d’Or), 23 ans, compagnon menuisier chez le sieur Fabreque à Chartres ; Pierre Bounifay dit Nantais, natif de Nantes, menuisier âgé de 20 ans demeurant à Chartres chez le sieur Azalier ; Jean Mattieu Pouanier dit du Puy, natif du Puy-en-Velay, département de la Haute-Loire, 25 ans, compagnon menuisier chez le sieur Leroux à Chartres ; Honoré Cavaroe dit Bugiste, natif d’Aubérieux, département de l’Aisne, 25 ans, compagnon menuisier chez le sieur Midoi à Chartres. Les prévenus sont interrogés par le Président du tribunal, successivement et « hors la présence l’un de l’autre ».

Au terme de l’instruction les condamnations sont rendues. Le Procureur Impérial déclare :

« qu’il plaise au Tribunal déclarer que hors le cas de légitime défense et sans excuse suffisante, les susnommés se sont rendus coupables le huit septembre dernier savoir :

1° Nantais et Bourguignon menuisiers, d’excès, violences et mauvais traitements envers le nommé Deneau compagnon coutelier à Chartres, en le frappant de coups de pied et de coups de poing dans une promenade publique appelée le Grand Jardin.

2° Les dits Nantais, Bourguignon, menuisiers, Bugiste, menuisier, du Puy aussi menuisier, Bourguignon et Dauphiné serrurier, d’autres excès, violences et mauvais traitements exercés le même jour en frappant à coups de bâtons[14] et de douve de tonneau[15] et jusqu’à effusion de sang, dans la place des Halles de cette ville, le sieur Brière, maître coutelier à Chartres, Bernard François Racinet dit Normand son compagnon ; le sieur Lion, facteur de grains[16], demeurant à Chartres et autres. »

Il en résulte que les accusés sont condamnés « solidairement chacun à 20 fr d’amendes et trois mois d’emprisonnement. […] leur faire défense de plus à l’avenir, se rassembler et former dans cette ville aucune association sous les noms de Gavots où sous quelqu’autre dénomination que ce soit, à peine d’être poursuivi, suivant toute la rigueur des lois. »

Ce jugement est intéressant à plus d’un titre. Il informe sur les affrontements entre compagnons en raison d’appartenances à des rites différents. Perdiguier[17] écrit à ce propos :

« Tuer son semblable, du moment qu’il n’était pas de notre petite Société, ce n’était pas un crime, c’était un acte de bravoure […] Chaque Société vénérait ses héros, ses martyrs, et maudissait tout ce qui lui était opposé […] Nos chansonniers chantaient la guerre, exaltaient notre orgueil, notre supériorité, nos préjugés, nos préventions. Nous étions des dieux, et nos adversaires étaient, selon leurs dires, des brigands, des sots, des bêtes stupides et méchantes, indignes de vivre, qu’il fallait exterminer. ». Il ajoute aussi[18] : « Pour le gavot, le dévorant est un animal immonde, sans intelligence ; pour le dévorant, le gavot est une bête non moins stupide et dégoûtante. La haine est partout. »

Rixes compagnonniques en Eure-et-Loir (XIXe s).

Mairie de Chartres, 14 germinal an II, arrêté contre les compagnons, défense de réunions et de ports d’armes (AD 28, 10 M 3).

Les conflits du travail.

Beaucoup de lettres adressées au préfet ou au ministre de l’Intérieur, portent en marge « coalition d’ouvriers ». Je retrouve la première mention de ces coalitions sous le Consulat[19] (1799-1804), dans une lettre[20] au ton comminatoire :

« Il existe citoyen, dans la république, une espèce de coalition entre les ouvriers employés dans les manufactures, particulièrement dans celles de papeteries, tendant à établir, contre le vœu de la loi, un régime indépendant et coercitif envers ceux et contre ceux qui refusent de se soumettre aux volontés de meneurs de l’association.

Elle a ses chefs et ses correspondants dans les communes où les ateliers sont établis. Elle convoque et tient des assemblées, distribue des lettres de créance, frappe d’interdiction[21], telle ou telle fabrique, et fait défense aux ouvriers d’y travailler, sous peine d’êtres bannis de toutes les autres. »

Les papetiers forment ce qu’il est commun de définir comme un « pseudo-compagnonnage » car ils ne se réclament d’aucun fondateur légendaire, n’ont pas de « Devoir », ni de structure initiatique. Dans une lettre du procureur du roi[22], on apprend que les ouvriers papetiers se sont révoltés :

« Toute coalition d’ouvriers tendant à faire la loi aux manufacturiers, étant un délit caractérisé par le code pénal, il est hors de doute que la répression en appartient aux tribunaux. Si donc les ouvriers de la papeterie de Saussaye se sont rendus coupables d’un pareil excès le deux juillet dernier, ils sont susceptibles d’être puni par le tribunal de police correctionnelle de cet arrondissement, compétant pour l’application des peines en pareilles circonstances. »

Une note additive à ce dossier porte comme titre : « Observations sur le compagnonnage des ouvriers papetiers et sur les moyens de neutraliser ses dangers. »

Les revendications portent fréquemment sur l’augmentation du salaire et des conditions de travail. Le 31 août 1813 à une heure de l’après-midi, le commissaire de police de la ville de Chartres rapporte une coalition des compagnons menuisiers contre les maîtres, afin d’obtenir l’augmentation du prix de leur journée, diminuer les heures de travail. S’ils n’obtiennent pas gain de cause, ils formulent la menace de quitter les boutiques des maîtres et de les laisser sans ouvrier. Plusieurs d’entre eux ont pris la résolution de quitter Chartres pour travailler ailleurs tandis que les autres se sont décidés à travailler pour leur propre compte en prenant patente[23] :

« Instruit par la clameur publique qu’un grand nombre de compagnons menuisiers de la ville de Chartres presque tous mariés s’étaient réunis chez le sieur Gervais Baroche aubergiste demeurant à Chartres porte châtelet ; que cette réunion avait pour objet de se coaliser contre les maîtres menuisiers de la ville de Chartres à l’effet (vu la rareté des ouvriers de cette profession) de demander à leurs maîtres : 1° une augmentation de prix de leur journée de travail, 2° Et une diminution dont les heures du travail qu’ils sont obligés d’employer par journée ; que les motifs de ce rassemblement tendent à abandonner les ateliers de leurs maîtres. Si ceux-ci ne veulent point acquiescer aux conditions déraisonnables et onéreuses qu’ils veulent leur imposer ; que déjà plusieurs de ces compagnons par suite de leurs délibérations séditieuses et de leur projet de forcer leurs maîtres à augmenter le prix de leurs journées, ont abandonné leurs ateliers pour se retirer dans d’autres villes ; qu’un plus grand nombre était sur le point d’imiter ce mauvais exemple et ce qui resterait de ces compagnons déclarait aux maîtres qu’on ne pourrait embaucher aucun ouvrier dans les boutiques qu’ils abandonneraient. »

Il résulte du rapport, que le rassemblement qui est contraire aux « intérêts des maîtres », et « aux lois et aux règlements de la police », a été provoqué par trois ou quatre instigateurs qui auraient profité de la rareté de ces ouvriers pour les exciter et les réunir chez Gervais Baroche, leur père[24], pour forcer les maîtres menuisiers à leur augmenter le prix de leurs journées.

Prévenu de ce fait, et afin d’en éviter les suites logiques et fâcheuses qui pourraient en découler, le commissaire de police, accompagné d’un gendarme à cheval et de plusieurs élèves de la gendarmerie, se sont transportés au domicile de Gervais Baroche. Les gendarmes interrogent la femme de Baroche, cette dernière leur déclare que les compagnons sont réunis dans une chambre attenante à sa cuisine. Ils y trouvent des compagnons. Les forces de l’ordre prennent possession de la maison et plusieurs gendarmes sont mis à la porte principale.

Les recherches se poursuivent dans les divers appartements de l’auberge. Dans la première mansarde ils y trouvent vingt-sept compagnons qui sont :

Magloire Léger
Sorcher
Roussel
François Chevallier
Pierre Fouticault
Pierre Louis Cassetin[25]
Coudray
Le page
Jacques Robert Maurice Lefevre dit Robiche
Franck Gobinovsky
Mathurin Léger
Magloire Loiseau
Louis Desatouche
Zacharie Larue
Auguste Caudre
François Chevallier
Nöel Gillet
Jean Pierre Seu
Benoit Fleury
Jean Le Doux
Tous compagnons menuisiers, mariés, demeurant à Chartres à l’exception de Jean Pierre Seu qui est célibataire.
Charles Larnier
Louis Levesque
Laurent Levesque
Jean Ortodeyat
Antoine Sylvestre Basque
François Charles Mignard
François Sevin

D’après les renseignements recueillis, il résulte que Mathurin Léger, Laurent Levesque, Lepage, et Lefebvre, sont les instigateurs de « cette réunion illicite ». Les policiers font savoir aux compagnons, que leur rassemblement « pouvait exciter quelques troubles dans la ville de Chartres. ». En conséquence, ces 4 responsables sont conduits à la maison d’arrêt de la ville de Chartres, écroués, inscrits sur les registres, et mis dans la « geôle » de la maison d’arrêt. Les policiers relâchent les 23 autres compagnons et les invitent « à se retirer séparément et paisiblement soit dans leurs boutiques soit dans leurs domiciles avec défense de se réunir sinon et à faute par eux d’obéir à l’instant à notre injonction, que nous allions employer contre eux la force armée et les faire arrêter comme perturbateur de la tranquillité publique et même comme provocateur d’attroupement séditieux. »

Ainsi les autorités dont la police, usent de moyens[26] de contrôle pour faire cesser les grèves et rébellions des ouvriers :

« À la moindre manifestation que feraient ces ouvriers de se livrer à des prétentions qui auraient un caractère d’hostilité contre les maîtres je les ferais arrêter dans leurs auberges et les mettrais à la disposition de l’autorité judiciaire, ainsi que je l’ai fait le 3 août dernier à l’occasion des compagnons boulangers qui voulaient faire augmenter leur salaire. J’ai fait enlever à 4 heures du matin les deux chefs qui sont restés 10 jours en prison et les autres n’ont pas bougé. »

La police qui assure une mission de « service aux citoyens »[27] trouve le soutien des maîtres :

« Les ouvriers tailleurs[28] sont ici parfaitement tranquilles, ils sont surveillés de près et à la moindre tentative de désordre les maîtres se sont engagés secrètement à prévenir la police. Des gendarmes se trouvent à l’arrivée des voitures publiques afin d’arrêter les individus non pourvus de passeports. La police remarque avec soin les maisons où sont logés les voyageurs étrangers à la ville. Il y a quelques jours plusieurs ouvriers tailleurs se sont cotisés pour payer le voyage d’un de leurs camarades qui annonçait l’intention de les soulever comme ceux de Paris. Néanmoins rien n’est résulté de cette menace et tout porte à croire que la tranquillité publique ne sera point troublée. »

Les coalitions des ouvriers sont très surveillées et les préfets successifs sont tenus d’en informer les plus hautes autorités étatiques[29] :

« Monsieur le préfet, j’ai reçu le rapport que vous m’avez adressé, le 9 du courant, sur une coalition d’ouvrier peintre en bâtiment qui a eu lieu à Chartres le 6 à l’effet de faire augmenter les salaires. Vous m’annoncez que plusieurs individus ont été arrêtés.

Il paraît, d’après le compte très sommaire que vous me rendez de cet incident, qu’il aurait au fond peu d’importance, néanmoins comme tout ce qui se rattache aux coalitions d’ouvriers mérite une attention particulière, je vous prie de ne pas négliger de m’instruire des suites de l’affaire.

Agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de ma considération distinguée.

Le Pair de France, sous-secrétaire d’État au département de l’Intérieur. »

Les compagnons sont respectés pour la qualité de leur travail et de leur savoir-faire. Néanmoins lorsqu’ils sont tenus responsables de troubles, d’agitations et de violences qui en résultent, ils se placent en marge de la société. Ces conflits du travail dans les compagnonnages sont souvent limités à un atelier ou un métier dans un endroit précis[30]. Ils n’ont cependant pas une essence d’origine politique et ne s’inscrivent pas dans un contexte social protestataire. Les révoltes contre les maîtres sont également une des conséquences du décret d’Allarde (2 et 17 mars 1791) et de la Loi le chapelier (14 juin 1791), qui ont supprimé l’existence légale des communautés de métiers et des compagnonnages, et défendu les grèves et rassemblements des ouvriers.

De « faux » compagnons : les soi-disants.

Au début du XIXe siècle, des métiers comme celui de cordonnier (1808) et de boulanger (1811) se forment en compagnonnage. Ces métiers ne sont pas reconnus par les autres métiers compagnonnisés et ce pour plusieurs raisons. Les cordonniers avaient déjà été formés en compagnonnages puis rejetés. Ils sont de nouveaux initiés par un compagnon tanneur-corroyeur en 1808. Perdiguier[31] rappelle ces faits :

« Les cordonniers se formèrent en société et devinrent très-forts ; ils soutinrent pendant huit jours une bataille affreuse contre les corroyeurs. Il y eut des blessés et des morts. À la suite de cette affaire, Mouton Coeur-de-Lion, cordonnier des plus courageux, fut mis aux galères de Rochefort, où il mourut, sans doute de chagrin et d’ennui. Les cordonniers vénèrent la mémoire de ce Compagnon, et dans un de leurs couplets on trouve les vers suivants :

Provençal l’invincible, Bordelais l’Intrépide, Mouton Cœur-de-Lion Nous ont fait Compagnons.

Le Devoir fut porté d’Angoulême à Nantes, et de là se répandit dans d’autres villes. Les Compagnons cordonniers sont nombreux et d’une bravoure remarquable. Ils se battent fréquemment, et je dois avouer qu’ils sont souvent attaqués. »

Le compagnonnage des cordonniers est très actif sur l’axe ligérien et dans des villes comme Tours et Blois. Dans la cote 10 M 3 des Archives départementales de l’Eure-et-Loir, est présent un dossier relatif à une rixe dont les instigateurs sont des cordonniers[32] :

« La justice du département de Loir-et-Cher, Monsieur, recherche les nommés René Augustin Daumale et Jean Louis Metz, ouvriers cordonniers prévenus de l’assassinat par suite de compagnonnage sur deux garçons tonneliers dont l’un est encore sur le champ et l’autre est dangereusement malade dans l’hospice civil de Blois.

Metz est né à Solingen[33] en Allemagne ; Daumale est originaire de Rambouillet. Ce dernier était à Chartres le 4 du mois courant, il en est parti et doit y revenir, il se sera peut-être rendu ensuite dans sa famille.

Je vous invite, Monsieur à faire rechercher le dénommé Daumale. S’il est trouvé on devra le faire conduire par la gendarmerie devant M. le Magistrat de sûreté de l’arrondissement de Blois. Je joins ci-inclus, son signalement et celui de son complice qu’il serait possible qu’on trouvât avec lui. Je vous serai obligé de m’instruire du résultat :

Recevez l’assurance de mes sentiments affectueux.

Le conseiller d’État Comte de l’Empire.

Signalement

René Augustin Daumale, garçon cordonnier natif de Rambouillet, âgé de 19 ans, taille d’un mètre 59 centimètres, cheveux châtains, front moyen, sourcils châtains, yeux idem, nez moyen, menton rond, visage ovale, teint ordinaire, une grosseur au-dessous de l’œil droit, se faisant appeler Beauceron Daumale, est sans papier ou du moins ne doit avoir qu’une carte de sûreté[34] du commissaire de police de Blois.

Jean Louis Metz ou Mets, garçon cordonnier né à Solingen en Allemagne, âgé de 32 ans, taille d’un mètre 65 centimètres, cheveux châtains, front couvert, sourcils châtains, yeux gris, nez court, bouche moyenne, barbe noir, menton rond, visage ovale, teint blanc, marqué légèrement de petite vérole. »

À Chartres est également mentionnée l’existence d’une autre catégorie de « soi-disants », il s’agit des boulangers.

Les « soi-disants » de la raclette.

Le compagnonnage des boulangers aurait été fondé chez les dévo(i)rants à Blois en 1811[35]. Les boulangers tout comme les cordonniers subissent les affronts des autres métiers compagnonnisés qui ne leur reconnaissent pas la qualité de compagnon. Une des raisons possibles est due au fait que contrairement aux autres compagnons qui utilisent comme outil le compas quotidiennement dans leurs travaux, ces derniers n’en font pas usage. C’est pourquoi ils sont fréquemment l’objet de moqueries et traités de « « soi-disant » de la raclette ». La raclette, ou « coupe-pâte » permet de racler le pétrin et de couper la pâte à lever. Elle est un des outils de l’ouvrier boulanger et un des emblèmes de ce métier. C’est la raison pour laquelle elle figure dans le blason des boulangers[36]. Le compagnonnage des boulangers se répand dans d’autres villes et cela suscite de nombreuses rixes dont ils sont les principales victimes. Sous la Restauration, la municipalité de Chartres prend des mesures sécuritaires face à la venue des boulangers comme en témoigne cette lettre que la direction générale de l’administration départementale et de la police adresse au préfet :

« Paris, ce 18 août 1820.

Monsieur le Préfet,

Le maire de Chartres a pris un parti convenable en déférant au Procureur du Roi le nommé Davant, compagnon boulanger, qui voulait établir dans cette ville, entre les ouvriers de sa profession, une association ayant pour but de forcer les maîtres à augmenter le prix du travail, d’interdire telle ou telle boutique.

La tentative de cet individu peut être considérée comme un projet déjà en partie exécuté, de former une coalition d’ouvriers, délit prévu par les Lois et dont l’impunité serait d’un fâcheux exemple. Je vous prie de m’instruire du résultat de la Procédure.

J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Préfet avec une considération distinguée.

Votre très humble et obéissant serviteur.

Le Directeur Général. »

Le maire de Chartres informe le préfet[37] qu’il a pris des mesures contre la formation d’un compagnonnage de boulangers dans sa ville :

« Monsieur le Préfet,

Il résulte des renseignements que j’ai pris auprès de M. Le Procureur du Roi à Chartres, que le tribunal n’a pas été convaincu que le nommé Davant ait voulu former une association entre les ouvriers boulangers contre leurs maîtres, mais il a considéré que cet individu a cherché seulement à établir entre les ouvriers boulanger un compagnonnage semblable à celui qui existe dans les autres états ; il a de plus considéré que les tentatives n’avaient pas eu de succès, je vous fais observer à cet égard que ce sont les mesures que j’ai prises qui les ont déjouées. M. le Procureur du Roi m’annonce que Davant doit être mis en liberté, et m’ajoute confidentiellement qu’il prendra des moyens pour qu’il sorte de la ville aussitôt son élargissement.

Ce même Davant avait été chassé d’Orléans pour le même fait.

Recevez, Monsieur le Préfet, l’assurance du respectueux dévouement avec lequel j’ai l’honneur d’être. »

En interdisant la formation d’un compagnonnage de boulangers à Chartres, la municipalité évite la formation de grèves et des revendications liées aux salaires. Il est également possible de constater ici, que le jeune compagnonnage des boulangers, cherche à s’étendre à partir de Blois, Orléans, Tours, La Rochelle et Bordeaux, qui sont les premières villes où il s’est établi. Or il s’avère qu’il se heurte aux autorités qui ne veulent pas que le commerce du pain (très encadré) soit perturbé par des mouvements sociaux. D’autres mesures sont également mises en place pour empêcher les combats entre compagnons.

Rixes compagnonniques en Eure-et-Loir (XIXe s). 

Scène de rixe sur le diplôme de Languedoc le victorieux, compagnon charron du St Devoir de Dieu et de Ste Catherine reçu à Nantes le 6 avril 1828. Collection privée.

Surveillance et contrôle des compagnons.

Pour les autorités, empêcher les rixes est un véritable problème. Les sources en témoignent et la société rejette ces affrontements dont elle déplore les excès[38]. « Les gendarmes reçoivent en 1823 des instructions de fermeté face à ces jeunes apprentis, qu’il faut parfois protéger contre eux-mêmes ». En Eure-et-Loir, les compagnons sont étroitement surveillés et contrôlés. En plus de l’instauration de livrets ouvriers, obligatoires sous peine d’amendes et d’emprisonnements, des bureaux de placements d’ouvriers sont créés[39] :

« Monseigneur

Conformément à votre lettre en date du 19 vendémiaire an XIV, portant que les bureaux de placements d’ouvriers ne doivent être créés qu’avec votre autorisation, j’ai l’honneur de vous adresser et de soumettre à votre approbation, un règlement proposé par le maire de Dreux pour la Police des ouvriers et compagnons de la même ville.

Agréez, je vous prie, Monseigneur, l’assurance de mon respect. »

En l’an XIV de la République[40] (1806), il existe un seul bureau de placement dans le département, établi à Chartres, il permet de prévenir les désordres qu’occasionneraient les diverses associations d’ouvriers, notamment celles de « compagnons et de gens de métiers »

Néanmoins cette mesure sécuritaire est aussi répressive. La peur des maîtres est que la création de bureaux de contrôle et de placement des ouvriers éloigne les compagnons de certaines villes. Le maire de Chartres[41] en fait le constat :

« Ils sont persuadés que cette circonstance doit éloigner les compagnons de cette ville et surtout les empêcher d’y revenir […] ce qui priverait les maîtres de bras nécessaires à leur état, et renchérirait par conséquent la main-d’œuvre. Ils m’observent qu’il n’est pas rare qu’un compagnon fasse plusieurs boutiques[42] […] le but de l’administration est d’assurer la tranquillité publique et d’établir une bonne police parmi les ouvriers. »

Les autorités surveillent et interviennent aussi lorsque les compagnons procèdent à des cérémonies rituelles comme lors des fêtes patronales[43] :

« Les compagnons menuisiers ont pour habitude de faire dire une messe à l’Église de StPierre les jours de fêtes conservées et le jour de celle de leur patronne[44]. C’est ordinairement une messe basse qu’on leur dit à 10 heures. Hier au soir M. le curé fit dire au premier compagnon[45] qu’on ne pouvait leur dire messe pas plus tard que huit heures. Celui-ci qui avait fait faire les invitations aux maîtres et aux compagnons pour 10 heures ce matin ne donna pas contre ordre et tous arrivants à l’Église furent de places dans le chœur revêtu de leurs rubans[46] et bouquets et ayant la femme de celui où ils se rassemblent appelée leur mère[47].

La règle de l’Église est qu’à la célébration des grands offices nul individu ne peut s’introduire dans le chœur revêtu d’un déguisement ou de signes d’une société, à moins dans ce dernier cas que ce soit un office qui lui serait particulier, comme aussi en cette circonstance des femmes y sont admises.

En conséquence l’un des vicaires envoya le sacristain prévenir le premier compagnon de faire retirer ses camarades du chœur et surtout la femme ; refus de le faire et que l’on ferait voir si l’on avait le droit. Ceci rapporté au vicaire, il m’envoya faire part de ce qui se passait, j’y descendis avec la gendarmerie, afin de prévenir du scandale. Je vis tous les compagnons dans le chœur mais la femme de leur mère ne s’y trouvait plus, elle en était sortie lorsqu’elle a eu entendu dire qu’on allait me chercher, c’est ce que l’on m’a rapporté ;

J’ai fait venir le premier compagnon à la sacristie et des explications données par lui et MM. les curés et vicaires, il est résulté qu’il a reconnu qu’il avait tort d’avoir résisté, mais qu’il croyait être en droit lui et ses camarades d’entrer dans le chœur.

M. le curé satisfait de cet aveu désire qu’aucune poursuite judiciaire ne soit exercée contre aucun des individus de cette société.

J’ai fait cette démarche appuyée de l’autorité de l’art. 261 du code pénal.

Chartres le 25 7bre 1836

Le commissaire de police. »

Perdiguier, son œuvre pour les compagnonnages.

Chartres ne fait pas exception, comme sur les autres villes du Tour de France, les rixes y existent depuis l’Ancien Régime[48]. Le menuisier Gavot Agricol Perdiguier – qui sera le premier historien des compagnonnages[49] français, puis député – demeure à Nogent-le-Roi et à Chartres en 1826-1827. Il y est témoin de rixes entre compagnons. C’est à Chartres qu’il commence à rédiger des chants pacifiques et qu’il débute son entreprise de régénération des compagnonnages. Conscient des dangers que représentent ces affrontements et de leurs stérilités, il les dénonce par ces écrits et en appelle à l’union des compagnons. En 1839 il publie notamment Le livre du Compagnonnage, puis Les mémoires d’un compagnon en 1855. Il rappelle à quel point son entreprise fut difficile[50] :

« J’ai eu pourtant à soutenir une lutte difficile : j’étais le premier, le seul qui eût osé attaquer des choses barbares, absurdes, et presque sanctifiées par la tradition ; je devais naturellement remuer les passions et les préjugés, et provoquer une agitation immense. Cela devait être, cela a été ; on verra dans la seconde partie de ce livre des lettres qui feront comprendre combien ma position était mauvaise, elle s’est, je dois le dire, beaucoup améliorée. Bon nombre des Compagnons qui m’avaient combattu me donnent la main en ce moment, et nous ferons tant et tant, que le Compagnonnage rentrera dans une voie nouvelle et il devra son progrès aux compagnons eux-mêmes. »

Après 1850, je constate dans les sources archivistiques une attrition conséquente des rixes. Les affrontements qui faisaient partie du quotidien des compagnons deviennent des faits marginaux :

« Mais l’esprit de clan et le goût des rixes sont trop profondément ancrés au fond des esprits pour en disparaître d’un coup […] Même si les batailles se raréfient à mesure qu’on approche de 48, il passera encore bien du sang sous les ponts avant que la paix s’installe sur le Tour. » [51]

Laurent Bastard[52] constate qu’il existe des affrontements auxquels participent des compagnons et dont les derniers sont référencés en 1901 et 1903. Les motifs de la violence compagnonnique n’ont plus les mêmes raisons qu’au XIXe siècle :

« On estime que les dernières rixes entre compagnons de sociétés rivales ou ennemies se terminèrent dans les années 1850. Les querelles n’en cessèrent pas pour autant, mais s’exprimèrent par voie de presse. Toutefois, il y eut comme un dernier sursaut des batailles à coups de cannes au début du XXe siècle. Les adversaires n’étaient plus des compagnons, mais des ouvriers syndiqués, des voyous et des “Apaches”, comme on disait alors. »

Les rixes sont évoquées dans la littérature au XIXe siècle par George Sand, dans Le Compagnon du Tour de France (1840) que les éditions Hetzel publieront notamment en 1853. Frédéric Mistral dans son poème Calendal[53], évoque les conflits violents qui ont eu lieu dans le midi. Au XXe siècle, le roman Ardéchois Cœur Fidèle, L’aventure du Compagnonnage[54] (1974) de Jean Chatenet et de Jean Cosmos aborde également les rixes compagnonniques. Le sujet sera adapté dans un téléfilm (6 épisodes de 55 minutes) diffusé sur Antenne 2 en novembre et décembre 1974. Les deux principaux protagonistes sont interprétés par Sylvain Joubert (Toussaint Rouveyre, dit Ardéchois Cœur-Fidèle) et Claude Brosset (Tourangeau Sans-Quartier).

L’exemple qu’offre la cote 10 M 3 des Archives départementales de l’Eure-et-Loir, est tout à fait caractéristique et symptomatique de cette période troublée, aujourd’hui révolue, de l’histoire des compagnonnages. Ces archives historiques sont des sources confidentielles déclassifiées, qui ont subi des critères de tri et sont conservées dans un lieu public pour servir la recherche. Les conflits consignés prennent souvent au dépourvu les autorités, par leurs ampleurs, qui cristallisent les tensions, les haines et les passions. L’œuvre de régénération et de pacification des compagnonnages entreprise à Chartres par Agricol Perdiguier et ses successeurs ne fut pas vaine quoique critiquée à ses débuts par certains compagnons. Bien qu’ils ne soient pas unis en une seule et même société, les compagnons et les compagnonnages actuels lui sont redevables de cette heureuse évolution. Du sang ils sont passés à l’apaisement.

Bibliographie complémentaire et non exhaustive

Ouvrages de référence:

— P. Barret, J.-N. Gurgand, Ils voyageaient la France. Vie et traditions des Compagnons du Tour de France au XIXesiècle, Paris, Hachette littérature, 1980.

— L. Bastard, Compagnons au fil de la Loire: Histoire et légende d’hommes de caractère, Jean-Cyrille Godefroy, 2000.

— L. Bastard, Images des Compagnons du Tour de France, Jean-Cyrille Godefroy, 2010.

— É. Coornaert, Les Compagnonnages en France, du Moyen Âge à nos jours, Les Éditions ouvrières, 1966.

— É. Martin-Saint-Léon, Le Compagnonnage, son histoire, ses coutumes, ses règlements et ses rites, Jean-Cyrille Godefroy, 1re édition, 1901, réédition, 2010.

— A. Perdiguier, Le Livre du Compagnonnage, 1re édition 1839, réédition en fac-similé, Maxtor, 2014

Mémoires:

— J.-B. Arnaud, Mémoires d’un Compagnon du Tour de France, Libourne, 1859. (Consultable sur le site Gallica de la BnF).

— T. Guillaumou, Les Confessions d’un Compagnon, Paris, Jacques Grancher, 1863, réédition 1996.

— A. Perdiguier, Mémoires d’un compagnon, 1re édition 1855, réédition, La Découverte, 2002.

Revues:

— Fragments d’histoire du Compagnonnage, cycles de conférences, 15 volumes actuellement parus, (1998-2012), musée du Compagnonnage, Tours.

Sites internet:

— Centre de recherche sur la canne et le bâton : www.crcb.org

— Musée du compagnonnage de Tours : www.museecompagnonnage.fr

— Recherches de Jean-Michel Mathonière (Centre d’étude des compagnonnages) : www.compagnons.info

NOTES [1]. Je tiens à remercier M. Laurent Bastard, conservateur du musée du Compagnonnage de Tours, pour ses observations et pour son aide documentaire.

[2]. Pour en savoir plus sur le phénomène des grèves dans le milieu ouvrier, Xavier Vigna : « Pourquoi les ouvriers se révoltent », in l’Histoire, n° 404, octobre 2014, p. 42-53 ; Histoire des ouvriers en France au XXesiècle, Perrin, 2012.

[3]. Les violences compagnonniques suscitent les réflexions et la recherche. Le dimanche 16 février 2014, une visite thématique portant sur les rixes a eu lieu au musée du Compagnonnage de Tours.

[4]. E. Coornaert atteste l’existence de compagnons à Chartres dès 1505. Émile Coornaert, Les compagnonnages en France, du Moyen Âge à nos jours, Les Éditions ouvrières, 1966, p. 39.

[5]. Villes où sont reçus les nouveaux compagnons. Ces villes possèdent des « cayennes » et des « mères », dont les synonymes sont « sièges » et « assemblées ».

[6]. En 1787 il y passe « plus de cent quarante » compagnons, Coornaert, op. cit., p. 189.

[7]. Voyage, formation initiatique et professionnelle où le compagnon se perfectionne dans l’exercice de son métier en faisant étape dans des villes.

[8]. Les sources archivistiques dont il est fait mention ici, proviennent essentiellement de cette cote.

[9]. Attesté chez les tailleurs de pierre dits « Étrangers » au XVIIIe siècle. La date de fondation supposée chez les compagnons charpentiers « Indiens » serait l’année 1804.

[10]. Perdiguier a séjourné à Nogent-le-Roi et Chartres en 1826-1827. Brix Pivard, « Agricol Perdiguier (1805-1875). Souvenirs d’Avignonnais-la-Vertu, compagnon Gavot en Eure-et-Loir », Bulletin SAEL, NS 117, p. 9-31 ; « Recherche sur un élément de l’histoire compagnonnique : l’évocation du département de l’Eure-et-Loir dans les Mémoires d’un compagnon d’Agricol Perdiguier », article reproduit sur le site internet du Centre d’étude des compagnonnages, 3 décembre 2013.

[11]. Note du conseiller d’État chargé du Ier arrondissement de la police générale au préfet.

[12]. Lettre du procureur au préfet, le 21 septembre 1807.

[13]. Mirebeau-sur-Bèze (Côte d’Or).

[14]. Des compagnons prennent des cours de bâtons auprès de maîtres d’armes et reçoivent des brevets. L. Bastard, articles sur le site internet du Centre de recherche sur la canne et le bâton : « Une scène de rixe entre compagnons en 1828 (26 octobre 2010) », « Le bâton à deux bouts interdit aux compagnons de Tours en 1806 (19 mars 2012) », « Un combat de compagnons boulangers sur une gourde (22 mars 2013) », « Un étonnant Brevet de bâtonniste de 1817 (8 mars 2014) ».

[15]. Longue planche courbe qui assemblée à d’autres par des cerceaux, forme le corps d’un tonneau.

[16]. Négociant en grains. Souvent des civils sont victimes d’agressions lors des rixes compagnonniques. Cela est dû au fait que ces conflits se déroulent en milieu urbain. Ph. Chassaigne, Ville et violence. Tensions et conflits dans la Grande Bretagne Victorienne (1840-1914), Presses Université Paris-Sorbonne, 2005 ; Ville et insécurité en Europe occidentale, XIXe-XXIe siècles, La Documentation Française, Les Entreprises sociales pour l’habitat, 2007.

[17]. A. Perdiguier, Mémoires d’un Compagnon, Éditions de l’Imprimerie nationale, Paris, 1992, p. 133-134.

[18]. Mémoires d’un Compagnon, op. cit. p. 195.

[19]. T. Lentz, Le Grand Consulat (1799-1804), Arthème Fayard, 1999, rééd., 2014.

[20]. Lettre du 6 vendémiaire an VIII de la République, le ministre de la Police générale de la République au commissaire central du département.

[21].Atelier dans lequel les compagnons défendent à tout ouvrier, compagnon ou non, de travailler sous peine de représailles (exclusions, menaces, rixes, bastonnades, etc.).

[22]. Tribunal de première instance, lettre au sous-préfet de Dreux, en date du 28 octobre 1816.

[23]. Impôt direct, local et annuel, perçu par des personnes physiques ou morales qui exerçaient une activité industrielle ou commerciale ou une profession libérale.

[24]. Responsable d’une cayenne, d’une auberge, d’un siège de compagnons dans certaines sociétés.

[25]. Il s’agit du menuisier Pierre Louis Casting, « Nantais le bourreau des Dévorants », demeurant à Nogent-le-Roi en 1826-1827, chez lequel Perdiguier mentionne avoir vécu dans ses Mémoires.

[26]. Lettre du commissaire de police au préfet relative à une coalition faite à Chartres par les ouvriers tailleurs d’habits, 10 novembre 1833.

[27]. Bruno Fuligni (dir.), Dans les archives secrètes de la police. Quatre siècles d’Histoire, de crimes et de faits divers, Gallimard, 2011, p. 11.

[28]. Les tailleurs d’habits étaient également formés en compagnonnage avant la Révolution ; au XIXe siècle, ils ont conservé une organisation analogue à celle d’une société de résistance et de secours mutuels.

[29]. Lettre du ministère de l’intérieur au préfet, 14 juillet 1835.

[30]. Des compagnons de métiers similaires mais de sociétés opposées « jouent » une ville. Lors d’une rixe ou d’un concours la société qui perd subit une éviction de la ville pendant une durée définie (30, 50, 100 ans).

[31]. Perdiguier, Le Livre du Compagnonnage, Laffitte Reprints, 1985, p. 45-46.

[32]. Paris le 28 juillet 1810, lettre du conseiller d’État au préfet.

[33].  Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

[34]. Carte de recensement, de domiciliation d’un individu. Y figure la date de délivrance de la carte, le nom et prénoms de l’individu, sa profession, son lieu de résidence et le précédent, son lieu de naissance, sa signature, l’époque de son arrivée dans la ville. Faron Olivier, Grange Cyril, « Un recensement parisien sous la Révolution. L’exemple des cartes de sûreté de 1793 », in Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée, T. 111, n° 2, 1999, p. 795-826.

[35]. Martin Saint-Léon : Le Compagnonnage, son histoire, ses coutumes, ses règlements et ses rites, 1901, rééd. Jean-Cyrille Godefroy, 2010, p. 117-118.

[36]. J. Philippon, S. Étienne, « Le blason des compagnons », Fragments d’histoire du Compagnonnage, vol. 13, cycle de conférences 2010, éd. Musée du Compagnonnage, Tours, p. 107-135.

[37]. Lettre du maire de Chartres au préfet, 31 août 1820.

[38]. J.-P. Alline, Gouverner le crime les politiques criminelles Françaises, de la révolution au XXIesiècle, T.1. L’ordre des notables 1789-1920, l’Harmattan, 2003. p. 119-120.

[39]. Réponse du préfet au ministre de l’intérieur le 3 février 1806.

[40]. Lettres du ministre de l’intérieur au préfet, 17 brumaire et 29 frimaire an XIV.

[41]. Lettre du maire de Chartres au préfet, 8 fructidor an XIII.

[42]. Signifie que le compagnon travaille chez plusieurs maîtres.

[43]. Lettre du commissaire de police au préfet, Chartres, 25 septembre 1836.

[44]. Saint spécifique à un corps de métier. La patronne des menuisiers est sainte Anne.

[45]. Terme uniquement employé chez les menuisiers Compagnons du Devoir de Liberté (Gavots). Le premier compagnon est le chef élu d’une chambre, cayenne (société) pour un temps déterminé.

[46]. Ces rubans de diverses teintes propres à chaque association sont appelés « couleurs » par les compagnons.Il s’agit aussi d’un attribut et symbole compagnonnique important considéré comme le drapeau d’une société, d’un métier.

[47]. Femme responsable du lieu (auberge, cabaret) dans lequel logent les compagnons. Par extension désigne ce même lieu.

[48]. Maurice Jusselin, « Police du Compagnonnage à Chartres en 1755 », in Beauce et Perche, histoire locale, n° 6, février 1962, p. 15-16.

[49]. Jean-Michel Mathonière, « Agricol Perdiguier, premier historien du Compagnonnage français », in Provence historique, L’organisation du travail en Provence du Moyen Âge au XIXesiècle, édition Fédération historique de Provence, Marseille, 2006, tome 56, p. 353-360. Site internet du Centre d’études des compagnonnages, 22 janvier 2011.

[50]. Perdiguier, Le Livre du Compagnonnage, op. cit., p. 6-7.

[51]. P. Barret, J.-N. Gurgand, Ils voyageaient la France. Vie et traditions des Compagnons du Tour de France au XIXesiècle, Paris, Hachette littérature, 1980, p. 288.

[52]. L. Bastard, Centre de recherche sur la canne et le bâton, « 1901-1903 : Les derniers coups de canne des compagnons (2 février 2014) ».

[53]. Parution en provençal sous le titre Calendau, 1re édition (1867), chez Roumanille à Avignon.

[54]. Première édition chez Jean-Claude Lattès.

Rixes compagnonniques en Eure-et-Loir (XIXe s).

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)


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