Magazine Culture

Piera sbusa

Publié le 16 octobre 2014 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Piera sbusa - photo Gian Luigi Vianello

A Venise, il y a de nombreuses pierres avec des trous (Pietra bucata) qui dépassent des murs de certains monuments, surtout les plus anciens.

En dialecte vénitien, ces pietre bucate sont devenues des piere sbuse et représentent toujours un véritable casse-tête auquel personne n’a véritablement apporté une réponse.

Ces piere sbuse sont fabriquées en pierre d’Istrie, et dépassent des murs où elles sont scellées de 25 à 35 centimètres. Elles ont le plus souvent une forme arrondie et sont percées d’un trou dans leur partie externe d’un diamètre d’environs 10 centimètres et elles sont toujours situées à proximité d’une fenêtre. On en voit dans de nombreux secteurs de Venise, surtout sur des édifices privés d’une certaine importance dans le secteur Rialto / San Marco des XIIIème et XIVème siècles.

« Chi va a zonzo per Venezia vede qua e colà due e più pietre bucate, che si protendono parallelamente dagli antichi edifici. Se la pietra è una sola, è segno che l’ altra, o le altre, furono tolte via in occasione di rifabbrica » ainsi s’exprimait l’architecte Pietro Selvatico au sujet de ces fameuses pierres.

Une des explications serait que « avevano l’ uffizio di sostenere grosse sbarre di ferro, o di legno, per tenervi ben serrati gli assiti ad uso delle bertesche colle quali munivansi le abitazioni dei palazzi magnatizi, se venivano asalite da nemici« … mais Venise est toujours restée éloignée d’un danger d’agitation à l’intérieur de sa lagune. Donc, même au temps incertains de la féodalité, ces pierre trouées pour y disposer rapidement des protections destinées à ralentir l’assaut des pillards n’ont aucune raison d’âtre.

D’autres ont évoqués un système permettant aux teinturiers de faire sécher les tissus : comment les teinturiers auraient pu posséder autant de maison dans Venise, dont de luxueux palais ?

On peut légitimement penser que, dans le trou, on passait un bâton, mais pour suspendre quoi ?

Outre la version qui propose de faire sécher des tissus fraîchement teints, on trouve également :

  • pour faire sécher le linge de la lessive ;
  • pour faire sécher des peaux de bêtes tannées pour la fourrure :
  • pour suspendre des tapis lors des grandes fêtes ;
  • pour suspendre des rideaux devant les fenêtres pour calmer l’ardeur du soleil…

Mais parfois, on trouve ces pierres avec le trou disposé à la verticale, souvent sous une terrasse. Servaient-ils alors à disposer une sorte de grillage sur des bâtons comme on peut le voir encore de nous jours ?

Giotto ou Carpacio les ont peint dans leurs œuvres.

Carpaccio

Tassini, Trincanato, Lorenzetti, Molmenti… tous les historiens de l’architecture vénitienne ont écrit une version différente de l’utilisation de ces pierres, mais aucun n’a résolu le mystère.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Oliaiklod 11319 partages Voir son blog

Magazines