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« Je suis prof, et (je) ça vous emmerde. »

Publié le 16 octobre 2014 par Soseducation

Hier, quelqu’un m’a dit «Encore en vacances ? Mais tu travailles jamais ! ». Dans ton imaginaire, j’ai probablement les joues roses et l’oeil alerte, je sautille d’élève en élève pour leur expliquer en comptines les règles difficiles et je dors du sommeil de la bien-heureuse, fière du métier accompli et comblée par mes nombreux loisirs : cuisine, guitare, peinture sur verre et scrapbooking. Alors, cher quelqu’un, sache que mes dix dernières semaines travaillées 50 heures chacune, seule devant mon ordinateur, devant mes élèves ou devant mes cahiers, ne me laissent même pas l’énergie de faire ma lessive. Je suis crade, j’ai des cernes et je suis proche du coma par épuisement. Et pendant ce temps, mes élèves continuent de sautiller, sans fin.

Hier, quelqu’un m’a dit « T’as de la chance quand même, à 4 heures tu as fini ta journée. » Dans ton imaginaire, j’ai probablement une armée de petits elfes qui vient le soir à l’école imprimer mes exercices et corriger mes copies, ce qui me permet de manger mon choco BN trempé dans du lait, tranquillement installée sur mon canapé pour le goûter. Alors, cher quelqu’un, sache que pour moi, à 4 heures la journée commence réellement et le plus dur est devant moi. Plusieurs heures de travail fastidieuses, les yeux plissés sur les lignes bleues des cahiers pour ne surtout pas laisser passer la moindre faute, synonyme d’une réaction immédiate d’un parent mécontent, prof indigne que je suis. Et pendant ce temps, mes élèves continuent de coller leurs feuilles à l’envers et d’écrire octobre sans r.

Hier, quelqu’un m’a dit « Oui, enfin bon, l’addition posée c’est pas bien compliqué». Dans ton imaginaire, la tâche la plus ardue de mon travail consiste probablement à calculer une division à deux chiffres. J’ai d’ailleurs arrêté ma scolarité en 5ème parce que je n’en voyais pas l’utilité pour faire maîtresse en CP. Alors, cher quelqu’un, sache que la pédagogie est une science complexe, et que chaque activité simpliste proposée à mes élèves est en fait le fruit d’une réflexion intense qui fait fumer mon cerveau. Activités qu’il faut penser progressives, et répartir sur la semaine, la période, l’année, le cycle… mais je te perds, je manque de pédagogie. Et pendant ce temps, les élèves continuent d’oublier la retenue.

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