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Annabelle, la belle arnaque

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

Annabelle, la belle arnaque

Alors qu’avec Conjuring : Les dossiers Warren, James Wan livrait un film d’horreur classique et efficace à la réalisation eighties très soignée, sa préquelle réalisée par John R. Leonetti, Annabelle, rabâche les mêmes thèmes mais n’apporte pas le même soin à l’esthétique du long-métrage. John R. Leonetti n’en est pas à son premier méfait puisque c’est à lui qu’on doit le nanar sidéral Mortal Kombat : Destruction Finale.

Mia (Annabelle Wallis) et John Gordon (Ward Horton) file le parfait amour jusqu’au jour où un couple de hippies sataniques (sic) s’introduisent chez eux et tentent de les assassiner. Acculer par la police, la meurtrière se donne la mort en s’égorgeant une poupée à la main. Le couple décide de déménager pour mener à terme la grossesse de Mia. Bien que John ait jeté la poupée avant le déménagement, celle-ci réapparaît lorsqu’ils déballent leurs cartons. La poupée, prénommé Annabelle est alors au centre d’événements inquiétants. Le père Perez (Tony Amendola, le fameux Maître Bra’tac de Stargate SG1, vu plus récemment dans Continuum) et Evelyn (Alfre Woodard), une amie bouquiniste qui verse dans les sciences occultes aideront le couple à faire face.

Annabelle, la belle arnaque

Annabelle, Mia (Annabelle Wallis) et John (Ward Horton)

L’ouverture du film sur une prêche du père Perez incarné par Tony Amendola nous laisser espérer une suite intéressante. Il faut avouer que c’est seulement l’aura qui incarne l’acteur dans notre imaginaire geek qui nous affole à son apparition. C’est malheureusement le seul moment de joie « éphémère » qui émaillera Annabelle. Le reste du film est tout à fait classique au mauvais sens du terme. C’est-à-dire, non pas réalisé avec soin, mais accumulant les figures imposées. Ainsi, comme dans Conjuring, on nous rappelle les subtilités du bestiaire infernale. Comme dans Conjuring, il ne s’agit pas de fantôme mais un démon. Comme dans la majorité de la production horrifique tendant vers la démonologie, l’objet possédé sert de passage à une incarnation du diable et celle-ci veut posséder notre âme en nous forçant par la folie à lui offrir de notre plein gré. Comme dans Conjuring, la femme victime du démon pense un temps devenir folle mais son mari finit par la soutenir. A contrario, Annabelle se débarrasse du meilleur côté de Conjuring qui mettait en scène une lutte à mort contre l’esprit malin. Ici, il n’y a aucune tentative d’exorcisme, le problème est littéralement balayé par une fin que l’on voit arrivez de très loin. Bien entendu, après ce dénouement bâclé, le film se termine sur une ouverture pour une éventuelle suite. Il paraît que trois autres spin-off de Conjuring sont d’or et déjà prévu alors que le souffle de l’original s’éteint déjà. Dire qu’avec une poupée comme personnage central, on a eu le droit à Chucky de Tom Holland et Puppet Master de David Schmoeller, Annabelle fait vraiment l’effet d’un soufflé dégonflé. À la fois drôle et flippant, ces deux franchises savaient exploiter leur sujet, en faisant une approche originale, sans en faire une énième excuse pour multiplier les « jump scare » et répéter à l’infini les mêmes schémas.

Annabelle, la belle arnaque

Mia (Annabelle Wallis) et Annabelle

Il paraît qu’Annabelle a provoqué des émeutes dans quelques cinémas qui ont décidé de ne plus projeter le film. Si nous n’avons pas un doute sur la valeur publicitaire de tels événements (que les médias perroquets ont saisi au vol), nous dirons notre certitude que ce n’est certainement pas la puissance évocatrice du film qui en est l’origine mais plutôt le fait de bandes venus spécialement pour faire du désordre. C’est tout bonnement impossible que le film est pu faire peur, même à des esprits très sensibles, au point d’enclencher des violences. Si vous voulez voir un vrai film d’horreur novateur, à la fois sensible et intelligent, ancré dans notre existence sans passer par la sainte trinité du couple marié récemment parents, enrichissant le rapport entre l’horreur et le fantastique, préférez Mister Babadook de Jennifer Kent qui sortira en DVD le 3 décembre 2014.

Boeringer Rémy

Pour voir la bande-annonce :


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