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USDeauville 2014, "Love is strange" : tombent les masques...

Par Vierasouto


19 - 10
2014
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PITCH.
Après presque 40 ans de vie commune, George et Ben se marient. Les conséquences ne se font pas attendre : L'un perd son emploi, l'autre à la retraite, le couple est obligé de déménager et faire appel à leurs amis pour les loger.

MINI-CRITIC

NOTES.
Après 39 ans de vie commune, George et Ben décident de se marier. Mais si tout le monde semble se réjouir le jour du mariage (le film démarre par les préparatifs de la noce), les vrais visages des uns et des autres vont être démasqués quand le couple fera appel à eux. Ben 71 ans, à la retraite, George, professeur de musique, se fait licencier au lendemain de leur mariage. Du jour au lendemain, le couple ne peut plus rembourser les traites de son appartement à New York, obligé de le vendre à perte. Mais où loger en attendant de trouver un appartement de location bon marché? George et Ben font alors appel à leurs meilleurs amis.

photos Pretty Pictures
ET AUSSI...
Beaucoup de sensibilité et de pudeur dans ce film intelligent qui dénonce principalement deux choses : d'une part, l'hypocrisie de la société qui veut bien "fermer les yeux" mais pas avaliser un mariage homosexuel inséré dans la vie de tous les jours (cas du licenciement de George par le responsable religieux de l'établissement scolaire, parfaitement au courant de sa situation qu'il vit en couple avec Ben mais craignant le scandale d'un mariage). D'autre part, le fossé entre amitié et intimité quand chacun des deux hommes obligés de se séparer, va habiter chez des amis dont ils découvrent le vrai visage : Ben est hébergé chez son neveu, Elliot,  et son épouse égocentrique, Kate (déjà, on la voit porter un toast lors de leur mariage et ne parler que d'elle!), George habite dans son immeuble chez un couple de jeunes policiers gay qui font la fête toutes les nuits. Le premier est perçu par l'épouse du neveu comme un boulet à qui "il faut faire la conversation", leur fils n'étant pas de reste, obligé de partager a chambre avec lui. Le second n'en peut plus du bruit et du manque de sommeil.
Beaucoup d'émotion aussi quand ce couple âgé, souffrant tant d'être séparé, Ben, dit l'oncle Ben par sa famille, est obligé de prendre le métro en pleine nuit pour retrouver George dans un café ou un restaurant. Bien que le plus jeune des deux, c'est George qui prend les décisions, protège Ben,
George s'en veut d'avoir sous-estimé les risques d'un mariage, la séparation marque que leur couple était basé aussi sur cet équilibre. Mais cette impossible cohabitation avec des tiers dont on se croyait les meilleurs amis est très bien vue, le thème étant universel ; la cellule familiale ne supporte pas un "corps étranger", furieuse d'être dérangée dans son train-train, tout en étant mal à l'aise du miroir que leur renvoie la situation : se découvrir moins généreuse qu'elle ne pensait l'être, la présence de l'Oncle Ben, ici, finissant par ébranler aussi les certitudes de Kate et Elliot, ce couple quinquagénaire idéal, mais mari absent, ado en crise, épouse exaspérée.
Un film intelligent, subtil, triste et lucide mais léger dans le traitement du sujet, conservant toujours de l'humour et de la tendresse. Il faut voir ce film qui vous renvoie à beaucoup de situations débordant très largement le cadre de départ, combien c'est facile de donner mais difficile de partager (sa maison, son intimité), combien cette société individualiste ne connaît de la compassion et l'entraide, voire de la tolérance que la théorie et les discours et si peu la pratique.

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Mots-clés : avant-Premières, CinéFestival, , Cinéactuel, cinéma américain, Love is strange, Ira Sachs

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