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R.J. Ellory : Mauvaise étoile

Publié le 20 octobre 2014 par Lebouquineur @LBouquineur

R.J. ElloryR. J. Ellory, de son nom complet Roger Jon Ellory, est un écrivain britannique, auteur de romans policiers et de thrillers, né à Birmingham en 1965. Il n’a pas connu son père, parti avant sa naissance, sa mère est morte d’une pneumonie foudroyante alors qu'il avait à peine 7 ans, son grand père est mort noyé et sa grand-mère de santé fragile décidera finalement de le placer en orphelinat avec son frère. C’est là qu’il découvre la littérature. Après un court séjour en prison pour vol de poules, il monte un groupe de rock mais pas de chance, le batteur décède d’une crise d’asthme. Il décide alors, à 22 ans, de se lancer dans l’écriture. En avril 2013, Le magazine Lire révèle qu'Ellory est un membre actif de l’Église de Scientologie depuis 1986. Son roman, Mauvaise étoile, est paru en France en 2013.

Texas, 1964. Elliott (Digger) et Clarence (Clay), deux adolescents orphelins et demi-frères, n’ont connu que les maisons de correction ou centres de détention pour mineurs quand ils sont pris en otage lors de son évasion par Earl Sheridan, un psychopathe fou furieux, qui les embarque dans un road-trip meurtrier. Quand Earl sera abattu par les policiers à leurs trousses, la route des deux frères va se séparer, Digger subjugué par les théories du psychopathe va s’engager dans cette voie mortelle, tandis que Clay plus raisonnable va tenter d’en suivre une autre. Un concours de circonstances lancera toutes les polices derrière Clay, suspect des crimes commis par Digger…

Excellent thriller qu’on dévore littéralement, pressé d’en connaître la fin. La construction est simple mais habile. L’intrigue se déroule sur une dizaine de jours, dans de petites bourgades à la frontière du Texas. L’un, Digger, trace la route en s’enfonçant d’heure en heure dans le crime et l’horreur la plus absolue en une escalade de violence ahurissante car gratuite, tandis que l’autre, Clay, qui entre temps s’est retrouvé en charge de Bailey, une jeune fille de quinze ans, essaie de fuir vers un ailleurs meilleur au nom prometteur, Eldorado. Sans que ni l’un, ni l’autre ne le sache, les deux frères convergent vers cette destination lue dans un journal et qui avait marquée leur imagination quand ils étaient en centre de détention. Inexorablement, leurs routes se rapprochent puis se chevauchent jusqu’au dénouement final. La tension monte d’autant plus que le FBI est décidé à abattre Clay à vue, le suspect que nous lecteurs savons innocent, tandis qu’un simple policier, John Cassidy, commence à entrevoir la vérité.

L’écriture est désarmante de simplicité, le ton est doux alors que les faits sont atroces et répugnants. Les mots s’enchainent les uns aux autres, les phrases fusent, les chapitres sont courts alternant classiquement, le parcourt de chaque frère ou de la police, ce qui accélère le rythme de la lecture. Pour renforcer l’effet d’inquiétude, Ellory prévient sans arrêt le lecteur de s’attendre à voir les ennuis s’accumuler pour ses personnages secondaires qui sont dépeints en quelques lignes ou phrases, les campant parfaitement. Le texte est truffé d’aphorismes qu’on ne peut s’empêcher de souligner (« Quand on manque d’assurance, on prend les certitudes des autres pour des vérités, aussi creuses et fausses soient-elles. »).

. Jamais l’écrivain ne juge, il observe et décrit la montée de violence comme une face de la nature humaine. Le seul reproche qu’on puisse faire à cet ouvrage, ce serait son manichéisme simplet, plus Digger s’enfonce dans le crime, plus Clay s’approche de la pureté au contact de Bailey…   

« Les gens disent qu’il y a les types mauvais, et les types vraiment mauvais. Ceux du second groupe sont à peu près irrécupérables. Autant les descendre sur place. Et autant le faire la première fois qu’on les croise. Sinon ça n’entrainera qu’un paquet de chagrin pour tout le monde. Clarence appartenait peut-être à la première catégorie, et Elliott aussi, mais les personnes qui influenceraient le plus le cours de leur vie appartiendraient assurément à la seconde. »

R.J. Ellory
R.J. Ellory  Mauvaise étoile  Sonatine – 535 pages –

Traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau


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