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Publié le 22 octobre 2014 par Asiemute

... la coulée verte de Nice, à deux pas de chez moi ;)

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Lorsqu'il avait rencontré Sara la première foi,Tsukuru avait été curieusement séduit par son visage. Au sens habituel du terme, elle n'était pas belle. Ces pommettes saillantes lui donnaient un air plutôt obstiné, son nez était fin et légèrement pointu. Mais il y avait dans ce visage quelque chose de très vivant qui avait retenu son attention. Ses yeux étaient très étroits mais, lorsqu'elle cherchait à fixer quelque chose, ils s'ouvraient soudain largement. Et l'on découvrait alors ses pupilles noires pleines de curiosité, qui ne renfermaient aucune timidité.

Il y avait un endroit spécial sur le corps de Tsukuru, dont il n'avait en général pas conscience, une toute petite zone extrêmement sensible. Quelque part dans son dos. Une partie tendre et délicate, le plus souvent couverte, cachée, invisible de l'extérieur, que sa main n'arrivait pas à atteindre. Mais parfois, quand il s'y attendait le moins, cette petite zone se réveillait comme si quelqu'un exerçait dessus une pression du doigt. Et cela induisait chez lui une réaction interne. Une substance particulière était secrétée à l'intérieur de son corps, se mélangeait à son sang et se diffusait partout, jusque dans ses moindres extrémités. La stimulation qu'il ressentait alors était à la fois d'ordre physique et psychologique.

Lors de cette première rencontre, il avait eu la sensation qu'un doigt anonyme avait clairement appuyé sur l'interrupteur. Ce jour-là, ils avaient beaucoup parlé, mais il ne se souvenait pas de quoi. Il se rappelait seulement cette sensation saisissante dans son dos, cette stimulation mystérieuse qu'il ne pouvait nommer et qui l'affectait dans son corps et dans son âme. C'était comme si, alors qu'une partie de lui se relâchait, une autre se contractait. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Tsukuru Tazaki avait réfléchi des jours durant sur le sens possible de ce phénomène. Mais il n'avait jamais été très fort quand il s'agissait de se perdre dans des considérations abstraites, dépourvues de formes. Aussi envoya-t-il un mail à Sara pour l'inviter à dîner. Afin de s'assurer de la portée de cette sensation, de ce stimulus.

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Extrait de L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage de Haruki Murakami

Photos à Nice, promenade du Paillon


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