Sagesses sans frontière

Les éditions Almora publient un nouveau livre d'Alain Delaye :

Sagesse sans frontières

Préface de Michel Hulin

Nous vivons dans l’inconcevable,
mais avec des repères éblouissants.
René Char

La multitude des sages est le salut du monde.
Sg 6, 24

L’Infini, à tout homme,
quoi qu’il veuille ou fasse…
ça lui rappelle quelque chose.
Il en vient.
Henri Michaux

Alain Delaye nous propose une véritable somme de la spiritualité universelle à travers ses principaux courants : hindouisme, bouddhisme, judaïsme, christianisme, islam, auxquels il ajoute les sages et mystiques hors traditions comme Socrate, Spinoza, Krishnamurti ou Etty Hillesum.

Alain Delaye montre aussi qu'au-delà des différences d'expression, liées aux contextes culturels qui les ont vu naître, les expériences spirituelles se rapprochent par bien des aspects et nous parlent finalement du même mystère.

Un livre de référence pour tous ceux qui s'intéressent à la spiritualité et à la sagesse.

Editions Almora 2014

Voici un extrait sur Kâbir :

"Pour Kabir, contempler Râm dans tous les êtres, c'est aussi le voir en chacun, quelle que soit sa  condition :

"Allah demeure invisiblement en chaque corps,

il est le même dans l'Hindou et le Musulman."[8]

"Dans le lac du corps fleurit un Lotus merveilleux

où demeure la lumière suprême,

l'Absolu sans-limites et sans-formes."[9]

   Et c'est le contempler en soi :

"Celui-là est vraiment fou qui ne se connaît pas lui-même :

s'il se connaissait, il connaîtrait aussi l'Unique."[10]

   En conséquence de quoi :

"Servez-Le de tout votre cœur et de toutes vos forces,

car Râm est présent dans tous vos membres."[11]

   De cette immanence de Dieu en soi et de soi en Dieu, de Dieu et de soi ne faisant qu'un, Kabîr dit être parfaitement conscient :

"Je suis en tout, tout est en moi.

Hors de moi, il n'y a rien (…)

Je suis transcendant, sans forme ni division.

Je me suis donné à moi-même le nom de Kabîr,

moi-même, j'ai donné cette manifestation de moi-même."[12]

"L'univers entier est mon sifflet, la terre est mon écuelle,

je porte sur mon corps les cendres du monde.

Je me suis concentré au confluent des trois temps et les ai renversés,

libéré, je suis devenu omniprésent."[13]

"En invoquant Râm, Kabîr s'est transformé.

Il est devenu le Vrai, et ne va plus nulle part.

Par le voisinage du santal, l'arbre est altéré,

mais cet arbre, devenu santal, est sauvé.

Par la compagnie des saints, Kabîr s'est altéré,

mais ce Kabîr, devenu Râm, est sauvé !"[14]

   On notera que si Kabîr ici se prétend Dieu, il se dit aussi sauvé, c'est-à-dire libéré de l'ego qui l'emprisonnait. Son affirmation "je suis Dieu", "je suis le Vrai", qui fait écho à celle de Hallaj", n'a de sens qu'en regard de cette autre : "je ne suis plus un moi séparé", "mon ego s'est effacé".(...)

   Kabîr se situe au confluent de la doctrine hindoue du Brahman-âtman, de la grande intuition judaïque du "Je suis" et de" l'affirmation islamique du seul "Vrai". Cette perception d'un grand Existant, d'un divin unique en tous et partout, lui fait récuser toute espèce de séparation et d'exclusion : "En Toi, il n'est ni forme, ni division, ni posture, ni illusion."[17]

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[1] Op.cit.p.171.

[2] Op.cit.p.194.

[3] Op.cit.p.177.

[4] Op.cit.p.179.

[5] Op.cit.p.61.

[6] Op.cit.p.72.

[7] Op.cit.p.150.

[8] Op.cit.p.70.

[9] Op.cit.p.105.

[10] Op.cit.p.190.

[11] Op.cit.p.168.

[12] Op.cit.p.200.

[13] Op.cit.p.123.

[14] Op.cit.p.187.

[15] Op.cit.p.173.

[16] Op.cit.p.87.

[17] Op.cit.p.175.