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"My Magic" frappe au coeur et Paolo Sorrentino revisite Francesco Rosi dans "El Divo"

Par Vierasouto
Paolo Sorrentino revisite Francesco Rosi dans "El Divo"" />
limousine blanche géante pour Dennis Hopper ce vendredi, c'est loin "Easy rider"...,
photo www.cinemaniac.fr


En attendant pendant une heure et demi devant la salle du 60° anniversaire pour essayer de voir le film loupé hier "Adoration" d'Atom Egoyan, je manque d'attraper une insolation après la pluie... Encore une interview sauvage, micro, caméra, pour me demander si j'ai compté mes heures d'attente depuis dix jours, on dirait qu'après 61 ans de festival de Cannes, les journalistes tombent des nues et démystifient un peu cette année le rêve cannois. Personne ne rentrera pour "Adoration", pas plus que la veille, qui est donc installé dans cette salle de 400 places? On n'en saura rien. Je remplace le film par un déjeuner à la terrasse de "La Potinière" en face du Palais, une petite équipe de tournage débarque qui filme un documentaire sur Michel Ciment de la revue "Positif", le cameraman est quasiment assis sur ma table... Michel Ciment doit pour l'heure commenter la leçon de cinéma de Tarentino de la veille après avoir rencontré le réalisateur ce matin.
Vers 16h, j'enchaîne sur le film singapourien en compétition "My Magic" d'Eric Khoo, une petite merveille de simplicité, un film bouleversant de 1h15, malheureusement, la projection est gâchée par un troupeau de gens qui va et vient, pendant la première demi-heure, on fait entrer plein de retardataires et pendant le temps qui reste, les mêmes gens s'en vont...
"My Magic" d'Eric Khoo / Singapour / compétition
photo Wild Bunch
Un serveur de boite de nuit au dernier degré de l'alcoolisme vit avec son fils qui prend soin de lui et pas l'inverse. Le gamin s'échine à travailler à l'école pour ne pas finir comme son père, vendant des corrigés à ses camarades pour gagner un peu d'argent. Grâce à la prestidigitation qu'il a abandonnée après le départ de sa femme, le père va essayer de se rapprocher de son fils et de gagner mieux sa vie pour lui payer des études. Le colosse magicien, avaleur de feu, fakir, professionnel expert, reprend du service mais tombe sous la coupe de son patron qui le paye cher pour un spectacle un peu particulier : distraire le grand patron en se laissant frapper toujours plus fort jusqu'à la torture physique.
Ce sacrifice d'un père, l'âme détruite par la vie, qui ne possède qu'un don, la magie, et va recommencer à exister aux yeux de son fils en redevenant le magicien, est un drame sec bouleversant. Au fil du récit, le fils voit rentrer son père, ses chemises tâchées de sang, des rouleaux de billets dans la main. Si le film débute en tragicomédie, la seconde partie est mélodrame poignant. Ces coups de téléphone factices (il n'a pas payé la note) que le père passe à son épouse disparue serrent le coeur. Ces tours de magie que le père apprend à son fils, ces timides repas partagés, depuis longtemps, les rôles sont inversés, le fils fait fonction de père pour le père, mais le colosse va mourir dans une dernière ligne droite sacrificielle pour offrir enfin à son fils une image de père. La fin est un peu naïve mais ça passe, le film est si fort qu'on a besoin, spectateur aussi d'un peu de réconfort.
Tourné en huit jours avec un acteur incroyable au physique d'homme des cavernes (Francis Bosco) qui joue un rôle autobiographique, lui-même étant cracheur de feu, interprétant ce colosse inconsolable d'avoir perdu la mère de son fils et avec elle l'univers de la magie car elle était son assistante, ce film simple et modeste frappe fort avec des très petits moyens. Une belle découverte.


Noémie Lenoir, égérie L'Oréal au regard de chat, photot www.cinemaniac.fr

Sortie de "My Magic", je passe roder près des voitures officielles, Dennis Hopper débarque d'une gigantesque voiture blanche avec sa jeune épouse, ensuite, c'est Noémie Lenoir qui se prête gentiment aux photos, très détendue. Je rejoins une consoeur blogueuse au bar du Majestic pour avaler rapidement un luxueux plat de pâtes et je fonce me changer, c'est à dire me déguiser en soir pour tenter le tapis rouge de 22h30. Je me hasarde à l'accès de dernière minute pour le dernier film de Paolo Sorrentino "El Divo" dont on entend depuis le matin que c'est bon, la côte monte... Déjà, des porteurs d'invit sont bloqués, tout le monde ne passera pas, donc, la file de dernière minute n'a aucune chance de monter les marches. Je crois que depuis le début du festival, cette file d'attente, qui fonctionnait très bien l'année dernière, m'a permis d'entrer deux fois, c'est peu, pour le reste, je ne dois l'accès aux projections dans le grand théâtre Lumière qu'à des invit données, arrachées, etc... Comme je bavarde avec l'équipe de sécurité, une jeune femme du staff jolie et souriante s'approche de moi, il est 22h25 et je m'apprête à rebrousser chemin vers un bar quelconque de la Croisette, et, là, elle sort de sa poche une invit top qu'elle me donne : une place d'orchestre au centre, à quelques rangs de l'équipe du film, je n'ai jamais été si bien placée, qu'elle soit bénie... J'avais adoré "L'Ami de la famille" que le public avait boudé, ce soir, c'est le contraire, Paolo Sorrentino est ovationné pour ce film politique inspiré de l'école Francesco Rosi, revu et corrigé, quant à moi, je suis sceptique...

Gaël Garcia Bernal arrive en voiture officielle ce vendredi, photo www.cinemaniac.fr
"El Divo" de Paolo Sorrentino / Italie / compétition

Enquête sur le citoyen Giulio Andreotti, leader de la droite démocrate chrétienne en Italie depuis des décennies, âgé aujourd'hui de plus de 90 ans. Partagé entre film politique, avec références historiques précises et portraits de personnages existants, et film créatif manière Sorrentino, on en sort un peu perplexe. Sur le fond, c'est du Francesco Rosi, Elio Petri remis au goût du jour, sur la forme, le héros est le jumeau du vieux garçon de "L'Ami de la famille" : un presque vieillard raide et migraineux, à la voix monocorde, qui passe son temps devant un verre où il dissout de l'aspirine effervescente. L'ensemble, bien que beaucoup moins excentrique que le film précédent, est très stylisé avec des ruptures de rythme ludiques et une BO éclectique souvent tonique. 
Mots-clés : , , Eric Khoo, El Divo, Paolo Sorrentino

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Par vierasouto | Avant | 24/05/2008 04:32 | Cannes 2008 de J1 à J12 | aucun commentaire | Lu 7 fois |

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