Un homme évoque son père, son grand-père. Il passe en revue leur trois générations avec chacune leurs failles, leurs chutes. D’abord, le grand-père, survivant d’Auschwitz et qui pourtant n’en a jamais parlé jusqu’à son suicide. Son père, malade d’Alzheimer. Et lui-même, un peu perdu dans son identité depuis qu’il s’est ligué avec ses camarades pour lâcher le souffre-douleur de la classe alors qu’ils le faisaient sauter en l’air lors de sa bar-mitzva, et sa lente descente dans l’alcoolisme. Il ressasse ces trois histoires encore et encore, pour comprendre leurs liens, expliquer au final sa propre histoire. Avec toujours ce même motif, la chute, toujours plus bas.
Autant vous prévenir, ce roman a une forme très singulière. Pas d’intrigue, pas de ligne narrative, plutôt un motif décliné sous trois identités, trois histoires liées les unes aux autres, qui ne sont pas vraiment racontées dans l’ordre chronologique mais plutôt celui de la plongée dans l’intériorité du narrateur, comme s’il était hanté, poursuivi par ces chutes à répétition, comme une spirale où l’on retombe inévitablement sur une autre chute. Il y a quelque chose d’obsessionnel, bien sûr, à voir partout ce motif de descente, lente ou brutale, encore et encore, dont il espère toujours retrouver l’origine dans ce qui est réellement arrivé à son grand-père à Auschwitz et qu’il ignore.
Son statut de Juif, de fils de survivant, semble toujours le poursuivre et le questionner, lui revenir dans la figure dans une grande problématique sur le souvenir. On sent, bien souvent, son interrogation sur sa place dans cette filiation: comment se situer face à ceux qui ont vécu l’holocauste? Peut-on réellement vivre normalement avec un tel héritage? Entre le silence du grand-père qui pourtant a laissé tant de journaux avant sa disparition, la mémoire de son père qui disparaît peu à peu, c’est aussi sur un souvenir qui s’étiole que ce livre nous invite à nous interroger.
Cependant, j’ai eu du mal à avancer. Parce que finalement, tout avance assez peu, et cette structure spiralaire qui ne cesse de revenir et ressasser les mêmes événements m’a semblé vraiment lente et a fini par me lasser. C’est très difficile à suivre et je n’ai pas toujours compris où l’auteur voulait en venir. Le style lui aussi a de quoi déstabiliser: on trouve parfois de très, très longues phrases décousues dont je ne voyais plus le bout. Tant sur la forme que sur la langue, j’ai eu donc assez souvent du mal à suivre ce journal.
La note de Mélu:
Découverte intéressante mais un peu exigeante. Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour cette lecture.
Un mot sur l’auteur: Michel Laub (né en 1973) est un avocat, journaliste et écrivain brésilien.
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