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On y était : RIAM FESTIVAL 11

Publié le 26 octobre 2014 par Hartzine

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Photos © Sigrun Sauerzapfe

Pendant que Marseille s’agglutinait à la Fiesta des Suds devant Superfunk ou Chinese Man, de l’autre côté de la ville, certains n’ont pas cédé à l’appel de la fête populaire phocéenne pour faire honneur au Riam Festival et à quelques artistes peu ou pas connus des tréfonds de l’électro européenne, ou du moins berlinoise. Mise à part le reconnu dj local Why Am I Mr Pink et le français (mais résident berlinois) Humantronic, les 3 artistes de weekend nous viennent tous, par coïncidence, de Neukölln. Pas vraiment par coïncidence d’ailleurs puisque c’est la structure Berlin Current, émanation du brillant CTM festival, qui s’occupe de promouvoir des artistes locaux et a ainsi servi au Riam un plateau du terroir pour son weekend d’ouverture.

Aux Demoiselles du 5, petit lieu de la nuit alternative à Marseille, on se réunit autour de Moon Wheel installé en plein milieu d’un dancefloor assez roots. Sur cassette, le suédois-berlinois pratique une électro lo-fi à l’aura mystique, mais sait également grimper sur un plateau techno. Vu le contexte intimiste, il maintiendra tout son live en downtempo et ça fonctionne : on pensera un peu à du Boards Of Canada moins léché, et, beaucoup, à Pye Corner Audio pour le psychédélisme lointain. Humantronic pliera ensuite la soirée avec un dj set electro-tech dynamique, qui enverra tout le monde rouler dans les pentes du Cours Julien après la fermeture.

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Le ton est plus lourd le lendemain dans la cave de l’Uppercut, normalement consacrée au jazz contemporain. Il y a peu de monde, mais les absents ont tort bien sûr. Les productions de l’Australienne Phoebe Kiddo tournent autour du rythme : ses constructions sont astucieuses, empreintes de footwork, de dubstep, mais avec un glacis allemand et une finesse très moderne. Elle recouvre ses structures bondissantes de samples vocaux souvent asiatiques qui compliquent agréablement sa formule sans pour autant tomber dans de l’IDM de geek autosuffisante. Toute cette méticulosité sera cependant ébranlée par le live viking d’Oake. On connaissait jusqu’ici le duo pour ses précieux EPs de techno abstraite et tribale, mais leur projet s’oriente désormais vers une mystique gothique qui n’a pas froid aux yeux. Le couple (ils sont même mariés) mise sur la catharsis et l’occulte alors que leurs compos s’éloignent de la techno et basculent dans le noise et le drone, comme une sorte de Pharmakon électronique. Leur formule live comporte aussi pas mal de théâtre : le set est annoncé par de vieux carillons en live, madame se perd dans un chant très lyrique pendant que monsieur crie volontiers, et leur dynamique de couple joue beaucoup dans la tension globale (on les voit s’embrasser furtivement). Pendant un des tracks, le binôme se sépare, l’un s’agenouille en hurlant pendant 5 minutes « where are you » pendant que l’autre tourne le dos au public, du fond de la scène. Curieusement, tout ce folklore indus/goth passe très bien parce que le duo expose une certaine fragilité derrière les coups de fouet et les décharges de drones, alors que ce type d’univers se veut souvent impénétrable. Le décalage du contexte marseillais (28 degrés à l’ombre en octobre, baston de rue sanglante quasiment aux portes du lieu) participait bien sûr à rendre la soirée bizarre et unique. Vous pouvez d’ailleurs encore en profiter dimanche et lundi avec le showcase de Cabanon Records et le live de Russell Haswell, d’autant qu’on vous fait gagner 2 places pour ce dernier en nous contactant via ce lien.


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