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Le bracelet XOX ou les émotions des clients à portée de “poignet”

Publié le 27 octobre 2014 par Pnordey @latelier

Le pari du bracelet connecté qui dévoile les émotions est lancé. Mais si le marketing s’y intéresse, sa production a, avant tout, la spécificité de faire rentrer les wearable devices dans l’ère du Big Data.

Fait d’une bande de silicone, le bracelet connecté XOX utilise les caractéristiques de la peau elle-même pour identifier les changements d’une émotion à l’autre. En effet, les propriétés électriques de la peau varient d’après les altérations du système nerveux et le porteur d’un tel bracelet peut ainsi voir en direct l’évolution de ses diverses données biométriques (à commencer par le stress, autrement dit le rythme cardiaque). Pour augmenter l’aspect visuel du device, des LED qui répondent aux "émotions" ont été intégrées, comme par exemple la couleur magenta qui indique l’état le plus fort d’excitation. Le bracelet rend visible des ressentis psychologiques en les retranscrivant en données informatiques. Plus précisément, il synchronise trois états de natures différentes : les émotions psychologiques comme le stress se transmettent en signaux physiques, qui à leur tour sont extériorisés par le bracelet.  

Produit par l’agence de design Studio XO, le bracelet connecté est le premier wearable a avoir été pensé comme un moyen de connaitre l’émotion agrégée d’une foule en direct. Et pour cause, cette agence s’est fait connaître en participant à des représentations et performances d’artistes mondialement connus comme Lady Gaga ou les Black Eyed Peas. Mais son utilité pourrait s’étendre à d’autres secteurs.

Capter et agréger en direct les émotions d’une foule

En effet, avant de le monétiser, le studio XO cherche avant tout à démontrer les potentialités hybrides d’un tel bracelet. Pour cela, plusieurs projets ont été lancés dans des secteurs très différents, de l’automobile à l’événementiel. À chaque fois, la prétention du studio XO est de vouloir intégrer l’expérience humaine, l’art et la technologie.

Lors du New Directors’ Showcase, organisé par Saatchi & Saatchi à Cannes, des bracelets de cette sorte furent portés par l’ensemble des spectateurs. La performance s’appelait "Feel the Reel". L’ensemble des données ont ensuite été récupérées et analysées au regard des images diffusées sur l’écran central pendant l’expérience. Concrètement, lorsque les court-métrages diffusés représentaient des images très fortes émotionnellement, les émotions captées collectivement changeaient en direct. Comme les LED des bracelets prennent des couleurs différentes selon les émotions, l’ambiance même de la salle changeait selon l’humeur collective, c’est-à-dire selon la teneur des images diffusées. Dans ce registre, le bracelet apparaît aussi comme un équivalent hardware aux divers boutons "like" qui sont nés sur les médias sociaux pour enrichir les modes d’interactions.

Comment cacher ses émotions ?

Pour l’instant, la communication officielle autour du bracelet vise très directement l’événementiel. L’utilisation du Big Data prend une dimension supplémentaire dans un événement où ce les participants ne peuvent plus mentir sur les émotions ressenties. Certes les études comportementales ont depuis longtemps intégré des capteurs biométriques mais Studio XO permet d’étendre ce procédé à plusieurs milliers d’utilisateurs en même temps.

This way to the future @Cannes_Lions @saatchi_sisomo @STUDIO_XO #SaatchiNDSCannes2014 @trippcrosby @morrisism pic.twitter.com/dYjESxqpG5

— Lee Sharrock (@SharrockLee) June 20, 2014

Les critiques furent nombreuses lors de la diffusion des images du New Directors’ Show qui montraient une foule avec un bracelet au poignet reflétant leur état mental. Le fait que les données puissent être agrégées sur une application pour révéler l’état émotionnel du public a en effet pu alerter certains observateurs. Il est certes facile d’imaginer les effets pervers auxquels un bracelet doté d’une telle prétention peut mener. À l’heure actuelle, la simplicité de son utilisation et son aspect massif font de ce bracelet un outil qui ne peut que rapprocher les marques de leurs consommateurs. De façon plus invasive encore, le capteur de mouvement intégré permet d’isoler et de modéliser la trajectoire du bracelet en 3D. Exactement comme les capteurs utilisés dans l’industrie cinématographique pour perfectionner les effets spéciaux.


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