L’utilisation du "like" Facebook n’est pas un élément de langage mais revêt l’apparence d’un discours. S’il participe de la liberté d’expression, il doit être constitutionnellement défendu.
L’affaire Bland contre Roberts aux Etats-Unis est un cas d’étude fondamental pour les recherches menées sur l’ampleur des réseaux sociaux dans la sphère professionnelle. Un employé, licencié pour avoir "aimé" et suivi activement une campagne de lobbying contre son propre chef, fit valoir son droit à la liberté d’expression.
De fait, les chercheurs résument les conclusions de leur recherche en rappelant que, de part le monde, des centaines de millions d’individus infèrent effectivement des jugements à partir d’un bouton "like". La question réside dans le choix de faire d’un bouton "like" un discours ou non. En mai 2013, la cour d’appel de justice en charge de l’affaire a ainsi rendu public son jugement concernant le "like" : il n’y a selon elle aucune différence constitutionnelle entre le fait de cliquer sur un bouton de soutien ou d’écrire avec les touches d’un clavier une manifestation de ce même soutien. Le "like" appartient donc, au même titre qu’une déclaration publique, au domaine de la liberté d’expression.
Une étude a été menée par des chercheurs pour comprendre quel statut les utilisateurs de Facebook qui utilisent régulièrement le "like" donne ce bouton. De fait, les chercheurs ont préféré s’intéresser à des messages à fort contenu politique pour confronter les utilisateurs au discours les plus sensibles socialement. Le "like", pour l’ensemble des participants, est ainsi interprété comme un accord avec la thèse politique soutenue. D’ailleurs, la section "aide" de Facebook donne une indication de la raison pour laquelle le bouton fut implémenté (en 2010), indication qui rejoint la thèse de l’adhésion à un discours tenu.
Toutefois, les mêmes utilisateurs qui voient dans le "like" une façon de défendre une position – et a fortiori un discours politique – sont ceux qui estiment être protégés par la Constitution. En effet, c’est justement les plus habitués du bouton "like" qui y voient une extension de la liberté d’expression appliquée au réseau social. À l’inverse, les plus réticents doutent de l’efficacité du "like" à transmettre une opinion politique sérieuse. Le fait de disqualifier la teneur politique du "like" le fait sortir du champs de la liberté d’expression.
Les chercheurs concluent de l’ensemble de leur enquête sur les opinions d’un échantillon représentatif (notamment sur du spectre politique américain), que le bouton "like" devrait être interpréter comme un discours dans l’exact sens où il est défendu par le premier amendement de la constitution. C’est parce que les individus voient dans le "like" est un message de soutien fort qu’ils infèrent logiquement que leurs "likes" seront défendus au même titre qu’aucun discours.