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Peaky blinders│les berets tranchants

Publié le 28 octobre 2014 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Inspirée par l’histoire de la famille Thompson, dont le nom a été changé en Shelby, Peaky Blinders est la série anglaise qui agite les réseaux sociaux outre-manche. Son scénariste et créateur Steven Knight, originaire des Midlands a notamment travaillé sur Les Promesses de L’Ombre, Dirty Pretty Things et plus récemment Locke. Alors que la saison deux approche de son dénouement sur BBC 2, Tom Hardy – que l’on ne présente plus – et Noah Taylor – le coupeur de mains de Game of Thrones – rejoignent le casting. Des accents « Brummie« , coupes de cheveux DiCapriesques, usines qui crachent des nuages de fumée opaques, des pintes qui coulent à flots, nous sommes bien dans les Midlands, au cœur d’une Angleterre profondément marquée par les horreurs de la guerre, l’immigration irlandaise et la pensée bolchévique… On vous propose de plonger dans « la série anglaise la plus ambitieuse de ces dernières années » (selon Big Issue).

 

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  • Une entreprise familiale :

En 1919 à Birmingham, les Peaky Blindersun groupe de gangsters portant des bérets à l’intérieur desquels sont cousues des lames de rasoirs – ont une influence sans égale sur la deuxième ville d’Angleterre.

Le clan est mené par Tommy ( le charismatique Cillian Murphy), le second d’une fratrie de quatre. Son ambition n’a d’égale que son absence d’empathie et son comportement sociopathe. Manipulateur, vicieux et anti-conformiste, Tommy est l’antihéros auquel on s’attache sans pouvoir trop s’identifier. Son aîné, Arthur a beaucoup moins l’allure d’un leader : il a un caractère impulsif et un tempérament animal; c’est la raison pour laquelle il est dans l’ombre de son cadet. Les deux autres frères, John et Finn n’ont qu’un rôle de second plan, respectivement bookmaker et messager. Bien qu’étant utile au clan, ils ne prennent aucune décision; c’est le despotique Tommy qui règne en chef sur le clan.

Alors que la première saison s’attardait sur le cœur de Birmingham et l’influence des Blinders sur la ville, la deuxième se penche sur l’extension de l’empire Shelby jusqu’à Londres. Dans la capitale, Alfie Solomon (Tom Hardy), officiellement boulanger, officieusement trafiquant d’alcool, est en guerre contre Darby Sabini (Noah Taylor), un gangster italien sans scrupules.

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  • Racontée avec une innocence enfantine :

Peaky Blinders n’est pas une série qui cherche à relater des faits historiques d’une manière objective et véridique, même si les discours semblent toujours empreints d’une touche de naturalisme qui ferait rougir Zola. Le point de départ de la série, ce sont les histoires avec lesquels Steven Knight a grandi à Small Heath (quartier industriel du centre ville). Des grands hommes avec des manteaux noirs et des bérets dans lesquels sont incrustés des lames de rasoirs, des chevaux immenses, des grands nuages de fumée : les hyperboles et exagérations donnent une touche de surnaturel enfantin. C’est à travers les yeux d’un enfants que nous est racontée la série.

Le premier obstacle pour le spectateur non averti est cet aspect candide, innocent et naïf de la série (qui parfois renforce les vices de certains pour embellir les vertus des autres). La série n’en reste pas moins réaliste dans ces grandes lignes narratives.

Au générique de Nick Cave & The Bad Seeds s’ajoutent des morceaux tout aussi rock. La musique des Kills, Arctic Monkeys et d’autres grosses pointes de la scène rock actuelle viennent côtoyer les déflagrations dans les ruelles bordant les gigantesques usines et les incessants cinglements de fer pour apporter une touche d’énergie brute. C’est en cela que la série réussit à retranscrire l’atmosphère toute particulière de l’Angleterre industrielle d’après-guerre, le tout en utilisant une bande originale actuelle. Certes, la musique qui est superposée aux images est moderne mais les sentiments qu’elle nous fait éprouver n’en sont pas moins intemporels.

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  •  Un drame avant tout:

Même si beaucoup la comparent à Boardwalk Empire, la taxant même de copie outre-Atlantique de la série à succès d’HBO, Peaky Blinders ne lui est semblable en rien. Certes, ses vedettes ont un certain succès à Hollywood, son créateur voyage régulièrement entre l’Angleterre et la Californie, et elle se déroule grossièrement à l’époque de la prohibition aux Etats-Unis, cela n’en fait pas pour autant une réplique européenne. Steven Knight dénonce d’ailleurs une réticence de la part de ses compatriotes à mythologiser des histoires qui ont marqué l’Angleterre. Jamais ne sont montrées à l’écran des histoires comme celle qui nous est narrée à travers les aventures des Shelby. C’est cette tendance anglo-saxonne que Peaky Blinders compte bien renverser. Mystifier le récit des Thompson avec lesquels les habitants de Small Heath ont grandi, tout en y intégrant des thèmes tragiques en lien direct avec l’actualité. En effet, les horreurs engendrées par la guerre tourmentent presque tous les protagonistes, qui apparaissent comme marquées psychologiquement au fer rouge. Cette marque, elle s’exprime par un syndrome post-traumatique d’un réalisme choquant (il a d’ailleurs été l’objet d’un long travail de recherche basé sur des interviews de vétérans de la guerre d’Irak). Ainsi, les personnages préfèrent se tourner vers les psychotropes (opium, cocaïne), la violence et le trafic d’armes que vers eux-mêmes et leur entourage. C’est, du moins, ce que semble suggérer la série : tous ces hommes affectés par la guerre sont hantés par ce qu’ils ont vus dans les tranchées et plutôt que d’en parler pour trouver un réconfort thérapeutique, ils s’en détournent pour plonger dans une spirale autodestructrice.

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