Pour que tu ne te perdes pas dans le

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier

   Patrick Modiano

Editions Gallimard 2014

Le héros Jean Daragane , auteur d’un livre et  quelque peu misanthrope est interpelé par un inconnu qui lui fixe rendez-vous pour lui demander des renseignements sur un des personnages« Torstel »  évoqué dans le livre paru il y a fort longtemps.  Lui-même, Ottolini,

se dit  auteur et appartient à un milieu un peu trouble. Son intermédiaire auprès de Jean Daragane est une certaine Chantal Grippay.

A cette occasion des coïncidences apparaissent des jeux de miroirs entre le présent de la narration et le passé vécu par cet auteur héros comme malgré lui d’une nouvelle histoire au centre de laquelle est son passé, son enfance déchirée entre des parents absents, une femme qui le recueille, des banlieues et lieux parisiens qui sont associées à cette période. Tout concourt au trouble : double appartement pour lui, double identité pour Agnès Vincent, triple photomatons d’un petit garçon dans lequel Daragane a du mal à se reconnaître…Ainsi lorsqu’il interroge un médecin âgé, voisin de la maison dans laquelle il a vécu enfant, ce dernier lui dit p 127

« Je pensais à quelque chose..au sujet de la Maladredie et de tous ces drôles de gens dont nous avons parlé..le meilleur témoin, ce pourrait être l’enfant qui habitait là-bas..Il faudrait le retrouver…Vous ne croyez pas ?

_ Ce sera très difficile docteur. »

Ce qui est plus intéressant ; c’est le cheminement de la mémoire, ses atermoiements entre la volonté de souvenir et l’envie de tout enfouir dans un nébuleux « no man’s land », l’écriture est mimétique de cette valse hésitation et nous sortons de ce polar intime émus par cette quête à laquelle le héros et Modiano nous ont associés.

Anne