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Blackberry Smoke @ Het Depot- Leuven, le 29 octobre 2014

Publié le 29 octobre 2014 par Concerts-Review

Mitch "ZoSo" Duterck

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Line up :
Charlie Starr : Guitars and Vocals
Richard Turner : Bass and Vocals
Brit Turner : Drums
Brandon Still : Keyboards
Paul Jackson : Guitars and Vocals
Setlist :
01 Like I Am.
02. Leave A Scar.
03. I’d Be Lyin’.
04. Six Ways To Sunday.
05. Good One Comin’ On.
06. Crimson Moon.
07. Scare The Devil.
08. Sleeping Dogs.
09. Pretty Little Lie.
10. The Whippoorwill.
11. Up In Smoke.
12. Ain’t Got The Blues.
13. Everybody Knows She’s Mine.
14. One Horse Town.
15. Ain’t much Left Of Me / When The Levee Breaks.
16. Dreams.
17. Freedom Song.
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Il est 19.00 quand je débarque du train de 18h22 en provenance de la capitale. Au sortir de la gare de Louvain ou de Leuven, c'est selon, là juste devant moi s'étend het Martelarenplein. En français, Place des Martyrs, comme quoi Verviers n'a pas l'exclusivité d'un club de musique bordant le lieu dit.
Il aurait certainement été de bon ton d'entonner d'emblée un "j'ai du bon Tobback dans ma tabatière" mais en fait de fumée ce n'est point celle de ce bon vieux Louis que je suis venu respirer, non, mon pape ce soir il sent la fumée de mûres. Une fumée aux parfums de Géorgie, pas la soviétique, non, la vraie, celle des Black Crowes, de James Brown, de Little Richard et de Blackberry Smoke.
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Je les avait découverts au Spirit of '66 il y a trois ans, un peu a la manière dont on se prend une baffe aussi soudaine qu'inattendue quand on fait une énorme gaffe étant gosse. Vous vous souvenez certainement cette époque bénie ou l'autorité parentale avait encore force de loi et où on parlait encore des devoirs de l'enfant. Maintenant, toutes ces têtes blondes n'ont plus que des droits! Mais ceci est un autre débat (nylon, inventé par Dupont de Nemours).
Ces Sudistes bon genre m'avaient impressionné au point de ressortir de chez Francis avec un exemplaire complet de la discographie disponible à l'époque. On compte aujourd'hui 4 albums studios et 2 live 1/2 officiels. Pourquoi ce « demi » me demanderez vous fort à propos? Tout simplement parce qu'ils ont enregistré un live dont ils trustent une face tandis que l'autre est occupée par Lynyrd Skynyrd, excusez du peu.
Crée il y a une dizaine d'années, le quintette d'Atlanta est ce qu'on peut appeler un bourreau de travail. Ils donnent grosso modo 250 concerts par an! C'est ainsi qu'on les retrouve aux côtés du Marshall Tucker Band, Zac Brown Band, Lynyrd Skynyrd ou encore ZZ Top, avouez qu'il y a pire comme carte de visite.
Au niveau musical, Blackberry Smoke est à coup sur le lien entre Lynyrd Skynyrd époque Ronnie Van Zant et les Black Crowes avec en plus ce petit côté Country très typé. Ils se définissent eux-mêmes comme "too Country to be Rock, too Rock to be Country". Quoiqu'il en soit le flambeau du Southern Rock n'est pas prêt de s'éteindre avec de tels représentants.
Je vous passe les détails de la traversée de la Place des Martyrs pour vous plonger directement devant  Het Depot, en français Le Dépôt (comme quoi le communautarisme c'est de la foutaise pour politiciens cacochymes). Malgré un panneau scotché sur les portes vitrées de l'établissement et qui proclament en rouge et en caractères gras d'imprimerie "Doors 20.00" il y en a encore qui insistent en secouant les mains courantes ce qui a pour effet de faire entrouvrir l'huis au portier commis à cet effet. Invariablement l'homme passe un bras par l'entrebâillement, le reste de
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l’homme reste derrière le battant, et d'un doigt péremptoire indique l'affichette ou tout est dit, non mais! L'heure c'est l'heure et « trop tôt is te vroeg »
Résultat, les terrasses des cafés mitoyens se colorent très vite d'une clientèle bigarrée et impatiente d'investir les lieux. Le trottoir se remplit quant à lui d'une foule d'afficionados qui n'ont pas eu la chance d'être la plus tôt pour accrocher un siège stratégique. Moi, je sirote mon thé citron et j'attends, stoïque, l'air vieux routier à qui on ne l'a fait plus. De toutes façons j'ai une accréditation de journaliste ce soir, pas de quoi jouer des coudes.
Ce qui est bien avec le Rock Sudiste ou le métal extrême c'est que ça draine toujours une poignée d'individus qui ont le verbe haut et les rots faciles, les quelques représentants de ce soir ne font pas exception à la règle et on voit fleurir ci et là quelques drapeaux de la Confédération dont la paternité est attribuée au Général Beauregard (le drapeau, pas la Confédération, tu suis ou quoi ?) Ce serait marrant de demander à l'occasion ce que les porteurs de l'étendard aux couleurs de Dixie en connaissent... Bon ce n'est pas non plus un cours d'histoire mais un concert qui nous motive à braver la douceur vespérale de cette fin octobre teintée d'un crachin sporadique et tellement léger qu'il n'aurait pas sa place dans le Brumisateur d'une belle un après-midi de canicule.
Ca y est c'est ouvert, c'est tout vert! T'es fou, c'est tout rouge ! au contraire, on est en fief socialiste ici. Chacun gagne sa place et à 20.10 c'est parti avec Massive, un quatuor Australien dont le seul mérite à mon sens est l'énergie. Une sorte d'American Dog mais moins bien. A 21.00 tapantes c'est un jeune groupe flamand qui prend les planches. Barefoot and The Shoes, c'est leur nom, nous délivrent un set de type Americana teinté de Blues. Les textes sont très beaux, la musique complexe sans être pompeuse et le seul défaut c'est que ce genre là cadre peu avec le type de d'affiche proposé, mais ces jeunes sont très bons, croyez moi.

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Enfin, nous y voilà enfin, il est 22.00 lorsque les accents de "Like I Am" enchaînés aux accords de "Leave a Scar" nous emmènent d'emblée dans le Grand Sud profond. Le gang de Charlie Starr nous a conquis d'emblée. Charlie fait partie de cette lignée des grands vocalises de là-bas et tout comme Ronnie Van Zant ou Chris Robinson, lorsqu'il vous tiennent, ils ne vous lâchent plus. Tous les climats qui font du Sud une terre si particulière se reflètent dans le répertoire avec cet orgue torturé de Brandon Still qui est toujours là en arrière plan comme pour asseoir l'ensemble de l'édifice. On part alors dans des impros dignes des précurseurs du genre dont les Allman Brothers sont à coup sur un fer de lance et une influence majeure pour Blackberry Smoke. Loin sur le côté gauche, face à la scène, les Rednecks aux drapeaux étoilés se sont groupés et assemblés en comité circulaire pour commenter à leur manière les divers opus que délivrent sans coup férir le gang du "Peach State". On ne sait pas d'où ils sortent, c'est un mélange entre la
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langue de Vondel et celle de Voltaire avec un je ne sais quoi de terroir, mais alors vraiment local.
Magnifique longue progression musicale que ce "Sleeping Dogs", on ne fait pas que dans la slide ou la disto, on a droit à ses passages plus émotionnels. Ma voisine de droite qui ne semblait pas satisfaite du son en début de concert semble maintenant adhérer pleinement et se dandine de fort belle manière tandis que mon voisin de gauche, un peu trop enthousiaste me bouscule un peu trop souvent, mettant mon job de cameraman amateur en grand danger de stabilité, son épouse semble d'ailleurs très bien s'en accommoder. Normal, c'est mon accoudoir qu'il squatte le bougre!
On continue, le temps passe, trop vite, comme à chaque fois que c'est bon, il en va de même en Amour. Pour paraphraser Jacques Chirac en tournée électorale je dirais "c'est court mais c'est bon". Et quand c'est bon, on ne sait plus se retenir... Ca secoue les cheveux, ca chante, ca tape du pied, encore, encore et cette section rythmique tenue par les frères Turner, ah mes enfants que c'est bon. Une basse pour le moins originale pour Richard, l'ainé dans le sens où son instrument est un hybride. Manche Gibson et corps Fender, mais qu'est ce que ca sonne d'enfer. Vient alors un énorme medley fait de "Ain't Much Left of Me" couplé à "When the Levee Breaks" de Kansas Joe McCoy et Memphis Mimmie (1929) popularisé par Led Zeppelin.
Mais voici déjà le temps des rappels avec tout d'abord la reprise de "Dreams" du Allman Brothers Band en hommage à son leader Duane dont c'était jour pour jour le 43ème anniversaire de la mort tragique dans un accident de moto. Et on se quitte non pas avec Dixie mais avec "Freedom Song".
En 1h38' Blackberry Smoke a su conquérir les curieux et n'a fait qu'affermir chez les autres la certitude que ce groupe est un Grand. Vous êtes prévenus au cas où ils reviendraient en nos campagnes un de ces jours.
Il ne me reste plus qu'a regagner Bruxelles ce qui est loin d'être une sinécure au vu des travaux qui bloquent les accès à nos chères autoroutes qu'on voit depuis la lune paraît-il. Moi je m'en fiche un peu, j'ai encore dans les yeux et les oreilles d'autres sensations qui ne sont pas prêtes de s'effacer.
Un tout grand merci à mon "collègue reporter" Michel Preumont.

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Mitch "ZoSo" Duterck


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