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[Les sagas shônen] : 64 tomes de Naruto et des ninjas qui ont bien grandi

Publié le 02 novembre 2014 par Paoru

Naruto

Après avoir débuté avec Bleach, je poursuis cette série d’article « Le shônen, plus c’est long moins c’est bon ? » dans sa version 2014 avec Naruto. Le titre de Masashi Kishimoto est évidemment de la partie après l’annonce de sa fin imminente au Japon, dans moins d’un mois maintenant. Une fin qui va en marquer plus d’un mais il nous reste encore, en France, quelques tomes sur le feu et le dernier opus ne paraîtra sans doute pas chez Kana avant 2016. Avec le tome 64 sorti à la rentrée, on fait le point sur la dernière guerre en date et le tout début de ce feu d’artifice final…

Guerres et shinobis…

C’est une chose qui ne date pas d’hier et c’est observable depuis une bonne quinzaine de tomes mais ça mérite d’être redit : Naruto a bien grandi. Ce gamin impulsif qui parlait sans réfléchir, qui était vantard, maladroit et un peu stupide… une vraie tête à claque à ses débuts. Sur ces derniers tomes on voit s’étoffer un vrai leader, et une complicité avec Kyûbi que peu d’entre nous auraient pu prévoir lors de la première décennie de la saga. Mais Naruto n’est pas le seul a avoir évolué, et la réunion de famille qui se déroule sous nos yeux permet à la saga de prendre plus d’ampleur. Après des dizaines de tomes qui alignaient bien trop sagement combat – entrainement – combat – entrainement, ce dernier arc se débarrasse des ficelles dont la série a usé et abusé pour faire converger les personnages que l’on a croisé à différentes phases de l’histoire. Tout le monde se jette dans la bataille, et chacun occupe désormais un poste clé dans son village. Le lecteur assiste, à cette occasion, à de nombreux passages de témoins générationnels qui sont assez réussis. Après le saut en avant de Naruto à Naruto Shippuden, les protagonistes passent un nouveau cap, non plus par le temps qui passe ou par la puissance de leur entrainement… mais par les liens de confiance et de respect qui les unissent entre eux.

La grande guerre qui débute contre Madara et Obito est LA guerre de leur génération, celle qui les met à l’épreuve mais les renforce, celle qui en fait des héros même si c’est à titre posthume. Depuis le départ ou presque, la guerre est le thème majeur de cette saga, celui qui est le mieux traité. Dans Naruto, elle perpétue sa logique implacable de morts, de drames, de haine, d’orphelins enragés et de vaincus maltraités… Un cycle de violence et de conflits qui semble sans fin. Face à ça, les « méchants » ont apporté des solutions et des polémiques intéressantes : certains prêchent la dictature pour préserver la paix et la stabilité, d’autres décident de cristalliser la haine du monde entier sur leur personne pour permettre l’unité des peuples contre eux, et les derniers ennemis en date tentent carrément le monde alternatif, un Matrix version shinobi, où l’on reprendrait tout à zéro pour stopper ce cycle de vengeances sans fin. La réponse de Naruto et de ses amis est alors le même poncif depuis que le shônen existe : « le monde est pourri, ok. Mais mes amis sont chouettes et se battront quand même pour lui, donc fait gaffe à tes fesses ! »

Planche double Naruto tome 64

La mort ou la vie ?

Un message manichéen de ce genre peut aisément paraître risible et tout dépend donc de celui qui l’utilise. Heureusement, comme je le disais en introduction, Naruto a bien grandi, et ses amis aussi. Si, sur ce point, on oppose Naruto et Bleach, que j’évoquais la semaine dernière, on observe une évolution beaucoup plus importante chez le ninja que chez le shinigami. Kurosaki a perdu un peu de sa superbe là où Uzumaki est devenu beaucoup plus sympathique. Je serais bien incapable de vous dire qui je préfère des deux mais il semble bien que leur charisme est évolué en sens inverse avec le temps.

Il faut dire qu’Ichigo, depuis le décès de sa mère, n’a finalement pas eu à déplorer beaucoup de pertes et que les morts chez les personnages de premiers plans de Bleach se comptent sur les doigts d’une main. Chez les gens de Konoha et dans les villages voisins, le résultat est plus mitigé. Ok, je vous l’accorde, le coup du cycle des réincarnations où l’on peut ressusciter tout le monde à tout va a été utilisé jusqu’à l’écœurement. Mais cela n’empêche que la série a aussi laissé beaucoup de monde sur le bord du chemin, y compris du côté des good guys : les parents de Naruto certes, mais aussi plusieurs Hokage, plusieurs maîtres, plusieurs amis… Les survivants en ont bavé et ont perdu des proches – il semble que ce ne soit pas fini – mais ils ont ainsi pu prendre de l’envergure, de la maturité et donc de la profondeur. Ce qu’un Chad ou une Orihime n’a jamais réussi à faire dans Bleach par exemple, en raison aussi d’un temps de présence sans cesse grignoté par des ennemis qui apparaissent et disparaissent sans arrêt.

Planche Naruto tome 64
Planche 2 Naruto tome 64

Masashi Kishimoto a donc effectué une meilleure gestion de ses protagonistes, tout en en proposant de nombreux ennemis.

Une fin attendue…

Après, tout comme dans le cas de Bleach, la trame de fond de la saga s’est étirée jusqu’à ne plus tenir qu’à un fil, que Kishimoto a violemment secoué à coup de rebondissements. Mais trop de rebondissement peut tuer le rebondissement. A force de chercher la stratégie cachée dans le vrai-faux leurre du guet-apens planifié pendant le coup d’état du renversement du simulacre d’entourloupe… Bah on s’y perd un peu. Ce n’est pas complexe en soi, mais côté narration on aurait pu faire plus court et plus simple, moins alambiqué. Si on peut reprocher l’excès de forme vis à vis du fond pour Bleach – c’est beau et bien narré mais dans le fond c’est par moment un peu creux – Naruto propose une histoire de fond assez riche mais pas toujours très bien déroulée, avec des bâtons dans ses propres roues. Cela dit, cela donne à certains chapitres plus de dynamisme lorsqu’il joue la carte de la simplicité… Mais c’est dommage de devoir utiliser ce subterfuge pour y arriver.

Grâce à un univers riche et prenant et avec des personnages attachants, Naruto compense donc plutôt bien sa narration et ses revirements scénaristiques destinés à rallonger la saga, tout comme le dynamisme et la bonne chorégraphie de ses scènes d’actions compensent une évolution graphique assez maigre et des couvertures guère marquantes. Mais comme en témoigne les mots d’auteurs d’un Bleach#58 ou de Naruto#63, ces auteurs sont morts de fatigue et je leur tire mon chapeau pour les débuts encourageants de leur dernier arc. On est content que ça se termine – on lit même un soulagement du lectorat sur le net à l’annonce de cette conclusion – et on pourrait aussi être satisfait de COMMENT tout ça va se terminer, même si  le challenge est des plus relevé. Dans cette dernière ligne droite où un mangaka entame le bilan du chemin parcouru, Naruto s’en tire relativement bien pour le moment et on lit les tomes avec le sourire, la lassitude laissant progressivement la place à de la nostalgie… Espérons que rien ne viendra gâcher ces derniers moments !

Naruto-Manga-Volume-65
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Avec un peu de retard en raison de vacances et de la mise en place du nouveau Journal du Japon, la partie sur One Piece et remise au prochain tome. En attendant, la semaine prochaine, résultats du concours Rudolf Turkey !

Visuels NARUTO © 1999 by Masashi Kishimoto / SHUEISHA Inc.

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