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Duchamp, Man Ray (et Picabia)

Publié le 24 mai 2008 par Marc Lenot

La grande exposition de la Tate Modern à Londres (jusqu’au 26 mai) est à la fois remarquable et décevante.

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Elle est remarquable car on y découvre des oeuvres rarement vues en Europe, venues en particulier du temple duchampien qu’est le Musée de Philadelphie : on est ému en collant son oeil à l’oeilleton d’Etant donnés (ci-contre), cette installation culminante de Marcel Duchamp, où tout se retrouve, toute son oeuvre converge, et d’où tout découle. Elle est remarquable parce qu’il n’y manque pas un bouton de guêtre, toutes les pièces majeures sont là, et on voit dans la même salle le Nu descendant un escalier de Duchamp et la chère Udnie de Picabia. Elle est remarquable parce que chaque salle présente éloquemment les interactions entre les trois compères, Picabia toujours un peu à la traîne d’ailleurs, un peu moins exigeant que les deux autres destructeurs. Elle est remarquable parce qu’on y ressent l’influence que Duchamp a encore aujourd’hui, toutes les avenues qu’il a ouvertes et sous l’influence desquelles bon nombre d’artistes contemporains sont toujours (une idée parmi dix autres : les roto-reliefs et Varini : le trait et le volume).

Mais c’est une exposition très muséale, très didactique, comme un cours à l’Ecole du Louvre : tout est bien fait, bien ordonné, les thématiques sont justes et claires, le catalogue bien conçu. Mais dans cette exposition, personne ne rit, tous les visiteurs s’instruisent sagement, pas l’once d’un désordre, pas le moindre bordel, aucun clin d’oeil. Certes, on est un musée, pas dans un lieu de happening, mais, par contraste l’expo soeur de Jean-Hubert Martin au Passage de Retz était bien plus réjouissante, elle. Tout ici est stérilisé, intéressant plus qu’excitant. C’est certainement difficile, avec les contraintes organisationnelles d’un musée (et les contraintes mentales d’un commissaire d’exposition) de créer du plaisir (çà m’a fait penser à l’expo Dada à Beaubourg, tout aussi sèchement remarquable), mais on en sort un peu déçu, un peu triste.

Ces trois artistes étant représentés par l’ADAGP et l’exposition se terminant dans quelques jours, je ne présente ici qu’une seule photo, que j’ôterai sous peu. Vous trouverez des reproductions partout, et en particulier sur le site de la Tate.


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