Les changements qui ont eu lieu quant aux investissements liés à l’innovation ces dix dernières années donnent lieu à peu de clarté du point de vue stratégique.
Les dépenses de recherches et développement (R&D) semblent n’avoir jamais été aussi élevées que cette année. Sur les 1000 entreprises innovantes qu’ils ont étudiés, les analystes de PWC ont enregistré 647 milliards de dollars d’investissements dans la R&D. Un record face aux 400 milliards investis en 2005. Cette augmentation spectaculaire sur dix ans a poussé PWC à enquêter pour comprendre les évolutions en cours dans la dernière décennie au sein des dépenses d’innovation dans les entreprises. Sur quels domaines se focalisent elles ? C’est cette question qui a guidé l’enquête de PWC et ses résultats vérifient certaines tendances : la Chine confirme ainsi son importance croissante avec des dépenses qui bondissent de 45,9 % contre 3,4% pour l’Amérique du Nord. Mais au-delà de cette répartition géographique, l’étude souligne de profonds changements dans les domaines investis liés à un manque de cohésion dans la stratégie d'innovation des entreprises.
Vers des valeurs sûres de l’innovation ?
Sans surprise, les dépenses de R&D liées à Internet explosent avec une progression de 16,5 % . C’est le secteur qui connaît la hausse la plus importante. En revanche, deux secteurs connaissent quant à eux des baisses de dépenses plutôt surprenantes : l’informatique et les télécoms (respectivement en recul de 1,8 et 7,5 %). En réalité, les entreprises semblent préférer des secteurs dans lesquels l’innovation est devenue nécessaire pour être compétitif comme l’automobile et les énergies. Des domaines pour lesquels l’innovation est attendue par les consommateurs. Mais les dépensent reculent sur des secteurs comme la santé dans lesquels les dépenses sont nécessairement très élevées sans pour autant assurer un résultat. C’est donc là un paradoxe des dépenses de R&D qui malgré leur augmentation globale semblent se tourner vers des valeurs sûres. Restent que les choix peuvent s’avérer assez flous. Pourquoi en effet réduire la recherche en informatique aujourd’hui ?
Pas de corrélation entre les dépenses d’innovation et le succès
Second paradoxe mis en lumière par l’étude de PWC : plus de dépenses en R&D ne veut pas dire plus de succès et plus de chiffre d’affaires. “On ne peut pas juste acheter son succès” assure Barry Jaruzelski, un des auteurs. Ainsi, avec un investissement R&D plus de deux fois supérieur à celui d’Apple, Microsoft maintient un chiffre d’affaires inférieur à celui de la firme à la pomme. Car même si les entreprises investissent toujours plus, la nécessité d’établir une stratégie claire devient fondamentale. Elles ont parfaitement conscience de la progression considérable du secteur R&D puisque plus des trois quarts des dirigeants pensent être meilleurs qu’il y a dix ans en matière d’innovation selon une étude récente de Strategy&. En revanche, l’étude montrait aussi que près de la moitié des décideurs sondés avouait n’avoir pas encore réfléchi à la stratégie d’innovation à adopter.