Nous sortons du château et, avant de la contourner pour descendre vers la rivière, nous entrons dans l'église en croix byzantine qui me rappelle celles de Grèce. L'ancienne chapelle castrale est claire et mystérieuse à la fois. Autour de ses murs épais logent des morts bien chanceux de reposer dans un cimetière si tranquille et avec une vue imprenable sur la vallée de l'Issoire. La rivière donc, que nous longeons en bas, après avoir vu les chutes d'eau du barrage qu'elle alimente.
Avant de visiter les ruelles du village, nous remontons jusqu'au site de Bellevue, depuis lequel nous voyons la Vienne dévoiler ses courbes entre les arbres roux de l'automne. Il faudrait voir cela d'encore plus haut, comme les grues, pour admirer la totalité de la rivière et de ses méandres à travers la région. Le village, lui, traversé par un vieux pont, semble un peu à l'abandon. Quel dommage. Malgré le nombre saisissant de résidents anglais, il ne parvient pas à retrouver l'animation qu'il a dû connaître dans ses jeunes années. On a beau dire, on a beau critiquer les British de venir s'établir chez nous, faire monter les prix de l'immobilier et autres plaies, n'empêche que, souvent, s'ils n'étaient pas là, il n'y aurait personne pour rénover les maisons en ruines et pour rouvrir les commerces agonisants de nos villages. Je fais du Jean-Pierre Pernaut, ça fait beauf ? Il n'a pas toujours tort. Vous savez ce que c'est, vous, que de traverser chaque jour des villages morts, que de voir que nos belles campagnes se désertifient ? Vous savez ce qu'est le désarroi de jeunes dont les parents sont au chômage et qui, tout en reconnaissant avec une nostalgie anticipée s'y sentir bien, ne rêvent que d'une chose : fuir leur monde rural en perdition ?
