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Les gens que je n'aime pas - 2

Par Plumesolidaire
J'aime pas les gens qui font pipi dans la rue (par exemple). Je les admoneste en leur indiquant la distance qui les sépare de la plus proche sanisette gratuite, et leur rappelant que ce sont les animaux qui urinent en public. En réponse ils m'insultent, manifestant ainsi la supériorité du porc sur l'homme.

J'aime pas les gens qui font pipi dans la rue (par exemple). Je les admoneste en leur indiquant la distance qui les sépare de la plus proche sanisette gratuite, et leur rappelant que ce sont les animaux qui urinent en public. En réponse ils m'insultent, manifestant ainsi la supériorité du porc sur l'homme.

Les gens que j’aime bien sont nombreux et les gens que je n’aime pas sont pléthore.

Le jour où les drones pourront survoler les imbéciles, je pourrai enfin savoir comment les éviter.

Mais l'affaire n'est pas si simple car nous sommes toujours l'imbécile d'un autre, nous toisons souvent autrui à l'aune de notre grandeur qui peut se confoncdre avec notre bêtise. Et nous savons bien que la vie avec les imbéciles est une nécessité impérieuse. 

Je  m’engage toutefois sur l’honneur, à ne pas refiler les gens que je n'aime pas aux collègues. Je continuerai, avec abnégation, à prendre mon tour comme tout un chacun. Je jure par la présente, que je ne me défausserai pas sur mes petits camarades.

Habitué à muter dans la journée d’un milieu social à l’autre, j’entends le matin la sottise du 5ème arrondissement, qui n’est pas différente en nature, l’après-midi, de celle du 19ème.

Aux aurores frémissantes, la posture géographique ségrégationniste - dont le couple Pinçon Charlot ferait son miel -, qui instaure une barrière raciale et culturelle entre la rive sud de la Seine, infranchissable  aux yeux de certains au nord de l’Ile de la Cité, sans courir le risque du naufrage en banlieue, dans la promiscuité avec l’étranger impécunieux.

Et l'après-midi, par exemple, cet étranger que j’ai reçu jeudi et qui, armé d’un facsimilé de dépôt de plainte, exige d’être accompagné dans son intention vengeresse d’attaquer l’Etat en justice ?

Quelle différence il y a-t-il entre la bêtise du sud et celle du nord ?

Avant de répondre « aucune », attendez donc la suite !

De quoi s’agissait-il ?

Ce monsieur malien qui ne m’était pas inconnu, se plaignait qu’à chaque visite à la Préfecture de Police, on arguait qu’il lui manquait une pièce. Il en a conçu un courroux incommensurable à l’égard de l’Etat français qui s’échine à ne pas vouloir lui accorder son premier titre de séjour.

Mais…de quoi s’agissait-il donc ?

Il s’agissait, selon le courrier de la Préfecture, que depuis 2007, il a déposé un dossier qui attend qu’il puisse présenter une preuve de séjour par trimestre depuis dix ans. Arrivé par les voies de la magie sur le sol métropolitain en 2004, le but du jeu est par conséquent de classer dans des sous-chemises ad hoc, année par année, les quarante preuves de séjour valides. Et d’attendre patiemment qu’un temps suffisant fût écoulé (10 ans), et d’avoir collecté toutes les preuves requises, pour boucler son dossier.

Un jeu auquel je me suis déjà livré, avec succès quoique en m'y reprenant à deux fois, pendant ma période d'agent bénévole d'aide au retour à l'emploi au sein de Solidarités Nouvelles face au Chômage (cf Dossier de Monsieur K).

C’est là il est vrai, une quête humiliante à laquelle les gens du sud ne sont pas astreints. Eux qui, n’étant pas tous nés avec une cuiller d’argent dans la bouche, n’en sont pas moins nés dans le couffin de l’identité française.

Au dur Yin de l’agressivité et de la confusion des sentiments de cet homme, dont il a fallu absorber l'énergie, nous avons répondu, ma collègue et moi-même, avec patience et une grande sérénité, en totale opposition avec l'intensité de notre bouillonnement intérieur, par le Yang des arguments que la raison propose.

Car ce monsieur n’en démordait pas, comme nombre d’étrangers en pareille situation, et une proportion de moins en moins négigeable d'autochtones, l'administration française lui en veut personnellement.

Pis, lorsque je lui affirmais que s’il tente une procédure contre l’Etat, c’est l’Etat qui pourrait bien venir le chercher pour le poser dans l’avion pour Bamako*, il rétorquait qu’il n’en avait cure.

*Ce que je ne crois pas car je suis intimement convaincu que l’Etat a d’autres chats à chercher que celui-là.

En d’autres termes, son raisonnement consistait à démontrer qu’il est là en France, qu’il veut y vivre en situation régulière, sinon il rentrera au village avec une haine indéfectible pour la France, les français, leurs animaux de compagnie, et la Préfecture de Police de Paris !

A quoi j'ai répondu, dressé sur mon quant à moi, qu'il mentait et que je ne croyais pas une seconde qu’il désire l’expulsion.

C’est lorsque j’ai opposé un refus clair et définitif de répondre à sa demande, expliqué comment procéder, et communiqué les coordonnées géographiques de la CIMADE pour constituer son dossier et l’informer de sa situation exacte, qu’il a rendu les armes.

Le lieu des écritures publiques est une scène de théâtre. Il faut donc savoir, de temps à autre, faire le bien malgré soi et en dépit de la volonté d’autrui.

Qui ne comprendrait qu’un jour l’écrivain public ne finisse par éprouver le besoin de cultiver son jardin ? Ce qu’espèrent les gens du sud.

Les étrangers du Nord Est de Paris sont parfois décourageants, mais les parisiens français du Sud de la Seine peuvent être aussi désespérants.

Je peux aider le premier auquel j’ai fini par faire entendre raison ; quant aux seconds, pour une partie d’entre eux, la cause étant probablement perdue dès la période néonatale, je ne peux rien faire pour eux.

Ils ne m’en demandent pas tant ; moi non plus. Mais je me demande comment j'ai pu en réchapper. Il y a-t-il un dieu pour les érivains publics ?

De quoi il ressort qu'il peut arriver qu'il y ait autant de rationnalité dans la folie de l'étranger sans papier que d'irrationalité dans la normalité de certains français.

Et ils ne vivent pas tous en-dessous de la Seine.

Le jour où les nanotechnologies permettront d’identifier à coup sûr le virus de la bêtise, et de l’éradiquer définitivement du cerveau, l’humanité aura fait un grand pas en avant dans l’utopie.

Plume Solidaire

J'aime pas les gens qui font pipi dans la rue (par exemple). Je les admoneste en leur indiquant la distance qui les sépare de la plus proche sanisette gratuite, et leur rappelant que ce sont les animaux qui urinent en public. En réponse ils m'insultent, manifestant ainsi la supériorité du porc sur l'homme.

J'aime pas les gens qui font pipi dans la rue (par exemple). Je les admoneste en leur indiquant la distance qui les sépare de la plus proche sanisette gratuite, et leur rappelant que ce sont les animaux qui urinent en public. En réponse ils m'insultent, manifestant ainsi la supériorité du porc sur l'homme.

Les gens que j’aime bien sont nombreux et les gens que je n’aime pas sont pléthore.

Le jour où les drones pourront survoler les imbéciles, je pourrai enfin savoir comment les éviter.

Mais l'affaire n'est pas si simple car nous sommes toujours l'imbécile d'un autre, nous toisons souvent autrui à l'aune de notre grandeur qui peut se confoncdre avec notre bêtise. Et nous savons bien que la vie avec les imbéciles est une nécessité impérieuse. 

Je  m’engage toutefois sur l’honneur, à ne pas refiler les gens que je n'aime pas aux collègues. Je continuerai, avec abnégation, à prendre mon tour comme tout un chacun. Je jure par la présente, que je ne me défausserai pas sur mes petits camarades.

Habitué à muter dans la journée d’un milieu social à l’autre, j’entends le matin la sottise du 5ème arrondissement, qui n’est pas différente en nature, l’après-midi, de celle du 19ème.

Aux aurores frémissantes, la posture géographique ségrégationniste - dont le couple Pinçon Charlot ferait son miel -, qui instaure une barrière raciale et culturelle entre la rive sud de la Seine, infranchissable  aux yeux de certains au nord de l’Ile de la Cité, sans courir le risque du naufrage en banlieue, dans la promiscuité avec l’étranger impécunieux.

Et l'après-midi, par exemple, cet étranger que j’ai reçu jeudi et qui, armé d’un facsimilé de dépôt de plainte, exige d’être accompagné dans son intention vengeresse d’attaquer l’Etat en justice ?

Quelle différence il y a-t-il entre la bêtise du sud et celle du nord ?

Avant de répondre « aucune », attendez donc la suite !

De quoi s’agissait-il ?

Ce monsieur malien qui ne m’était pas inconnu, se plaignait qu’à chaque visite à la Préfecture de Police, on arguait qu’il lui manquait une pièce. Il en a conçu un courroux incommensurable à l’égard de l’Etat français qui s’échine à ne pas vouloir lui accorder son premier titre de séjour.

Mais…de quoi s’agissait-il donc ?

Il s’agissait, selon le courrier de la Préfecture, que depuis 2007, il a déposé un dossier qui attend qu’il puisse présenter une preuve de séjour par trimestre depuis dix ans. Arrivé par les voies de la magie sur le sol métropolitain en 2004, le but du jeu est par conséquent de classer dans des sous-chemises ad hoc, année par année, les quarante preuves de séjour valides. Et d’attendre patiemment qu’un temps suffisant fût écoulé (10 ans), et d’avoir collecté toutes les preuves requises, pour boucler son dossier.

Un jeu auquel je me suis déjà livré, avec succès quoique en m'y reprenant à deux fois, pendant ma période d'agent bénévole d'aide au retour à l'emploi au sein de Solidarités Nouvelles face au Chômage (cf Dossier de Monsieur K).

C’est là il est vrai, une quête humiliante à laquelle les gens du sud ne sont pas astreints. Eux qui, n’étant pas tous nés avec une cuiller d’argent dans la bouche, n’en sont pas moins nés dans le couffin de l’identité française.

Au dur Yin de l’agressivité et de la confusion des sentiments de cet homme, dont il a fallu absorber l'énergie, nous avons répondu, ma collègue et moi-même, avec patience et une grande sérénité, en totale opposition avec l'intensité de notre bouillonnement intérieur, par le Yang des arguments que la raison propose.

Car ce monsieur n’en démordait pas, comme nombre d’étrangers en pareille situation, et une proportion de moins en moins négigeable d'autochtones, l'administration française lui en veut personnellement.

Pis, lorsque je lui affirmais que s’il tente une procédure contre l’Etat, c’est l’Etat qui pourrait bien venir le chercher pour le poser dans l’avion pour Bamako*, il rétorquait qu’il n’en avait cure.

*Ce que je ne crois pas car je suis intimement convaincu que l’Etat a d’autres chats à chercher que celui-là.

En d’autres termes, son raisonnement consistait à démontrer qu’il est là en France, qu’il veut y vivre en situation régulière, sinon il rentrera au village avec une haine indéfectible pour la France, les français, leurs animaux de compagnie, et la Préfecture de Police de Paris !

A quoi j'ai répondu, dressé sur mon quant à moi, qu'il mentait et que je ne croyais pas une seconde qu’il désire l’expulsion.

C’est lorsque j’ai opposé un refus clair et définitif de répondre à sa demande, expliqué comment procéder, et communiqué les coordonnées géographiques de la CIMADE pour constituer son dossier et l’informer de sa situation exacte, qu’il a rendu les armes.

Le lieu des écritures publiques est une scène de théâtre. Il faut donc savoir, de temps à autre, faire le bien malgré soi et en dépit de la volonté d’autrui.

Qui ne comprendrait qu’un jour l’écrivain public ne finisse par éprouver le besoin de cultiver son jardin ? Ce qu’espèrent les gens du sud.

Les étrangers du Nord Est de Paris sont parfois décourageants, mais les parisiens français du Sud de la Seine peuvent être aussi désespérants.

Je peux aider le premier auquel j’ai fini par faire entendre raison ; quant aux seconds, pour une partie d’entre eux, la cause étant probablement perdue dès la période néonatale, je ne peux rien faire pour eux.

Ils ne m’en demandent pas tant ; moi non plus. Mais je me demande comment j'ai pu en réchapper. Il y a-t-il un dieu pour les érivains publics ?

De quoi il ressort qu'il peut arriver qu'il y ait autant de rationnalité dans la folie de l'étranger sans papier que d'irrationalité dans la normalité de certains français.

Et ils ne vivent pas tous en-dessous de la Seine.

Le jour où les nanotechnologies permettront d’identifier à coup sûr le virus de la bêtise, et de l’éradiquer définitivement du cerveau, l’humanité aura fait un grand pas en avant dans l’utopie.

Plume Solidaire


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