Un film de Penny Marshall (1991 - USA) avec Robert De Niro, Robin Williams, Julie Kavner, John Heard, Penelope Ann Miller
Un peu mélo, mais histoire vraie, passionnante pour les fans de neurologie.
L'histoire : 1969. New York. Le docteur Sayer est neurologue, version chercheur. Sans emploi, il se présente pour un poste, et découvre que ce n'est pas d'un chercheur dont on a besoin, mais bel et bien d'un praticien. Il rappelle qu'il n'a guère d'expérience dans le contact direct avec des malades, mais le directeur se montre convaincant tant il a un besoin urgent d'un médecin. Sayer rencontre donc ses patients, un ramassis de pauvres hères, complètement bloqués dans leurs têtes, handicapés, paralysés, mutiques ou au contraire déblatérant toutes sortes d'insanité. Sayer tente de les aider, avec les moyens qu'il a, c'est-à-dire quasiment rien à part les drogues habituelles pour les calmer. Son dada reprend le dessus immédiatement : la recherche. Il note que plusieurs patients présentent les mêmes caractéristiques : totalement catatoniques, ils attrapent cependant avec vivacité les objets que leur lance le docteur, avant de replonger dans l'immobilité. Fouillant leurs dossiers, il constate qu'ils ont tous souffert, enfants, d'une encéphalite léthargique, mortelle dans la plupart des cas ; les survivants restent en état de prostration le reste de leur vie. Certains des symptômes, mains recroquevillées, grimaces, ressemblent à ceux de la maladie de Parkinson en stade ultime. Il essaie donc de leur donner de la dopamine.
Mon avis : Revoilà notre bon Robin dans le rôle d'un bon toubib comme il les affectionnait (Docteur Patch, Will Hunting...). Ce n'est pas franchement dans ça que je le préférais, mais la prestation demeure évidemment impeccable. Celle de De Niro, aussi, très touchant. Quelle classe.
Il s'agit d'une histoire vraie, ce qui est parfois difficile à croire tant la transformation des patients est spectaculaire. D'autant que celle de Leonard, au début, est moins rapide. Petite maladresse, je suppose. En tous cas, l'aventure est extraordinaire pour ceux qui s'intéressent à la psychologie, ou plutôt à la neurologie (si j'avais été médecin, j'aurais pris cette spécialité) et les incroyables forces et faiblesses du système nerveux qui, à cause d'un minuscule dysfonctionnement, fait d'une personne en pleine santé un être que l'on croit fou à lier, poly-handicapé et enfermé dans sa tête.
Le vrai docteur s'appelle Oliver Sacks, il a écrit un livre sur son aventure dont le film s'inspire.
La "guérison" ne fut que temporaire et la médecine n'a guère plus de réponse aujourd'hui. La dopamine (traitement essentiel de la maladie de Parkinson) ne marche que pendant un temps, car le corps s'habitue à cette dose, qu'on ne peut augmenter à l'infini. Alors les symptômes reviennent, aggravés par les effets secondaires de l'absorption massive de dopamine. Pour Parkinson, on appelle cette période de traitement "la lune de miel", qui peut durer de 7 à 10 ans. Ensuite... c'est Beyrouth. Sauf quelques opérations du cerveau, réservées aux jeunes et aux riches (l'acteur Michael J. Fox a été opéré et bénéficie des traitements les plus pointus).
L'ambiance du film n'est pas sans rappeler Vol au-dessus d'un nid de coucou, où se mêlent patients atteints de maladies toutes baptisées mentales, certains pour des causes neurologiques (donc physiques, en réalité), ou purement psychologiques (névroses, traumatismes), et où il est bien difficile, surtout à cette époque, de faire le tri. L'univers froid de l'hôpital, l'enfermement, le dévouement des médecins et des soignants, et les caractères parfois bien trempés des malades, nous ramènent à Jack Nicholson et sa petite bande. Avec une petite pointe d'humour de temps à autre pour dédramatiser.
Un film intéressant, qui tire un peu sur le mélo (difficile à éviter sur un sujet aussi casse-gueule), mais pédagogique.