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Bande de filles

Publié le 11 novembre 2014 par Lorraine De Chezlo
BANDE DE FILLESde Céline Sciamma
Drame - 1h50
Sortie salles France - 22 octobre 2014
avec Karidja Touré, Assa Sylla, Lindsay Karamoh,...
Marieme, 16 ans, vit dans sa cité de banlieue, et subit l'étouffement de sa soif de liberté, par son grand frère qui la flique, les gars des alentours qui exercent leur pression de mâles dominants, la conseillère d'orientation qui veut lui imposer un CAP, le spectre de sa mère fatiguée des ménages qu'elle fait chaque jour, la responsabilité vis à vis de ses petites soeurs, son amour impossible pour Ismaël. Seuls les matches de football américain la font sortir du quotidien imposé. Mais ça ne lui suffit plus. Alors pourquoi pas rejoindre la bande de Lady, Adiatou et Fily ? Elles, elles portent des cheveux longs tissés, elles passent des journées à Paris, elles fument, elles profitent, elles déconnent, elles rient et parlent aux garçons d'égal à égal (d'égales à égaux). Elles se font respecter, sont belles et puissantes.
Quelle claque que ce film ! Cécile Sciamma a vraiment réussi son coup, ce bijou cinématographique m'a ému, m'a agacé, m'a surprise, m'a fait éclater de rire, m'a posé tant de dilemmes. Car Marieme, jeune fille discrète, polie, bien élevée, aînée responsable, va mettre le pied dans un engrenage dramatique, parce qu'il lui apportera un avenir différent, une reconnaissance facilitée, des liens claniques, des défis, une émancipation illusoire. Qu'il est douloureux de la voir ainsi, passer de la lycéenne indolente aux tresses collées, à la jeune femme sophistiquée et rebelle, puis à cet être bandé et voûté, lucide et désillusionné.
BANDE DE FILLES
Le film bascule dans l'histoire de bandes, de règlements de compte, d'honneur, de délinquance. Juste que ce sont des filles que l'on voit participer, que l'on voit agir, progresser dans cette faune, faire comme les hommes. Mais leur condition, jusqu'au bout, reste délicate. Quand ils se battent devant les smartphones qui filment, les gars tombent vite le sweat-shirt et bombent le torse. Quand elles tombent au sol, elle risquent de vite terminer le soutien-gorge lacéré et ôté. Elles ne sont plus égales. La chute est terrible. Elles restent proies, putes volontaires, objets.
BANDE DE FILLES
Depuis La Haine, je crois que peu de films français sur la jeunesse urbaine et la violence sociale n'ont été portés à l'écran. Non, ce n'est pas qu'un film sur la banlieue, bien loin de là. Certes toutes ces filles et ces gars sont issus d'un même milieu - urbain, à la lisière, issu de l'immigration - mais pour autant on ne doit pas les considérer comme représentatifs de toute une génération. C'est un film sur la violence des lieux régis par les caïds de banlieue et par le chômage, un film sur l'amitié, un film sur la sororité, sur la naissance des haines, un film féministe. Un grand GRAND film. Avec des acteurs magistraux, qui visent en plein dans le mille. Et la grande et belle Karidja Touré qu'on reverra à l'écran. Obligé.
L'avis d'Inès - BondyBlog
"Bande de filles : féminisme hors-la-loi" - PlaylistSociety

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