Il y a les livres que l'on achète après en avoir lu une critique alléchante, parce qu’ils ont obtenu un prix prestigieux ou à cause du nom de l'auteur … C'est ce que je viens de faire un peu rapidement avec le dernier ouvrage d'Elizabeth George, cette américaine qui décrit si bien les rouages de New Scotland Yard. J'avais lu ses quatre derniers romans mettant en scène l'Inspecteur Linley et son inséparable coéquipière Barbara Havers. C'était glauque, sans espoir et triste à souhait mais voilà, j'adore ces deux personnages …
Toutefois, j'ai eu bien du mal avec ce dernier opus dont la principale héroïne est, tout au long (699 pages!) de ce polar, la déjantée Barbara. Où l'on apprend que le sergent Havers n'est pas seulement la pire des collaboratrices, n'en fait qu'à sa tête, va jusqu'à braver les instructions pour se lancer à corps – et à âme perdue – dans des investigations dépassant ses attributions – mais pas ses capacités déductives - et à retenir des informations, voire à les corrompre …
En fait, elle ne s'avoue pas à elle-même qu'elle est amoureuse de son voisin, le mystérieux professeur de microbiologie d'origine pakistanaise Azhar, qu'elle est prête à tout pour l'aider à retrouver sa fille Hadiyyah, « enlevée » par sa mère partie en Toscane avec son nouvel amant. Moi qui la croyais raide dingue de Thomas Linley, ce lord égaré dans la police, aussi distingué que fin limier …
Prête à tout : jusqu'à soudoyer un détective privé malfaisant et à s'aboucher avec un journaliste de vulgaire tabloïd pour forcer la main à la police britannique.
Bref – mais ce n'est pas le cas de le dire – elle s'enferre et sa hiérarchie la met sous surveillance. Linley essaiera de l'aider mais il y a aussi pour lui un point de non-retour. L'enquête se transporte à Luques, jolie ville près de Pise, où l'on fait la connaissance de l'inspecteur Salvatore Lo Bianco, un bien sympathique policier qui fait irrésistiblement penser à Guido Brunetti et, de façon tout à fait inattendue, tombe sous le charme de Barbara : malgré ses tee-shirts informes, ses flasques pantalons de lin froissé et ses baskets rouges, sa boulimie irrépressible et sa façon de ne rien comprendre à la langue de Dante, Salvatore va apprécier la transparence de la peau, les yeux pervenche et les dents parfaitement rangées du sergent Havers.
De rebondissements en informations déconcertantes, l'intrigue traîne en longueur. On est bien content d'en voir une fin totalement invraisemblable, comme bâclée. Seul intérêt de cet épisode : on attend la suite de la nouvelle histoire d'amour de Thomas Linley avec sa jolie vétérinaire. Vivement la prochaine aventure !
Juste une mauvaise action – Just One Evil Act – par Elizabeth George, traduit de l'anglais par Isabelle Chapman, publié aux Presses de la Cité – 699 p. 23,50€