
On se rappelle souvent les noms des généraux ou des commandants qui ont guidé les épopée glorieuse tout en sachant que c'était les soldats sur le terrains qui leur donneraient ainsi toute leur gloire, parfois au prix de leurs vies.


Un des soldats de Berlin-Est, montant la garde à la frontière tandis que le mur se bâtissait, était le sergent Conrad Shumann. Il avait 19 ans.
Si à l'origine, tout de suite après la fin de la Seconde Grande Guerre, l'idée de séparer l'Allemagne en 4 contrôles distincts (français, britannique, soviétique et étatsunien) semblait la bonne chose à faire, séparer la seule ville de Berlin de la même manière allait bien assez vite se révéler une impasse, Les soviétiques de Staline n'allaient plus s'entendre avec les trois autres sur les manières de fonctionner et il y aurait Berlin-Est, sous contrôle soviétique et à saveur communiste qui serait membre de la RDA (République Démocratique Allemande) créée en 1949. Il y aurait aussi la trizone occidentale réunie en une seule en Berlin-Ouest qui ferait partie de la RFA (République Fédérale Allemande) créée aussi en 1949. Et avant la RDA.

Conrad Shumann avait grandi, avait été élevé, scolarisé et avait fait son service militaire en RDA. Alors que les Allemands de l'Est, attirés par la liberté de l'Ouest, y affluent par millions entre 1949 et 1961, les Allemands de l'Est paniquent. Leur jeunesse, leurs ouvriers, leurs femmes, leurs familles, fuient la rigidité de l'Est. Dans la nuit du 12 au 13 août, les Allemands de l'Est veulent freiner cet exode et installe une première clôture barbelées et pose des types de clôtures rigides afin de marquer la frontière séparant l'Est de l'Ouest. Les gens qui fuient seront considérés comme des ennemis de la république et on aura aucune pitié envers eux. Le mur sera construit par des ouvriers protégés par des soldats allemands ainsi que par des tanks soviétiques.

Conrad Shumann est posté au coin de Ruppiner Strasse et Bernauer Strass au troisième jour de la construction du mur le 15 août 1961. Au sergent, on a expliqué qu'il s'agissait d'un mur "antifasciste". Quand celui-ci doit interdire le passage à une fillette qui était en vacances chez ses grands-parents (à l'Est) et qui voulait retourner chez ses parents (à l'Ouest), Schumann est bouleversé. Il doute de plus en plus de la vraie vocation du mur. Il change son fusil armé pour un fusil sans munitions. Il a la nette impression qu'il ne travaille pas pour la bonne cause. Des Allemands de l'Ouest qui le remarquent en train d'être vacillant dans ses décisions à son poste, lui crient "Komm' Rüber!" (Viens par ici!" lui suggérant tant la défection que même une voiture de police s'approche afin de lui faciliter la sécurité de fuite.

Shumann craque et convaincu qu'il allait vivre encagé du mauvais côté du mur, il choisi de prendre une course et de sauter les barbelés, laissant tomber son arme et s'assoyant sur la banquette arrière de la voiture de police de l'Allemagne de l'Ouest.



Mais ne tient pas non plus à être coupé de sa famille dans l'Est.
Il est encagé. Il sombre dans la déprime et boit beaucoup.

Ce n'est qu'en 1989, quand le mur tombe, que Shumann retourne voir sa famille et ses anciens amis qui ne lui ont pas tous pardonné. Certains le voient comme un courageux gaillard, mais la plupart le considère encore comme un traître. D'autant plus que pendant la chute du mur, son nom et son histoire est revenue à la surface et il pose et signe des autographes comme un héros en Allemagne de l'Ouest. Il feint le bonheur, mais au fond de lui, il est le plus malheureux des hommes.

Chez lui on retrouve une photo de sa fameuse évasion ainsi qu'une autre de lui-même en compagnie de Ronald Reagan.
Le mur aura été le début de la fin pour Conrad Schumann.