Bien sûr, on remarque le point d’interrogation dans le titre. En effet, si la loi rend obligatoire la participation des habitants dans ce qui s’appelle la « politique de la ville », nul ne sait très bien comment s’y prendre. Et, bien souvent, on n’entend que l’habituelle récrimination : les habitants ne viennent pas aux réunions… Mais que leur propose-t-on ? Devraient-ils répondre à « l’injonction participative », façon souvent méprisante de concevoir la citoyenneté ? Ou bien les habitants sont-ils associés aux décisions qui les concernent par une réelle activité délibérative ?
Marion Carrel apporte des témoignages recueillis dans des villes, qu’il s’agisse de l’aménagement de quartiers, de problèmes dans les transports urbains, de l’organisation d’attribution de logements. On y voit différentes façons d’agir de la part des élus, des techniciens, des associations, des militants de la première heure, des « artisans de la participation », des habitants eux-mêmes, y compris les plus pauvres. Faut-il une formation préalable ? La participation elle-même est-elle formatrice ? Comment passer de la parole individuelle centrée sur des questions particulières à une action collective ? Comment sortir du face-à-face pour arriver à la coproduction ?
Ce livre, s’il pointe les défauts de certaines attitudes, ne donne pas de recettes qu’il suffirait d’appliquer telles quelles ici et ailleurs. Il s’attache à faire reconnaître que chacun est apte à chercher avec les autres les réponses aux questions que pose la vie commune, sans craindre parfois le conflit, qu’il y faut de l’écoute réciproque, du respect et la volonté d’agir ensemble, c’est-à-dire de se mettre d’accord sur ce qu’il y a à faire et de le mettre en oeuvre.