
L’importance des normes réside dans l’amélioration de la compétitivité de l’économie, et la protection du consommateur à travers leur rôle dans la consolidation des outils de régulation et de contrôle, de conformité aux spécifications de fabrication, aux règlements techniques, ainsi qu’aux procédés d’évaluation de la conformité, notamment, en matière de sécurité, de santé des consommateurs et de préservation de l’environnement. L’enjeu pour l’entreprise consiste, par conséquent, à se mettre à niveau des standards requis, tant au plan de la qualité du produit et des services, que celui du management. Des défis qui placent l’entreprise face à des engagements nouveaux dans le contexte économique actuel, d’où l’obligation d’adapter son modèle de gestion à ces exigences. Conscient de ces enjeux, le gouvernement algérien a entrepris de consolider le système national de la qualité en engageant, dès 2000, un programme de promotion de la qualité basé sur la mise à niveau des entreprises industrielles, publiques et privées, dans le domaine du management de la qualité. L’autre action a porté sur l’harmonisation du dispositif législatif relatif à la normalisation et d’évaluation de la conformité à la faveur du réaménagement opéré à travers la promulgation de la loi 04-04 du 23 juin 2004 et du décret sur l’évaluation de la qualité. Une démarche qui devra connaître d’autres actions en adaptation aux exigences économiques, tel que préconisé lors de la dernière conférence sur le développement économique et social. Le Forum des chefs d’entreprises qui engage régulièrement des débats économiques sur des questions d’actualité intéressant l’entreprise algérienne, en particulier, a organisé, hier, la troisième édition des Journées de l’entreprise algérienne, à l’hôtel El-Aurassi, sur le thème «Les normes, outil de compétitivité, de croissance et de protection». Un évènement dont l’objectif consiste à sensibiliser les opérateurs économiques, et attirer l’attention des pouvoirs publics sur la question de la normalisation, et son impact sur la croissance, au moment où des consortiums privés étrangers se déploient pour imposer leurs propres normes. Le président par intérim du FCE qui a mis en avant cette importance, a affirmé que «les enjeux et défis liés aux normes se précisent de plus en plus», et que «les normes s’imposent à nous». Ahmed Tibaoui ajoute que «le processus de mondialisation va si vite que des groupes internationaux privés de normalisation font pression» sur les pays. Pour le cas de notre pays, «le processus est à ses balbutiements», a affirmé l’intervenant qui précise, que «la responsabilité est partagée». Et d’admettre que «peu d’entreprises se consacrent à la normalisation». Aussi, «il ne suffit pas d’homologuer les normes mais de les faire appliquer», dit M Tibaoui qui souligne cette nécessité d’aller vers «un système national de normalisation qui concilie les intérêts du pays avec l’évolution économique dans le monde». Une préoccupation partagée par les pouvoirs publics, a affirmé la secrétaire générale du ministère de l’Industrie et des Mines pour qui «la normalisation est un thème d’une importance capitale pour le développement de l’entreprise et du tissu industriel». Mme Rabéa Kharfi ajoute que «l’intitulé à lui seul, à la problématique de protection de notre économie qui adhère au système de libre-échange». Aussi, le système renvoie à tous les enjeux sous-jacents de la normalisation, d’où la nécessité de consolider les instruments de la qualité en tant que facteurs dé régulation, a-t-elle affirmé. «C’est un travail de veille et de sensibilisation» dont «les techniques sont variées et complexes» mais «qu’il faudra maîtriser, développer pour pouvoir exister et perdurer sur le marché». Aussi, «la norme ne vaut que par sa mise en œuvre», a-t-elle souligné. Et pour cause, sur près de 7.500 normes produites, seulement 10%, en moyenne, sont appliqués, a-t-elle précisé. C’est dire «tout le chemin qui reste à faire pour s’approprier ces normes, aller à la conquête du marché et du consommateur», admet Mme Kharfi. Il s’agira de consolider les institutions, renforcer la présence des acteurs économiques au sein des comités techniques nationaux, et traduire la demande en normes au sein de ces comités, car «il n’y a pas d’engouement régulier en la matière». Pourtant, «c’est un impératif dans un contexte d’ouverture économique», rappelle Mme Kharfi. En fait, «la veille normative est indispensable. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase d’apprentissage, de mise en conformité avec les standards dictés par les consortiums privés étrangers». C’est pourquoi, a-t-elle insisté, «nous devons évoluer vers la fabrication de normes pour gagner la bataille de la compétitivité». C’est là l’une des résolutions de la conférence sur le développement économique et social, a-t-elle rappelé. M. Hanifi Belaroui, membre du conseil exécutif du FCE, a déploré le fait que la contribution de la normalisation au PIB soit très faible, soit 0,63%, alors qu’elle aurait pu participer à une plus grande croissance économique. Constat partagé par l’expert international en normalisation, Djenidi Bendaoud, qui admet que même si «la contribution de la normalisation au PIB est un fait avéré», elle reste «un concept difficile à vulgariser», alors qu’elle contribue à «régler les problèmes, trouver les solutions». L’intervenant évoque, pour la circonstance, une étude effectuée par ISO dans une vingtaine de pays, dont des pays arabes, entre 2010 et 2013, au niveau des entreprises pour dire que les conclusions publiées en 2014 ont ressorti que la normalisation contribuait entre 5 et 13% dans le PIB annuellement. Plaidant la nécessité d’une infrastructure de qualité pour accompagner les entreprises, M. Djenidi met en avant les recommandations de la récente conférence nationale sur le développement économique et social, lesquelles recommandations cadrent avec l’objectif de protection de la production nationale. Établir, sans délais, les normes susceptibles de protéger la production nationale et réguler les flux commerciaux, et accompagner l’entreprise au plan local et international, investir fortement dans le capital humain des entreprises pour améliorer la qualité de leur management, développer la veille de l’intelligence économique, un système de veille normative, investir les espaces de normalisation national et international 5ISO), telles sont les recommandations soulignées par l’intervenant.
D. Akila
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