Les relations de travail se font sur table alors que les relations amoureuses se défont à table. C’est ce qui saute aux yeux dans » Nuit gravement au salut « au théâtre des nouveautés.
Au programme : Léa Belmont et Victor Pontier vont manger dans un grand restaurant. Jusque là rien d’anormal, une auteure, mère célibataire d’un fils malade, et son éditeur en plein repas professionnel fignolent leur dernier contrat. Seulement voilà, au fil de la soirée, les choses s’enveniment et …si la monnaie d’échange se faisait en nature?
On y va/on n’y va pas? C’est un peu la pièce la plus surprenante du moment. « Nuit gravement au salut « occupe terriblement à l’esprit même après la chute du rideau rouge. Mais commençons par le début. Quand le silence tombe enfin dans la salle du théâtre des Nouveautés, quelque chose de louche est dans l’air. Comme si l’air était pourri au royaume des éditeurs. Cet état de « poche » n’est en effet représenté que par cette table bourgeoise d’un établissement bien sombre. Entre ciel ou terre? C’est tout le problème tout au long de la pièce. Car loin de prendre parti pour « le bien » ou « le mal », c’est plutôt la façon de convaincre son partenaire à suivre l’un ou l’autre des chemins qui est en jeu. Séduire? Attirer l’autre dans son lit ou lui demander de rester assis à sa place telle est la question. Et ce dilemme est assuré tout au long de la pièce par l’excentricité, le sadisme et la retenue de Ludovic Laroche, Stéphanie Bassibey et Pierre-Michel Dudan. Un trio de choix dont on se demande bien qui est le diable. Mais le plus diabolique dans cette pièce c’est le texte ! D’une virtuosité rare, d’une belle intelligence, le texte, d’après le roman d’Henri-Frédéric Blanc, joue l’équilibre, ose des pirouettes jusqu’à l’assaut final tout en surprises. Une pièce salutaire … pour la littérature et le théâtre!
Tous les jeudis à 19h au théâtre de Nouveautés jusqu’au 18 décembre.