Feuilleton : BD et dynasties (épisode 3)

Aujourd'hui, je termine provisoirement le feuilleton du week-end consacré aux dynasties dans la BD. Histoire de faire un point sur les stratégies familiales des grandes séries de la bande dessinée européenne. Après Tintin et Astérix, avant-hier, j'évoquais hier la poursuite de l'œuvre par les enfants des créateurs de Michel Vaillant, du Scrameustache et des Schtroumpfs.

Pour finir cette saga, il était difficile de ne pas parler de Photo à Paris en décembre 2007 © . A la signature de son nouveau contrat avec l'éditeur Casterman, l'univers de Jacques Martin ( Manuel F. Picaud / auracan.com) Jacques Martin a tenu à réserver une place à ses 2 enfants Bruno et Frédérique au comité éditorial. Le Maître de la BD historique classique, âgé aujourd'hui de 86 ans, souffre en effet depuis plusieurs années d'une maladie oculaire qui l'empêche de poursuivre lui-même ses travaux. Ses héritiers participent donc aux choix éditoriaux des différentes séries et collections en cherchant à respecter les canons qui ont fait le succès de l'œuvre. D'aucuns, dont je suis, regretteront que, malgré quelques albums intéressants, la course aux volumes de ventes s'est faite progressivement au dépend de la qualité des ouvrages, sur le dessin, le scénario ou/et les couleurs.

Photo à Verviers en janvier 2008 © Michel Jacquemart, Nicolas Van den Walle,

Manuel F. Picaud / auracan.com : de gauche à droite et de haut en bas : Patrick Weber, Olivier Pâques, Jacques Martin et Christophe Simon, Francis Carin, Jacques Denoël, Enrico Sallustio et Eric Lenaerts.

Photo à Obernai en novembre 2007 ©
L'année 2008 commence certes calmement avec une seule sortie, les Voya

ges de Jhen à Strasbourg, mais son contenu en a surpris plus d'un. Je ne jouerai donc pas à Cassandre. La maison d'édition semble avoir entendu certain émoi et a retardé certaines sorties pour, espérons le, publier des albums mieux finis et plus conformes à l'image Martin. Le répit ne peut néanmoins être que de courte durée compte tenu des enjeux financiers. De fait, selon des sources bien informées, les droits d'auteurs exigés par Jacques Martin( nécessiteraient la vente de 200.000 albums par an pour rentabiliser les comptes Martin de l'éditeur. Comme les séries phares LefrancManuel F. Picaud / auracan.com) et Alix ne réalisent plus les chiffres passés, l'éditeur multiplie les voyages d'Alix ou de Jhen, les ouvrages didactiques qui permettent aussi de tester de nouveaux dessinateurs ou aider certains autres. Prochainement, sur une idée de François Maingoval, Casterman inaugure des BD sur des personnages historiques, ce que Jacques Martin avait refusé jusqu'alors. Son nom n'apparaîtra d'ailleurs pas sur la couverture mais, marketing oblige, on retrouvera Alix et Jhen sur cette nouvelle collection Alix raconte... Néron, Alexandre le Grand et Cléopâtre pour les trois 1 ^ers tomes à paraître en 2008. Et bientôt, les autres séries Jhen (à partir de septembre 2008 avec Cayman, puis Pleyers) et Orion (vers 2010 avec Marc Jailloux) reprendront du service. Souhaitons que les lecteurs y retrouveront leurs repères.
Les poursuites d'œuvres à travers les générations n'obèrent pas les incidences marketing et financières qui les ont souvent motivées qu'il s'agisse de continuer des séries dont le public ne se lasse pas ou de pérenniser des collections devenues des classiques du 9 ^ème art. Un sujet sur lequel je reviendrai très certainement.
Couvertures provisoires des prochains albums (sauf le prochain Lefranc)