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Un samedi soir sur la terre des mots (6) : Catherine van Zeeland

Publié le 15 novembre 2014 par Adtraviata

JULIE

Je ne veux pas être une femme mais la femme de. En finir avec les silhouettes indifférentes aux rythmes de mes soirs, ces touristes de ma vie. Oublier le médiocre croassement de leurs excuses, mes hanches soumises à la soupe populaire, les plantations de leurs silences comme autant de platanes impeccablement taillés. Des sexes sans noms qui clôturent les échanges par la fuite, des flots de pulsations étriquées qui pratiquent à peine la géométrie de mon lit, je suis fatiguée.

Avec toi, je veux écrire mes nuit qui deviennent des jours, mes minutes qui deviennent des heures, mes secrets qui s’exposent, notre territoire qui grandit de la chambre à la maison avec photos, plats cuisinés et odeurs masculines, mes armoires qui étouffent sous les cravates, mes courses à la pharmacie sans achat de préservatifs, ma sonnette qui ne parle que de visite et pas d’intrusion, mes voyages où je prépare les valises pour deux. Je veux la propriété et pas une location, et les disputes, la lune et les soirées télé qui vont avec un temps qui parle d’organisation à long terme. Puisque la moitié du genre humain condamne, sans autre forme de procès, l’autre moitié à la boucherie de la solitude, je veux être du côté des couples, ds invités à tous les dîners, des vivants, des reproducteurs, des photographiés des magazines.

Catherine van ZEELAND, Infid’elles, Editions Avant-Propos, 2013

Rien que la photo noir et blanc de la couverture de ce livre est une invitation à l’élégance, à la finesse, au charnel.

Le rendez-vous des premières pages et du samedi soir avec Le carré jaune et Mina


Classé dans:Les Mots lus

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