L’une des activités qui m’ont le plus occupé au cours des dernières semaines fut le visionnement de la série Twin Peaks.
Bien entendu, l’amateur de « pop culture » et fanatique de télévision que je suis l’avait déjà vue, plusieurs fois d’ailleurs. Mais l’annonce récente faite par le réalisateur David Lynch et son collaborateur Mark Frost à propos d’une troisième saison, qui sera diffusée aux États-Unis en 2016, m’a offert une excuse pour sortir mon coffret DVD à nouveau et, du coup, initier ma copine à ce chef-d’œuvre télévisuel.
Car quoi qu’on en dise, malgré ses nombreux défauts et problèmes encourus lors de la diffusion initiale sur le réseau ABC en 1990 et 1991, Twin Peaks a marqué plus d’une génération au cours des 25 dernières années, et ce, de bien des façons. La série a pavé la voie à d’autres œuvres télévisuelles atypiques qui n’auraient probablement jamais vu le jour sans elle. En effet, les X-Files, Lost, et Breaking Bad de ce monde ne seraient pas tout à fait ce qu’elles sont sans l’influence de l’œuvre de Lynch et Frost.
Rappelons pour les non-initiés ce que raconte Twin Peaks. Wikipedia offre ce résumé : « Dans la ville imaginaire de Twin Peaks, située dans le nord-ouest de l’État de Washington, le cadavre de Laura Palmer, une jolie lycéenne connue et aimée de tous, est retrouvé emballé dans un sac en plastique sur la berge d’une rivière. L’agent spécial du FBI, Dale Cooper, est désigné pour mener l’enquête. Il découvre alors que Laura Palmer n’était pas celle que l’on croyait et que de nombreux habitants de la ville ont quelque chose à cacher. »
De très nombreux éléments font en sorte que Twin Peaks fascine et séduit autant le public depuis toutes ces années. Si j’y retourne régulièrement, c’est entre autres dû à la performance magistrale de Kyle MacLachlan dans le rôle de l’agent Cooper, le rôle de sa vie. Élégant, honnête, doté d’une capacité presque enfantine de fascination au contact de choses simples, tels un café ou un paysage enchanteur, ce personnage est à la fois charmant et intrigant.
Au-delà de ça, l’un des aspects de la série que j’affectionne le plus est sa musique. Composée par Angelo Badalamenti (qui a travaillé avec Lynch sur plusieurs de ses films), la trame sonore de Twin Peaks ne ressemble à rien d’autre. Il est très probable qu’aucune série télévisée avant Twin Peaks, et depuis, ne nous ait offert un univers musical aussi intense, varié, et émotionnellement riche que celle-ci.
Si Twin Peaks parodie les « soap operas » à travers ses sous-intrigues parfois ridicules (volontairement ridicules, dois-je ajouter…), la musique de Badalamenti élève cet aspect de l’œuvre à un autre niveau. Avec ses airs nappés de synthétiseurs, ses mélodies dégoulinantes d’émotion, on serait injustement porté à croire que cette musique est un sous-produit, juste bonne pour une émission de télévision de milieu d’après-midi. Mais c’est beaucoup plus intelligent que ça. Et l’utilisation que Lynch en fait va souvent à contresens de ce que la musique exprime. Il arrive souvent, par exemple, qu’un air romantique soit joué lors d’une scène de suspense, et vice versa. Et dans les mains d’un génie comme David Lynch, ça fonctionne à merveille.
À mes yeux (et mes oreilles), il s’agit probablement de la meilleure trame sonore de tous les temps, tous médiums confondus (télé, cinéma, etc.). Ou du moins, de l’une des plus intemporelles et des plus ingénieuses. Vous pouvez d’ailleurs vous faire bercer par les airs romantiques de Badalamenti et la voix feutrée de la chanteuse Julee Cruise, sur ce site : http://welcometotwinpeaks.com/music/twin-peaks-soundtrack/
Difficile de résumer Twin Peaks en 700 mots. Je ne peux énumérer ici toutes les raisons pour lesquelles cette série est si extraordinaire. Si vous ne l’avez jamais vue, faites-vous plaisir en vous initiant à ce monde étrange, unique, irrésistible. Vous rirez (beaucoup, car Twin Peaks comporte de grands moments de comédie), vous pleurerez, vous frissonnerez d’effroi, et vous deviendrez très certainement accros à cette œuvre qui, 25 ans après sa création, demeure unique en son genre.(Le titre de cette chronique est tiré de l’une des citations célèbres de la série.)