Plus jeune, lorsque j’entendais parler des autres de sagesse, je riais sous cape. En tout cas, si sagesse il y avait, elle ne passerait pas par moi. J’avais décidé que la légèreté et l’insouciance seraient pour toujours mes chemins de croix. Et puis, les années passant et sans forcément parler de maturité ou quelconque autre synonyme, j’ai commencé à m’interroger davantage sur ce qui était important et ce qui ne l’était pas, sur ce qui me faisait du bien et ce qui me faisait du mal. La croyance en quelque chose au-dessus de nous s’est aussi posée à un moment donné. Entre un père anticlérical et une mère élevée par des sœurs, je n’ai jamais su véritablement su où me situer. Tout ce que je sais c’est que j’envie les gens qui ont la foi, qui ont quelque chose à laquelle pouvoir se raccrocher quand la vie devient trop dure.
Dès les premières lignes du « Royaume« , toutes ces interrogations sont remontées à la surface. Je me suis sentie fébrile face à la puissance de l’écriture d’Emmanuel Carrère tant est si bien qu’à la fin de la lecture du premier chapitre, j’ai fait une crise d’angoisse.
Les chapitres suivants sont une véritable enquête de l’écrivain. Il tente de comprendre avec nous comment des textes vieux de plus de 2 000 ans peuvent encore autant régir nos vies aujourd’hui, à l’ère du technologique et des progrès scientifiques.
Mis à part ces réflexions que je pourrais qualifier de spirituel, j’ai appris de tas de choses. Notamment une : tout n’a pas d’explication.
« À un moment de ma vie, j’ai été chrétien. Cela a duré trois ans. C’est passé. Affaire classée, alors ? Il faut qu’elle ne le soit pas tout à fait pour que, vingt ans plus tard, j’aie éprouvé le besoin d’y revenir. Ces chemins du Nouveau Testament que j’ai autrefois parcourus en croyant, je les parcours aujourd’hui – en romancier ? en historien ? Disons en enquêteur. »