Ce séjour promettait d’être calme. C’était même l’idée de départ, prendre du recul, faire un pas de côté hors du quotidien. En acceptant l’invitation, je ne courais aucun risque, la sinécure s’annonçait même idéale, un mois dans une région forestière et reculée, un mois dans une ville perdue avec juste ce qu’il faut de monde pour ne pas craindre d’être seul, tout en étant royalement retiré, ça semblait rêvé.
Telle est l’intention de Serge, l’écrivain national, en arrivant dans cette région du Morvan, où l’attendent le maire, un couple de libraires et les lectrices du coin pour y animer des ateliers d’écriture et participer à des rencontres culturelles dont il serait le centre mais … pas une seconde je n’imaginais que le doux séjour puisse virer au cauchemar, pas une seconde je ne pouvais imaginer que tout bascule au point de sombrer dans la folie des pires dérèglements. Oui, sans ce fait-divers à quelques kilomètres de là, tout se serait parfaitement passé.
Il y a de tout dans ce roman qui, de récit pseudo biographique sur la vie un peu morne mais parfois aussi loufoque d’un auteur exhibé partout en vedette locale, vire soudain au polar et devient même très sentimental à partir du moment où l’écrivain voit la photo de Dora sur le journal local. Elle lui plaît immédiatement et avec elle, tout s’embrase. il en oublie sa mission d’auteur et arrive en retard et dans un état désastreux partout où il est attendu ce qui lui vaut peu à peu la méfiance, la réprobation et jusqu’au sarcasme de ses fidèles admirateurs. Il est sans cesse attiré par un coin au plus profond de la forêt ténébreuse où s’est déroulé le drame de la disparition d’un vieil homme riche que l’on soupçonne tué par ses locataires, ses seuls voisins dans cet endroit désert, deux jeunes émigrés de l’est. L’homme sur lequel on a retrouvé l’argent du vieillard est désormais en prison mais l’autre, c’est cette Dora, qui hante les pensées de l’écrivain, malgré les nombreuses mises en garde qui lui sont faites.
Après un départ assez lent, c’est finalement avec un grand appétit de connaître le dénouement que j’ai continué cette lecture dont je garderai sûrement un bon souvenir.
L’écrivain national, Serge Joncour, roman de la rentrée littéraire 2014
Lu aussi les billets de Cuné, Clara, Sandrine (Ys), Eimelle, Yueyin, L’Irrégulière,
Rentrée littéraire 2014 chez Hérisson,