Novembre déjà bien amorcé , entame notre cycle de tables rondes consacrées à la correspondance d'Alexandra David- Néel, aventurière et écrivain, hors pair. Le 19 mars, depuis Bénarès, elle révèle à son mari, quelque 42 ans plus tard, l'impact d'une vision d'horreur et d'une initiative pédagogique de son père, pour le moins contestable
« […] Hier, en écrivant une date, j’ai subitement songé que c’était le 18 mars, l’anniversaire de la Commune, le jour du pèlerinage des fédérés. T’ai-je jamais dit que j’y avais été, au mur des Fédérés, après la fusillade, alors que hâtivement on entassait les cadavres dans les tranchées creusées à cette intention… Une sorte de vague vision me reste de cela. J’avais deux ans à cette époque. Si c’est la première fois que tu entends ce détail, tu me demanderas qui m’avait menée là. C’était mon père qui voulait que, si possible, je gardasse un souvenir impressionnant de la férocité humaine. Ah ! Dieux ! que je l’ai vue à l’œuvre, depuis, la férocité humaine, sous des aspects moins théâtralement tragiques. »
Alexandra David-Néel. Correspondance avec son mari – Edition intégrale 1904-1941, Ed. Plon sept. 2000, 946 pp