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Danse Noire de Nancy Huston (Rentrée Littéraire 2013)

Par Emidreamsup @Emidreamsup

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Voici un ouvrage de la rentrée littéraire 2013 qui avait attisé notre curiosité de cinéphile. L’auteure franco-canadienne, Nancy Huston, retrace dans sa Danse Noire l’histoire de Milo Noirlac, un scénariste se retrouvant sur son lit de mort. Son amant, le cinéaste Paul Schwarz décide de nous conter leur vie passé comme s’il réalisait un film. C’est en suivant le rythme d’une capoeira, danse que Milo a découverte lors de son dernier voyage, envoûtante que le tout prend forme.

 « L’essence même de la capoeira, la malicia permet au capoeiriste de voir les côtés les plus obscurs de l’être humain et de la société sans perdre sa joie de vivre ».

Les histoires de Milo, sa mère et son grand-père se recoupent, se côtoient et transporte le lecteur dans près d’un siècle d’histoire entre l’Irlande, le Canada et les Etats-Unis. Trois récits, trois personnages devant faire face à la dureté du monde qui ne fut pour eux qu’une accumulation de violence, pauvreté, travail, d’incompréhension… Celle-ci est d’ailleurs brillamment mise en exergue par l’un des choix narratifs de la romancière : la moitié du texte est en anglais (les traductions apparaissant en bas de page). Ceci fait écho à la quête d’identité du grand-père partager entre ses origines irlandaises et sa vie au Québec. Si l’alternance entre les deux langues (voir trois puisque le patois québécois est aussi très présent) est une idée brillante au début, elle peut s’avérer un brin fatiguante et risque de décourager plusieurs lecteurs (les non-anglophones essentiellement).

« Absence de peur et de jalousie, ouverture d’esprit, curiosité, indifférence : tous tes traits découlent de l’attitude capoeira, qui était tienne bien avant que tu ne découvres cette danse-lutte brésilienne. »

L’autre forme narrative mise en avant par Huston est la poésie. Elle en parsème son roman, puisque le grand-père de son héros a côtoyé Joyces et Yeats. Le tout donnant un rythme très particulier au récit, surprenant mais virevoltant, un peu comme les mouvements tout en fluidité des capoeiristes.

Si Milo est censé être le héros de ce roman, c’est un héros silencieux. Il ne s’exprime pas, il laisse la parole aux autres. C’est surtout à travers les mots de Paul qu’on apprend à le connaître. Ce-dernier utilise d’ailleurs un langage cinématographique pour le faire. Ce qui peut parfois déranger et donner à ce portrait un aspect un peu froid.

« Caméra subjective » , nous voyons la vie à travers les yeux de la mère de Milo ; ou encore quand Paul se force à se recentrer sur l’histoire principale, pour des questions de budget et éviter de lasser le spectateur avec 7h de film !

C’est donc un texte surprenant que cette Danse Noire qui allie la force des mots et des images que l’on se créé en les lisant. Un film dans un roman qui pourrait peut-être devenir un film un jour… Peu importe, les frontières entre écriture et septième art sont ici abolie pour nous entraîner dans un tourbillon troublant, fascinant et parfois dérangeant.

Danse Noire de Nancy Huston
Ed. Actes Sud / Déjà disponible en librairies

Merci aux éditions Actes Sud pour l’envoi.


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