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Carte blanche à Christian Lacroix au Musée Cognacq-Jay

Par Richard Le Menn

11CourHotelDonon Du 19 novembre au 19 avril 2015 le Musée Cognacq-Jay 0Biscuit fleurette avec la muse du créateur Christian Lacroix, lui donnant carte blanche … une blancheur  remplie 1EndormieASaTableDeToilette de couleurs, mêlant des chefs-d'oeuvre du XVIIIe à des productions moins prestigieuses de ce même siècle et des créations contemporaines !  

Photographies : Tout est un peu mélangé et pris sur le vif ! Pas d'explications pour cette fois !!!

Généralement je n'apprécie pas du tout les mélanges du contemporain et de l'ancien … mais là je fais une exception.

Ceux qui aiment la création et la mode devraient apprécier.

Ceux qui chérissent le XVIIIe aussi, car si pour l'occasion le musée a évacué les meubles de la collection permanente, elle présente de nouvelles œuvres d'époque XVIIIe intéressantes. De plus Christian Lacroix est un entiché de ce siècle … et cela se ressent d'une manière joyeuse. Il s'est amusé. Il transmet à sa manière notre patrimoine commun. Certains trouveront cela kitsch, ce qui est indubitable. Mais le XVIIIe siècle qui ne se refuse rien l'est aussi. On dit autrefois : rococo.

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On est dans le cabinet de curiosités de Christian Lacroix qui jette un œil « d'amateur » comme il le dit sur cette époque ; mais un œil éclairé par le regard
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d'un artiste fasciné par le jeu des couleurs, lumières et reflets ; qui scrute son sujet en des thèmes qui forment autant de tableaux dans lesquels on entre presque à chaque pas. Il dit lui-même aimer dessiner. Son chevalet est l'espace en entier.

Pénétrer dans cette exposition c'est un peu comme ouvrir un coffre au trésor. Tout semble mélangé : de belles pierres précieuses avec de la verroterie. Mais on est content de l'avoir découvert … surtout qu'il y a

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énormément à découvrir … la collection Cognacq Jay étant fabuleuse … et le XVIIIe siècle d'une finesse indescriptible dans ses arts que l'on peut dire (rapidement) entièrement dévoués à la matière façonnée par l'imagination de l'âme créatrice inspirée par les sens : le savoir être, plus que de paraître ; ou pour le dire autrement une apparence qui prend les sens et l'âme, ou plutôt retrouve les sens de l'âme et vis-et-versa.

Les novices en XVIIIe siècle ne feront sans doute pas la différence entre les chefs-d'oeuvre d'époque des Lumières présentés et les 'reconstitutions' ou 'inspirations' … mais leur goût sera formé imperceptiblement et durablement. Par contre il est à souhaiter que ce mélange ne dure que le temps de l'exposition.

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La collection des époux Cognacq-Jay est entièrement d'époque XVIIIe, ce qui en fait tout son charme. Y ajouter des clins d'oeil contemporains serait de mauvais goût. Dans le cadre d'une exposition temporaire sous la férule d'un créateur en accointance avec ce siècle pourquoi pas … mais sinon … ou bien dans un cadre parfaitement délimité.

« Le Musée Cognacq-Jay rassemble les œuvres du XVIIIe siècle acquises entre 1900 et 1927 par Ernest Cognacq, fondateur des Grands magasins de la Samaritaine, et son épouse, Marie-Louise Jaÿ. À sa mort en 1928, Ernest Cognacq lègue ses collections à la Ville de Paris afin de perpétuer une présentation de ses œuvres, évocatrices du siècle des Lumières, au public. Ouvert en 1929 sur

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le boulevard des Capucines, dans un bâtiment jouxtant la Samaritaine de Luxe, le musée a rejoint l’Hôtel Donon [qui date du XVIe siècle !], demeure historique du Marais, en 1990. » En léguant sa collection (la liste est ici) Ernest Cognacq voulait notamment qu'une cohérence soit respectée. C'est une chance de pouvoir ainsi se plonger dans un ensemble d'oeuvres et d'objets d'art tous du XVIIIe siècle.

Ernest Cognacq (1839-1928) et Marie-Louise Jaÿ (1838-1925) ont eu une carrière fulgurante les faisant passer respectivement de commis de magasin et vendeuse, à fondateurs de La Samaritaine. Dans l'article Les petites mains de la mode française 3 : les calicots et les arthurs

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il est question de l’ascension de certains grands noms de la mode ayant commencé au plus bas de l'échelle.

Aujourd'hui ce qui reste de La Samaritaine, un des premiers grands magasins parisiens, est dans un état lamentable. La partie entre les rues de Rivoli, du Pont Neuf et de la Monnaie a été complètement détruite, il y a de cela quelques années, ne conservant que la façade. La section entre la rue de Rivoli et la rue de Baillet a été rasée récemment. Celle donnant sur le Pont Neuf, inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, est laissée à l'abandon depuis 2005. On peut imaginer l'état dans lequel ce bâtiment se trouve, abandonné pendant près de 10 ans sans soins. LVMH à qui appartient ce site, qui est sensé être un groupe 'français' d'entreprises du luxe s’appuyant sur l'héritage hexagonal et en particulier parisien de la mode, veut détruire ce qui reste de La Samaritaine pour créer un bâtiment en verre très loin d'être original. Il est étonnant de constater comment sur le site internet du projet le mot 'destruction' est remplacé par celui de 'rénovation' !

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Finissons par une note de gaieté et d'espoir dans l'avenir remplie de couleurs tendres (au XVIIIe siècle on désigne par 'couleurs tendres' des tons impétueux et délicats, riches et doux, vifs et profonds).
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